Comme beaucoup sans doute, à l’occasion du battage fait autour de la saison 7, j’ai franchi le pas et enfin découvert la série « mad men ». Jusqu’alors, la faute à un pitch défaillant, je m’étais imaginé une sorte de défilé de mode à dominante masculine, rythmant la vie d’une agence de publicité dans le New-York des années 50. Pas suffisant pour se lancer dans le voyage du visionnage au long cours de l’intégrale d’une série comportant déjà près de 80 épisodes.
Mais, de loin en loin, revenait de façon obsédante cette image d’un homme ultra stylé, au visage sombre et le regard brouillé, Don Draper. Quelque chose du de Niro période 1900 avec un soupçon de Rock Hudson pour le visage légèrement amolli et de Burt Lancaster pour la carrure et la prestance. Bref, un bel homme, coiffé et habillé comme on ne l’a jamais été, incarnation de la réussite professionnelle et personnelle.
Deux saisons plus tard, et sans présumer de ce que je vais découvrir dans les quatre suivantes, la figure de mode s’est déjà fêlée et la caricature a cédé le pas à un personnage parmi les plus fascinants que nous ait donné le monde des séries, à l’égal d’un Tony Soprano. En commun avec lui ce statut de mâle dominant qui, bien que cultivé et entretenu, va être mis à mal de multiples façons. Mais, à la différence de TS, Don Draper est aussi l’homme de son passé et d’une identité usurpée qui le tourmente et semble menacer de l’asphyxier. Et par là, animé par des doutes dont on ne sait s’il veut les vaincre ou les subir.
Et c’est ainsi que, dans la France des années 2010, des individus, dont je suis, plongent avec délectation dans l’atmosphère saturée d’alcool et de fumées de cigarettes de l’Amérique pré-sixties et trouvent en Don Draper une figure antihéroïque qui leur va bien, à laquelle il serait même tentant de s’identifier. A la fois libre et dépendant, sentimentalement épris mais toujours proche du renoncement, capable de se perdre et d’avancer en même temps. Suffisamment fort pour porter ses faiblesses et assumer ses paradoxes.
A voir ce qu’il en sera dans les saisons suivantes, l’occasion peut-être d’un autre billet…