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Billet de blog 15 mai 2014

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Conseils Généraux : ça sent le bouc (émissaire)!

Drôle de fumet, en effet, qu’exhalent les cuisines de l’Elysée et de Matignon. Notre Président, en l’absence d’inversion de courbe et dans l’attente d’un hypothétique renversement de tendance, aurait enfin trouvé son cheval de bataille pré/post électoral : le mille-feuilles territorial.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Drôle de fumet, en effet, qu’exhalent les cuisines de l’Elysée et de Matignon. Notre Président, en l’absence d’inversion de courbe et dans l’attente d’un hypothétique renversement de tendance, aurait enfin trouvé son cheval de bataille pré/post électoral : le mille-feuilles territorial.Malgré les flottements européens, les régions restent tendance, on les conserverait mais en version macro, histoire de faire le poids face à leurs homologues allemandes ou espagnoles. Idem pour les intercommunalités. Par contre, les Départements sont définitivement « out », méconnus des citoyens, échelon inutile, ne servant à rien ou si peu, du moins si on en croit les experts qui se succèdent dans les médias ces derniers temps.

Ainsi donc, ces milliers de conseillers généraux ne seraient que des élus fantoches, se retrouvant de temps à autre dans d’ectoplasmiques assemblées départementales pour délibérer sur du néant ? Et des centaines de milliers de fonctionnaires territoriaux,  abusés par ces décisions qui n’en sont pas, s’escrimeraient à remplir ce vide ?

 Je suis l’un d’entre eux et, en ce jour de manifestation, plus que le gel du point d’indice, c’est ce déni qui me heurte dans sa démagogie absurde. Les rares qui se risquent à rappeler ce que sont les acquis concrets de la décentralisation depuis trente ans sont inaudibles tant sont complexes les enjeux et, il faut l’admettre, difficilement lisibles ce qui relèvent de l’action de chaque niveau de collectivité. Je suis affligé du nombre de lieux communs vendus comme des évidences par les partisans de la suppression des départements, sans autres contre argumentations.

Est-ce si compliqué de rappeler que si les dépenses des conseils généraux sont aussi importantes, c’est que l’Etat, par blocs entiers, leur a transféré de manière définitive des compétences régaliennes, au premier rang desquelles  l’aide sociale qui souvent représente plus de la moitié des budgets départementaux ? Que  ces transferts ont été l’occasion d’améliorer la prise en charge des usagers et par là-même promouvoir un nouveau modèle de service public de proximité, en lien avec les communes ? Idem pour les routes, idem pour les collèges, ceux-ci dans un état pathétique lors de leur transfert à la fin des années 80 et qui ont été depuis restructurés voire reconstruits, sans parler des places nouvelles créées aux forceps financiers par les Conseils Généraux faute de subventions à la hauteur des enjeux (encore en cette rentrée, 5 nouveaux collèges sortent de terre pourla seule Seine-Saint-Denis).

 Est-ce si difficile de dire qu’il est imbécile d’amalgamer les  financements croisés à des doublons stériles alors qu’ils  symbolisent la part prise par chacun dans un projet commun qui, soutenu par un seul, n’aurait pas existé ? De revendiquer que les compétences facultatives sont souvent « politiquement obligatoires » comme l’a affirmé le Conseil Général de l’Essonne à l’occasion du vote de sa nouvelle politique culturelle ?

 Alors oui, les départements souffrent d’un déficit de notoriété mais de grâce, n’en faisons pas des victimes sacrifiées sur l’autel d’une pseudo rationalisation dont on s’apercevra vite des effets délétères sur le lien social et la dynamique des territoires.

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