S’il est une chose qui agace chez ce président, c’est cette volonté de se confire dans des certitudes quitte à nier les évidences ou à jouer du contrepied pour le simple plaisir de la contradiction. Plus le temps passe, plus apparaît ce qui semble lui être une seconde nature, si ce n’est sa première, faite d’un mélange douteux de fanfaronnade, d’autosatisfaction et de poussage des épaules confinant parfois au prurit viriliste, dessinant peu à peu la silhouette d’un « jeune vieux » cherchant la lumière d’un air du temps perpétuellement changeant. Comme s’il se complaisait à n’être, pour le dire dans la novlangue qu’en tant qu’énarque il chérit, un irritant permanent, poil à gratter d’une société française qu’il faudrait passer son temps à ébouriffer.
A ce jeu, il faut avouer qu’il y réussit plutôt bien, abandonnant au fil de ses interventions publiques ses derniers lambeaux de surmoi. Certains y voient une stratégie finement calculée pour coller au mieux à ce qu’attendrait une sorte d’inconscient collectif/d’opinion dominante en voie de bascule vers le politiquement réactionnaire.
Mais est-ce si absurde de penser qu’en s’exprimant tel qu’il a pu le faire récemment sur la loi immigration ou sur Depardieu, il s’adonne avec jubilation au plaisir régressif de la provocation, comme le font les petits enfants quand ils cèdent avec délice au registre scatologique et éclatent de rire à l’émoi suscité chez leurs parents? Son langage corporel même encourage ce type d’interprétation, en multipliant par exemple des expressions et des gestes d’impatience dont on imagine sans difficulté qu’ils pourraient finir en grimace ou en trépignation si le caprice n’était pas satisfait.
Et ainsi s’expose à notre regard inquiet une figure hybride où se superpose à la figure du chef de l’état celle de l’enfant capricieux en quête d’une attention jamais suffisante, dont on ne sait trop quoi faire.