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Billet de blog 28 octobre 2014

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Dolan is Dolan (un soleil dans le bleu du ciel)

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La furie médiatique est passée, le beau gosse a fait son show, entre convenu (beaucoup) et imprévisible (dans sa manière de retourner leurs questions à ses interviewers).  Et il s’en est fallu de peu que le charme se rompe.  Mais Anne  Dorval et son énorme capital sympathie aidant, le choix entre bouderie pour le principe ( « le pauvre garçon est fichu, il est passé du côté obscur de la com, je ne cautionnerai pas ça ») et curiosité à rassasier n’a pas été long à faire.

« Mommy », donc. Le buzz de Cannes, Le grand prix aux côtés de Godard, nié comme influence (faux pour « les amours imaginaires » mais vrai pour celui là, on y reviendra), le discours attendu et il faut bien le dire un peu incontinent du génie post-ado. En résumé: on n’est pas raisonnable quand on a 25 ans, dont acte. 

Mommy ou comment ne rien céder à l’extravagance et au baroque des films précédents, en taillant son style comme on taille sa route. Oui, on retrouve ces personnages excessifs qui vont de déboires en déjantes sans jamais rien lâcher, qui se marginalisent sans jamais autoriser quiconque à les exclure du jeu, imposant leur présence avec laquelle il faut faire avec.

 Oui, Dolan sursigne sa mise en scène comme jamais, usant du ralenti comme il respire et du flou à n’en plus finir. Oui, le mélodrame se déploie et envahit la moindre parcelle du film. Mais… 

Mais rien ne larmoie, tout flamboie dans une mise à distance du pathos et dans des éclats carnassiers, de rire ou de rage. Qu’ils aient 17 ans ou 47 ans, fils et mère irradient la même jeunesse, irréductible, et la partage avec la voisine tout aussi border line, qui bégaie sa vie comme ses mots. 

Rien de Godard cette fois-ci, mais Carax ou Fassbinder eux ne sont jamais loin, pour la capacité à solliciter un tube et en faire une séquence d’anthologie ou pour se frotter à la marge sans sombrer dans une esthétique freaks. Et aussi Gus Van Zant, dans la manière d'accompagner le mouvement (d'un personnage) par le mouvement (de la caméra).

Ainsi va Dolan, nous chopant à l’émotion là on se croyait en recul, avec cet art propre au grand cinéaste d’emporter définitivement la mise en une fois, une seule: dans Mommy, c’est ce moment où la mère se fait au sens propre son cinéma  et se projette en accéléré la vie du fils une fois remis sur les rails, brillamment diplômé, succès professionnel, mari et père attentionné, avec ce qu’il faut d’irréalité pour qu’on devine que le rêve va se briser là mais suffisamment de conviction pour qu’on y croit quand même, presque jusqu’au bout (quelque chose d’un peu semblable au dernier épisode de « six feet under »). 

A suivre, to be continuing,  comment dit-on en joual ?

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