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Billet de blog 9 septembre 2011

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Marche des Indignés - Zone-frontière (06/09)

J'imagine les gens de cette ville assistant à une comédie par une nuit d'été. Ils faisaient partie d'un empire dont la culture couvrait presque tout le monde connu. Ils n'auraient jamais imaginé qu'un empire si puissant puisse tomber un jour, et devenir ceci. Des décombres sur une colline.Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

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J'imagine les gens de cette ville assistant à une comédie par une nuit d'été. Ils faisaient partie d'un empire dont la culture couvrait presque tout le monde connu. Ils n'auraient jamais imaginé qu'un empire si puissant puisse tomber un jour, et devenir ceci. Des décombres sur une colline.

Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

Les Ormes, 6 septembre, 43 éme jour de la marche vers Bruxelles, 28 km de Naintré

Chers tous,

En entrant dans le village Les Ormes, on vit presque une expérience de la Conquête de l'Ouest... Une ville fantôme, abandonnée du jour au lendemain quand la ruée vers l'or s'est achevée. A un moiment donné, le héros arrive. C'est un pauvre cow-boy solitaire.

Contrairement aux villages frontière, qui étaient bâtis aussi vite qu'ils étaient abondonnés, les villages de la campagne française ont eu une histoire séculaire, suivie de longues décennies de déclin.

Ce qui reste est proche de l'image du vieil Ouest que nous connaissons tous par les film, si ce n'est qu'il y a des pierres au lieu de planches. Notre caravane itinérante prend le contrôle du lieu sans aucune résistance, et le drapeau-pirate est hissé sur la place du village.

Nos problèmes logistiques ont été provisoirement résolus. Deux généreux habitants du village ont offert de nous aider à transporter la cuisine et les sacs jusqu'aux Ormes à l'aide de leurs breaks.

Pendant ce temps, en prenant mon petit-dèj, tout en examinant la carte, j'ai décidé de faire un petit crochet touristique sur l'autre rive, au site Gallo-Romain de l'ancienne ville de Poitiers.

Il ne reste presque plus rien de visible, mis à part ce qui semble être une ancienne porte de la ville. Le reste n'est que décombres, et un ancien théatre romain enseveli sur le flanc d'une colline. J'arrive là avec le camarade Panna, le cow-boy des Asturies. Le site est clôturé..Une pancarte indique qu'il faut payer quelques euros pour pénétrer. Il n'y a personne ici, et heureusement les autorités n'ont pas verrouillé la porte, donc nous entrons.

Sur le haut de la colline, nous nous asseyons. Je suis content.. Je me sens chez moi parmi les ruines des anciens empires. Cela me donne un sentiment de « Tu es poussière et retourneras à la poussière ». J'imagine les gens de cette ville assistant à une comédie par une nuit d'été. Ils faisaient partie d'un empire dont la culture couvrait presque tout le monde connu. Ils n'auraient jamais imaginé qu'un empire si puissant puisse tomber un jour, et devenir ceci. Des décombres sur une colline.

Même quand les Romains étaient en plein déclin, les gens ne s'en rendaient pas compte. Ce n'est que la sagesse rétrospective qui nous permette de voir clairement le cycle de vie d'une civilisation.

Et le puissant empire global actuel, basé sur la transformation des ressources naturelles en ordures via la consommation, chutera. Il devrait tomber tout seul, même si personne nese rebellait contre lui. Et ça ne prendrait paps un siècle pour que nos maisons, nos palais et nos gratte-ciel soient réduits en miettes. A première vue, rien ne resterait qu'une planète vierge.

En plongeant mon regard sur ces frêles restes d'une ville provinciale romaine, , tout ce que je remarque vraiment, est la clôture, et le panneau avec le prix en euros. La pensée que notre civilisation est ridicule, sans plus, traverse mon esprit.

Pendant que je marchais avec le camarade Panna le long de la Vienne, certains de nos camarades étaient engagés dans l'action. Je n'ai pas aidé, parce que j'en ai marre de notre Commission des Communications. Si nous projetons des actions, je veux que nous soyons impliqués et informés. Je veux savoir exactement ce que nous allons faire, avec qui, et pourquoi. Sinon, je marche.

L'action, d'après ce que j'en ai su, consistait en une démonstration de solidarité avec des ouvriers français en grève. Ils protestaient contre la flexibilité, et la spéculation sur le travail, imposées par les agences d'intérim. Notre section d'Indignés était acclamée par la force de frappe des grévistes, et ses membres paradaient avec entrain dans l'usine. La plupart des gens à qui j'ai parlé étaient très positifs à ce sujet. Nous avons commencé à fraterniser avec la classe ouvrière, et c'est bien. Notre mouvement a besoin de mobiliser un tas de gens ici en France, pour avoir un impact. Pas seulement les travailleurs, mais aussi les étudiants et professeurs, les immigrés, des gens des banlieues, les classes moyennes, les artisans et travailleurs indépendants.

Si tous ces gens prenaient conscience du potentiel de l'autodétermination humaine, il n'y aurait plus de limites aux grands projets que nous pourrions réaliser.

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Billet original à lire ici "Spanish revolution"

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