Je suis plutôt du matin et ma scoliose me fait préférer la station couchée, c’est dire si je goûte peu le ministère de la parole libérée qu’est devenu Nuit Debout. Mais, à tout prendre, je préfère de loin les vaticinations de ses participants à ces vagues successives de com présidentielle qui nous ravagent le cerveau à grandes rasades d’autosatifescit indécents.
Comment peut-on se gargariser d’avoir réussi à faire de la production d’armes (les sous-marins dont on nous parle ne sont pas d’inoffensifs jouets en plastique qu’on fait flotter dans sa baignoire) une machine à cash, et dans le même temps se sentir autorisé à sermonner Sissi sur ses manquements aux droits de l’homme ?
De quelle euphorie procède cet emballement médiatique autour de la baisse d’une des catégories de chômeurs alors que par effet de vase communiquant, les autres sont au mieux stables ou progressent encore ?
J’essaie de me dire qu’il faut se résigner à n’être plus que cela, un peuple bavard, heureux de produire et commercialiser des objets de mort, réjoui de laisser sur le bord de la route un tout petit peu moins d’entre les siens, confit dans la soumission aux dictats du libéralisme économique et de la démocratie accommodée au gré des états d’urgence. J’ai du mal à me faire à l’idée mais rien ne me laisse espérer autre chose, Nuit Debout ou pas.