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Billet de blog 28 novembre 2014

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Pour Exhibit B au TGP: Ne rien céder à la force et à l'intolérance

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Ce jeudi soir, à Saint-Denis, un diktat comme il y en a mille sur les réseaux sociaux s’est transformé en une tentative de censure brutale et aveugle. Sous les yeux incrédules de quelques uns dont j’étais, un théâtre a été transformé en citadelle assiégée au prétexte de s’opposer à la première d’une pièce-performance dénommée Exhibit B ( pour  en savoir plus sur la création elle-même, voir ici: http://www.theatregerardphilipe.com/cdn/exhibit-b ) taxée de racisme anti-noirs, d’apologie des zoos humains, d’illégitimité et autres incriminations fallacieuses. Je ne reviendrai pas sur la qualité du projet et l’intégrité de son auteur, elles se défendent seules. 

Ce qui m’a profondément choqué, c’est la violence que j’ai vue se déchainer pour imposer une vision obtuse de ce qu’est la condition humaine, décidant de qui est autorisé à porter regard sur qui et, en l’occurence, déniant à un metteur en scène blanc le droit de diriger des acteurs noirs et de parler de la condition faite aux noirs à travers les âges. Tels étaient, parmi d’autres, les slogans scandés par la centaine de manifestants réunie devant le Théâtre Gérard Philipe. Avec une seule finalité: demander l’annulation du spectacle sans autre forme de procès, si ce n’est d’intention. Au départ débonnaire, la petite foule s’est soudain déchainée, renversant les barrières protégeant l’esplanade du théâtre et cognant de plus en plus en plus fort sur les vitres du hall jusqu’à en briser deux et créer ainsi une brèche par laquelle s'est engouffrée une poignée d’hommes surexcités et prêts à en découdre avec dieu sait qui. S’en est suivie une grande confusion avec une intervention musclée de la police sans que pour autant la tension retombe.

Malgré cela, deux groupes de spectateurs ont pu assister à la représentation et, symbole pour symbole, celui-ci était fort et vaut comme preuve de la détermination du nouveau directeur, Jean Bellorini, et de la jeune et dynamique équipe qui l’entoure, à faire front et ne céder sur rien. Il est arrivé il y a moins d’un an avec un projet ambitieux et généreux d’ouverture à tous les publics et rien n’est moins légitime que de venir ainsi, dans cet environnement déjà si fragile, porter la haine et l’aveuglement au risque de tout détruire. 

J’ai rédigé à la hâte ces quelques mots car ce à quoi j’ai assisté hier soir, bien au delà de la tristesse, m’accable par trop d’intolérance, de refus de tout dialogue et surtout par ce déni de ce qu’est la création artistique, de son droit à l’audace et à la transgression, sa capacité d’interpellation, son irréductible insoumission aux injonctions d’où qu’elles viennent.

Parce que, malgré tout, nous sommes encore nombreux  à croire encore en tout cela, j’appelle ceux et celles qui ne se résignent pas à apporter leur soutien au TGP ( et au 104 qui reprendra le spectacle en décembre) en ces jours difficiles.

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