Cette fois, il n'y a pas d'alternative praticable aux petites routes, nous marchons droit vers Poitiers. Je marche aux côtés du camarade Abdullah, le vieil homme au visage ridé et aux longs cheveux blancs. Il s'est nommé lui-même « Commission d'analyse »
Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)
Poitiers, 4 Septembre 41 eme jour de la Marche vers Bruxelles. 34 km depuis La Ferrière-Airoux.
Chers tous
Cette fois, il n'y a pas d'alternative praticable aux petites routes, nous marchons droit vers Poitiers. Je marche aux côtés du camarade Abdullah, le vieil homme au visage ridé et aux longs cheveux blancs. Il s'est nommé lui-même « Commission d'analyse »
« On va à Poitiers », dit-il, « Et c'est le moment où on ne fera plus demi-tour. »
Je lui jette un regard de côté, et je commence à soupçonner qu'il ment sur son âge.
A Poitiers, au huitième siècle, l'avancée musulmane fut stoppée par une armée chrétienne commandée par Charles « Martel » (marteau). Abdullah soupire: « Les intellectuels arabes étaient très déçus que la civilisation n'ait pas avancé plus loin. »
Il parle d'expérience, je le sais. Alors, je demande: « Civilisation? »
Il commence à parler de Moïse comme s'ils avaient été frères d'armes. « Moïse, pour les Juifs, siginifiait liberté. Jésus a apporté le message d'amour fraternel, et Mahommet a donné aux gens une structure sociale. Enlevons la religion, et ce qui reste, c'est la structure sociale. »
Les prêtres catholiques prêchaient le royaume du Paradis futur, et ce faisant justifiaient plus ou moins la misère sur Terre. La société européenne de l'époque était basée sur l'exploitation des paysans par les nobles guerriers.
La société musulmane était basée sur les familles et les clans, explique Abdullah. L'argent était un moyen et non une fin. Exiger des intérêts de prêts était interdit et le prix du pain était régulé. C'était une obligation sacrée de chaque musulman d'ouvrir sa porte aux gens dans le besoin, et de les nourrir. Les riches n'étaient pas seulement célébrés pour leur réussite, mais également jugés sur leurs dons charitables. Si ils ne le faisaient pas, ils étaient considérés comme des proscrits sociaux, aussi riches soient-ils.
La terre était partagée entre grande propriétés et petites fermes. Un fermier sans terre pouvait offrir son travail à un propriétaire et élever une vache ou une chèvre. Le lait et la progéniture seraient partagés équitablement. Après des années un valet de ferme pouvait avoir son troupeau privé et s'installer sur un bout de terre à lui.
Le plus remarquable, c'est qu' alors que l'Europe était plongée dans la plus sombre de sa période obscure, la société musulmane stimulait la recherche et le raisonnement. Ils lisaient Aristote pendant que les Européens se vantaient de leur ignorance comme s'il s'agissait d'une vertu.
Juste aux abords de Poitiers nous sommes accueillis par un groupe local d'Indignés. Ils nous indiquent la route de la forêt qui nous conduira à la vieille ville le long de la rivière.
J'aime la ville dès l'arrivée. C'est comme un gros gros village. Les maisons ont un authentique aspect ancien, pas seulement d'ancien rénové. Les rues médiévales vous invitent à vous perdre profondément dans les entrailles de la cité.
Quand nous débouchons sur un grand espace, nous nous trouvons près de Notre Dame du Marché. Il y a de petits groupes d'aurochtones observant notre tribu voyageuse, et attendant l'assemblée. Ils sont vraiment accueillants. Ils viennent nous offrir des sacs remplis de nourriture et de café pour la cuisine.
Comme je me prepare à chercher une connexion internet afin d'envoyer mes communications quotidiennes , le camarde Roberto s'approche pour me parler sur un ton de conspirateur. « As-tu entendu parler de l'histoire des douches? »
Non, je ne sais rien, alors il explique. Tout est déjà arrangé. En mission secrète, le camarade Roberto est parti la veille en éclaireur , a prétendu être un pèlerin, et a obtenu l'accès au monastère local. Aujourd'hui, il a organisé des expéditions de cinq personnes, aller et retour, pour prendre une douche. « Il y a un risque, dit-il, reste calme et suis-moi. »
Et, à la faveur de l'obscurité, nous voilà partis pour la prise du monastère de Poitiers..
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L'original en anglais sur le blog "Spanish revolution"
(Merci à Dilou pour l'aide à la traduction de la dernière phrase)