Dominique C (avatar)

Dominique C

J'étais enseignante en milieu rural. Maintenant j'agis dans le domaine associatif...

Abonné·e de Mediapart

225 Billets

9 Éditions

Billet de blog 9 septembre 2011

Dominique C (avatar)

Dominique C

J'étais enseignante en milieu rural. Maintenant j'agis dans le domaine associatif...

Abonné·e de Mediapart

Marche des indignés - Seul sur les routes désertes 03/09

Je suis assis contre la porte de bois brut d'une petite église, où on peut s'abriter de la pluie. D'ici, je peux voir presque chaque maison du village. A l'une des fenêtres je remarque quelqu'un qui épie derrière ses rideaux. Une porte s'ouvre, un vieil homme s'avance à l'extérieur.Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

Dominique C (avatar)

Dominique C

J'étais enseignante en milieu rural. Maintenant j'agis dans le domaine associatif...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis assis contre la porte de bois brut d'une petite église, où on peut s'abriter de la pluie. D'ici, je peux voir presque chaque maison du village. A l'une des fenêtres je remarque quelqu'un qui épie derrière ses rideaux. Une porte s'ouvre, un vieil homme s'avance à l'extérieur.

Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

La Ferrière-Airoux, 3 septembre 40 ème jour de la marche vers Bruxelles, 32 km depuis Lizant

Je suis assis contre la porte de bois brut d'une petite église, où on peut s'abriter de la pluie. D'ici, je peŭ voir presque chaque maison du village. A l'une des fenêtres je remarque quelqu'un épier de derrière ses rideaux. Une porte s'ouvre, un vieil homme s'avance à l'extérieur. De dessous ses sourcils blanchis, il jette un coup d'oeil lugubre dans ma direction en avançant vers l'église avec sa canne. Lentement, il fouille sa poche intérieure, en extrait une grosse clef de fer. Je m'écarte. Le vieil homme insère la clé et essaye de la faire tourner. Après cela, il grommelle, fait demi-tour, et sans me jeter un regard, il s'éloigne en traînant les pieds. C'était le curé du coin qui voulait s'assurer que la porte de dieu était convenablement fermée.

Chers tous,

Hier la lumière du jour a rendu la raison à notre petit village, et la tombée de la nuit a apporté la musique. Il y avait une bonne vibration qui survenait. On peut le sentir quand les gens commencent à se rejoindre dans une jam session, tapant sur des poëles, des pots, des canettes vides et des tambours.

Les nuages aussi étaient repartis, et il n'y avait pas de lumière sur le terrain de camping. Quand on est étendu dans l'herbe et qu'on regarde en l'air, on peut voir un paysage stupéfiant en 11 dimensions. Et on n'a pas besoin de lunette pour ça. Les étoiles. Elles sont si brillantes ici dans la campagne. Et on ne voit pas seulement les étoiles, on peut voir aussi le brouillard scintillant de la galaxie, le firmament d'un bout à l'autre de l'horizon.

Nous avons quitté Lizant avec un bon feeling aujourd'hui. Les choses ont été réglées dans des assemblées marathon pendant notre journée « sans », et scellés par des embrassades. De nouveau nous marchons en groupe. Tout le monde sauf moi. Je marche seul.

Ma seule raiison, c'était la route. la route officielle telle qu'elle est publiée chaque matin sur la table du petit déjeuner était plus de vingt-cinq kilomètres tout droit sur la grand route. J'ai pris une photo de la carte, et j'ai décidé de suivre les petites routes blanches à travers la région.

Marcher seul donne une excellente occasion de penser. Alors, j'essaie de saisir une image de notre mouvement et des possibilités futures, et je réalise que ce que je fais est aussi un bout de cette révolution.. Moi, en tant que simple citoyen, j'ai la possibilité de vous permettre – à vous, mes fidèles lecteurs éparpillés partour sur le globe - de participer un peu à cette aventure, jour après jour, en mots et en images, sans dépendre de qui que ce soit d'autre. ceci n'aurait pas été possible il y a vingt ans.

Grâce à l'internet, notre mouvement a un énorme potentiel en matière de communication. Pour le moment, nous en faisons seulement un usage très limité. La marche a démarré sans avoir une véritable organisation propre. La commission audiovisuelle de Madrid a envoyé un camarade, mais il n'avait même pas de caméra. Et maintenant, nous avons des gens qui filment, en particulier les Français, mais nous n'avons presque pas de diffusion en temps réel.

Avec un minimum de moyens techniques et quelques personnes dévouées et compétentes, on pourrait faire de la télé. On pourrait produire un résumé de dix minutes, chaque soir à une heure prélablement fixée, avec des montages rapides. On pourrait apporter de la vie aux assemblées ou aux actions. On pourrait émettre des programmes thématiques pendant la journée, et repasser en boucle les nouvelles pendant la nuit.

Je dis ça parce que la marche vers Bruxelles ne sera pas la dernière de nos marches populaires. Presque tout le monde chuchote à propos d'une éventuelle marche vers Athènes.

En seulement quelques mois, notre mouvement a fait mûrir une initiative après l'autre. On a à peine eu l'occsion de réfléchir sur ce qui était accompli et sur ce qui restait à faire. J'espère qu'après la manifestation de Bruxelles, nous prendrons un peu de temps pour nous organiser. Ce serait un moyen pertinent de faire honneur au slogan de a marche: « Nous allons lentement, parce que nous allons loin . »

____________________________________

L'original de de billet, avec des photos, se trouve sur le blog "Spanish revolution"

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.