Dominique BOURZEIX
Abonné·e de Mediapart

46 Billets

0 Édition

Billet de blog 28 août 2018

Dominique BOURZEIX
Abonné·e de Mediapart

Des profs d’éducation artistique et culturelle ?

Plus que jamais, l'EAC a le vent en poupe et travaille la psyché des responsables politiques et éducatifs. Au-delà des mantras habituels sur la mise en relation des élèves avec l’art et la culture de la maternelle à l’université, la question lancinante reste la même : comment ancrer, au cœur de l’institution, un mode opératoire viable et en assurer sa pérennité ?

Dominique BOURZEIX
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tous les observateurs en conviennent, la présence de l’EAC dans les établissements scolaires reste soumise à des volontés très aléatoires qui, selon les circonstances, peuvent tout aussi bien s’annihiler que se compléter. Ainsi en a-t-il été récemment avec la valse-hésitation autour des rythmes scolaires en primaire. Leur aménagement devait permettre une pratique plus assidue d’activités culturelles, sa remise en question a brouillé les esprits et parasité un message simplissime : On apprend mieux lorsque les journées de cours sont moins longues et que leur succèdent des temps d’ouverture sur diverses formes d’expression. La conséquence en étant un rendez-vous manqué avec les politiques éducatives et culturelles des communes, celles peu enclines à s’investir en ce domaine trouvant là un prétexte en or pour faire machine arrière. Alors même  que, pour les collectivités locales dans leur ensemble, l’étau budgétaire se resserre et les fait s’interroger sur le maintien de ces dépenses dites « non-obligatoires ».

 Dès lors, quelles pistes explorées pour sortir l’EAC de l’ornière conjoncturelle ?

 Racontons-nous une belle histoire : Il y a longtemps, un ministre de l’Agriculture, considérant que le développement rural passait aussi par le développement culturel (et aussi, soyons honnête, pour faire la nique au ministre de la Culture de l’époque), décida que l’éducation socio-culturelle devait trouver sa place au sein des lycées agricoles, alors en plein développement. Les locaux furent adapter en conséquence, les programmes aussi et, chose inouïe, un corps de professeurs fut créer à cette seule fin (cf la  circulaire du  21 mars 2006, disponible sur le net). C’est ainsi que, depuis 1965 et grâce à Edgar Pisani, plusieurs centaines d’enseignants consacrent l’intégralité de leur temps à concevoir ou accompagner des projets artistiques et culturels, éducation à l’image et aux médias incluse, cela  à raison d’une heure et demie de cours  par classe et par semaine.

 Les candides s’étonneront que cette initiative, au succès jamais démenti depuis plus de 50 ans, n’ait pas été reprise par l’Éducation Nationale, les pragmatiques invoqueront des échelles sans commune mesure, les cyniques rappelleront les querelles entre chapelles éducatives…

 Mais l’exemple est là et il n’est jamais trop tard pour s’en inspirer. Pour ce qui est de l’échelle, pourquoi ne pas tenter l’expérience en commençant par les réseaux d’éducation prioritaire « plus » (REP +), au nombre de 365 soit 8 % des écoliers et collégiens et profiter des dynamiques déjà à l’œuvre sur ces territoires ?  Pour les financements, si l’Éducation Nationale faisait le premier pas, ce serait peut-être l’occasion de promouvoir une forme concrète de coéducation en envisageant un financement à parité de ces postes entre l’Etat et les Communes ou les Départements volontaires, quitte à valoriser cette démarche dans le calcul des dotations du premier envers les seconds ?

 Sachant que la même logique expérimentale pourrait s’appliquer à l’enseignement professionnel, en associant cette fois l’Etat et les régions.

 Au moment où est recherchée une ouverture toujours plus grande de l’école sur la société, et où la quête de sens concerne toutes les générations, il serait bien que l’État fasse preuve d’esprit de conséquence. Avoir inscrit l’EAC dans le socle commun des connaissances, et promulgué une charte pour l’inscrire dans une logique de parcours, est une chose. Se donner les moyens humains de la faire exister, au-delà des cours de musique et de dessin, en est une autre. Y dédier des enseignants spécialisés constitue une partie de la réponse.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte