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Billet de blog 4 septembre 2011

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Marche vers Bruxelles - La Françafrique vue par un "indigné" 01/09

Nous avons été rejoints par un camarade du Maroc. Il me parle des relations françaises avec l'Afrique. J'ai déjà entendu parler de tout ça, mais c'est bien de l'entendre confirmer par quelqu'un sachant de quoi il parle.Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

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Nous avons été rejoints par un camarade du Maroc. Il me parle des relations françaises avec l'Afrique. J'ai déjà entendu parler de tout ça, mais c'est bien de l'entendre confirmer par quelqu'un sachant de quoi il parle.

Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

In March on Brussels on 1 September 2011 at 23:17

Lizant, le 1 er Septembre

38 eme jour de la marche vers Bruxelles, 27 km depuis Mansle.

Chers tous,

La Charente est une des régions les plus pauvres de France. Et les autochtones qui viennent nous parler y ajoutent le cadeau d'une grande bonne volonté. Ils ouvrent leurs portes aux gens qui ont besoin d'une douche, ils nous apportent à manger, ils nous encouragent à continuer. Après les regards fuyants et méfiants que nous avons subis dans le sud, on dirait que notre marche commence à porter.

Au fond, il est logique que ça se passe comme ça. Nous sommes des gens pacifiques qui marchent pour une cause humaine, et ça, les gens du coin l'apprécient. Et c'est valable aussi pour la police. Depuis Bayonne, nous n'avons pas eu de vrai problème avec. Quand nous sommes arrivés à Angoulême, la police nous a dit qu'à ses yeux ce n'était pas un problème que nous campions au centre-ville. Plus tard, un conseiller municipal est venu nous voir, disant que c'était hors de question. Nous avons campé quand même et la police a refusé d'intervenir.

Aujourd'hui nous sommes à nouveau arrivés dans un village enchanteur. Le maire nous a reçus avec intérêt, et des mots bienveillants. Je commence à aimer ces endroits. Beaucoup des vieilles maisons entourant la minuscule église et le bar local sont à vendre, d'autres sont des biens familiaux de gens qui depuis longtemps ont migré vers les villes. Heureusement, il y a toujours des habitants qui résistent. Ils sont l'âme du pays, héritiers de la France de jadis.

La marche vers Lizant fut agréable, même si interrompue plus d'une fois par la pluie. Nous avons été rejoints par un camarade du Maroc. Il me parle des relations françaises avec l'Afrique. J'ai déjà entendu parler de tout ça, mais c'est bien de l'entendre confirmer par quelqu'un sachant de quoi il parle.

La France entretient une relation très étroite avec ses anciennes colonies en Afrique. Cette relation est si étroite que le mot « anciennes » est déplacé. La Françafrique, formée de la plupart des pays africains de l'ouest et du centre, est toujours aussi colonisée maintenant qu'elle l'était voici un demi-siècle.

Les Français peuvent faire ou défaiire des gouvernements en Afrique. Ils ont toujours des troupes partout sur le continent pour imposer les décisions prises à Paris. Les entreprises françaises contrôlent les ressources en énergie, ainsi que l'eau et le tourisme, et font d'énormes profits avec le commerce des armes. Ils achètent d'immenses territoires, que de petits fermiers utilisaient pour cultiver du riz ou des cultures vivrières de base, et y implantent des cultures de luxe comme des fruits exotiques ou du cacao pour le marché européen. C'est exactement ce que faisaient les Néerlandais dans les Indes Orientales. Les fermiers de Java crevaient de faim pour que la bourgeoisie d'Europe puisse boire du café.

L'Afrique est le continent le plus riche de la Terre, mais ses habitants dépendent pour leur survie de l'importation de céréales d'Europe ou des USA lourdement subventionnées. Priver un pays de sa capacité à nourrir ses propres citoyen est la façon la plus vicieuse de le réduire en esclavage.

L'impérialisme s'est très souvent transformé au cours des siècles, mais est toujours présent dans une société basée sur la compétition plutôt que la coopération. Le profit y est la ligne directrice. Dans ce grand jeu, le but principal des gouvernements nationaux est de créer le climat le plus favorable possible à leurs propres affaires, pour se remplir les poches. Et la plus grande partie de l'Afrique est toujours considérée un domaine français.

A la conférence de Berlin sur l'Afrique en 1884, les pouvoirs Européens se sont partagés l'Afrique, et n'y ont jamais renoncé. Ce n'est que récemment qu'ils ont étés concurrencés par un autre pouvoir qui sort le grand jeu et gagne vite. La Chine.

Dans un monde globalisé, la révolution ne peut être que globale. L'autonomie alimentaire à l'échelle la plus locale est le but minimum à atteindre. Sans cela, il n'y a aucun moyen de faire fonctionner une vraie démocratie.

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Retrouvez l'original de ce texte (en anglais) sur le blog "Spanish revolution"

Il y a des passages de ce billet avec lesquels je ne suis pas entièrement d'accr mais je le commenterai plus tard.

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