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Billet de blog 12 août 2013

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Cinq idées linguistiques pour l'Europe (sur "L''Express")

Un blogueur de l'Express s'interroge sur la question linguistique en Europe... Ce qui montre que la situation, qu'on nous présente souvent comme non-problématique, est loin d'être satisfaisante...Extraits:"Un des problèmes majeurs de la construction européenne est que notre continent possède en son sein une multiplicité de langues. 24 langues sont reconnues officiellement par l'Union européenne (UE). Voilà une source de complexité (...) il n'y a aucune politique publique européenne d'enseignement des langues remédiant à cet état de faits. Voici cinq propositions pour que nous adoptions une langue véhiculaire (ou pas).

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Un blogueur de l'Express s'interroge sur la question linguistique en Europe... Ce qui montre que la situation, qu'on nous présente souvent comme non-problématique, est loin d'être satisfaisante...
Extraits:
"Un des problèmes majeurs de la construction européenne est que notre continent possède en son sein une multiplicité de langues. 24 langues sont reconnues officiellement par l'Union européenne (UE). Voilà une source de complexité (...) il n'y a aucune politique publique européenne d'enseignement des langues remédiant à cet état de faits.
Voici cinq propositions pour que nous adoptions une langue véhiculaire (ou pas).
1) L'anglais: what else?

C'est la langue internationale aujourd'hui. En plus, la langue de Shakespeare est connue comme étant facile à apprendre. Le nombre de locuteurs est déjà suffisamment important pour que les échanges se fassent tout de suite et diffusent la langue auprès de l'ensemble de la population.  (...)

2. Le français: la langue classique

Le français est aujourd'hui en position de faiblesse alors que notre langue nationale a été la "grande" langue de l'Europe. Dans les salons du XVIIe et XVIIIe siècle de Vienne, Saint-Pétersbourg ou Stockholm, le français était "la" langue à maitriser pendant plusieurs siècles (...)

3. L'espéranto: une nouvelle langue pour un nouveau pays-continent

L'espéranto est une langue "inventée" au XIXe siècle par par Ludwik Lejzer Zamenhof, connu sous le nom de "Doktoro esperanto". Or quoi de mieux pour un nouveau pays-continent de parler sa propre langue? Tous les citoyens seraient à égalité par rapport à leur propre langue. Il ne serait pas non plus question d'une domination d'un pays par rapport aux autres au travers de la langue. 

Ce serait une belle aventure collective que d'apprendre une même langue à 500 millions d'habitants, ainsi qu'à tous ceux dans le monde qui voudraient échanger avec nous. Il y a déjà entre 1 et 3 millions de locuteurs espérantophones. Enfin, l'espéranto est construit à partir de langues indo-européennes, comme la très grande majorité des langues en Europe, à l'exception du basque, de l'estonien, du finnois, du hongrois et du lapon.

4. Le latin: la langue du Moyen-Age

A chaque fois que la Finlande est à la présidence du Conseil de l'Union européenne, en plus du finnois, de l'anglais, du français et de l'allemand, elle propose une version de son bulletin d'information de son site officiel en... latin. (...)

5. GoogleTraduction: garder notre diversité

Et si on gardait notre propre langue? La devise de l'Union européenne (UE) est "unie dans la diversité". Parler une langue unique, au-delà de nos propres langues nationales, risquerait de nous faire perdre nos différentes manières de penser et d'aborder les problèmes auxquels nous seront confrontés.
La solution pourrait donc se trouver dans des moyens importants mis dans la traduction simultanée.  (...)
----------- FIN des EXTRAITS ---------------

Discussion des propositions de M Fabien Cazenave
En effet, il n'y a dans la communication intra-européenne guère que ces cinq "solutions" ou tendances.  Qu'on permette toutefois plusieurs remarques.
La solution officiellemement affirmée est bien celle de la traduction (solution 5), c'est à-dire la conservation de toutes les langues. Mais en pratique, c'est l'anglais qui règne partout en "maître", puisque, par exemple, de nombreuses pages de la Toile destinées à l'information des citoyens, des journalistes, des élus etc... ne sont disponibles qu'en anglais! Passée la page d'accueil des sites, qui affiche fièrement les onglets censés dispenser les textes en plus de 20 langues, on tombe souvent sur des renvois vers la version anglaise!
Google Translate? Mais Fabien n'a pas dû beaucoup s'en servir. S'il est d'une aide "acceptable" pour qui parle telle ou telle langue étrangère mais veut vérifier un mot ou se heurte à une lacune passagère (ou bien désire gagner du temps), Google Translate est acceptable... à condition de se limter aux "grandes langues" les plus répandues (anglais, français, espagnol et dans une moindre mesure, allemand). Mais le gros défaut de ce moteur de traduction, c'est que le pivot en est basé sur l'anglais, qui est très mal adapté à cet usage. Par exemple, Google Translate ne sait pas distinguer certaines formes de conjugaison des substantifs, ni accorder les temps. Exemple: quand , en matière de langues, on parle de "locuteurs" ou "hablantes" etc... il va systématiquement proposer "enceintes" ou "haut-parleurs"... le résultat est parfois à la limite du surréalisme, et très peu compréhensible... Heureusement que je parle italien, parce que l'italien est très maltraité par GT!

Le latin (4), s'il était retenu, devrait l'être dans sa version "sin flexione" car les déclinaisons à mémoriser sont un sérieux obstacle à un apprentissage de la langue par la totalité des citoyens... cette solution paraît très peu réaliste. Et puis cela avantagerait le Sud au détriment du Nord et de l'Europe Centrale.
Le français (2) ou l'anglais (1)
Ces deux langues ont en commun le fait d'avoir (contrairement à italien, espagnol, allemand...) une forme écrite particulièrement arbitraire et des irrégularités qui en gênent la mémorisation. Le fait que l'anglais soit réputé "facile" est une grosse arnaque, dont on se demande qui a réussi à la promouvoir (un humoriste britannique avait dit avec justesse que c'était une langue "facile à mal parler" * !). Certes, la conjugaison en est bien plus rapide à retenir que celle des langues latines, mais justement c'est un des facteurs qui rendent l'anglais moins précis que le français. Claude Piron a bien expliqué que l'anglais est une langue "d'évocation" plus que de précision...
De toutes façons, il serait inacceptable que quelque langue nationale que ce soit puisse jouir d'un tel favoritisme, qui avantagerait forcément les pays l'ayant comme langue maternelle (et désavantagerait tous les autres).

Ne reste donc que l'espéranto (3), et nous pouvons être reconnaissants à M Cazenave de l'avoir retenu dans sa sélection. Il en a souligné l'aspect équitable (aucun pays ne sera avantagé) mais n'insiste pas suffisamment sur sa régularité, sa rapidité d'apprentissage et surtout son aspect propédeutique, c'est-à-dire le fait que ces qualités spécifiques de la langue lancée par Zamenhof facilitent l'apprentissage des autres, bien plus que ne le permet l'apprentissage initial de quelconques LV1, LV2 etc...
L'espéranto est donc non seulement la solution la plus accessible en termes d'enseignement, de neutralité géopolitique, mais en outre, c'est celle qui autorise que chacune des 4 autres solutions (ou du moins 3 d'entre elles: français, anglais, traduction) trouve sa place!
Mais pour comprendre cela, il faudrait accepter de s'informer vraiment sur ce qu'est l'espéranto, et sur ce qu'implique l'actuel "T.I.N.A linguistique", c'est-à-dire l'exorbitant pouvoir actuellement concédé à la langue anglaise...
Or, pour le moment, c'est ce que répugnent à faire aussi bien nos personnalités politiques nationales, que les responsables européens, tous plus ou moins issus des couches les plus favorisées de la population, et donc complètement inféodés à la "doxa" dominante (et irréaliste!) d'un plurilinguisme possible sous la houlette de l'incontournable anglais...
Affaire à suivre???....

Rappel du lien pour lire ici la totalité du billet

*:  La langue anglaise "facile à mal parler", c'est ce que pratiquent de nos jour de nombreuses personnes, en fait le "Globish", version "mainstream" de ce que Chrurchilla appelait de se voeux sous le nom de "basic english", parce que, disait-il en substance, les empires du futur seraient ceux de la connaissance, et qu'on annexe bien plus sûrement des pays par la langue qu'en conquerrant des provinces...

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