La marche en provenance de Toulouse nous a apporté un peu de sang frais et d'énergie positive dont nous avions bien besoin. Il y a une bonne atmosphère dans le groupe. Et c'est ainsi que ce matin, triomphalement et le chant à la bouche, nous avons quitté le « Laboratoire sarkozyste » d'Orléans. On n'a pas vu l'ombre d'un policier.
Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)Toury, le 13 septembre 50 ème jour de la Marche vers Bruxelles, 38 km depuis Orléans
Chers Tous,
La marche en provenance de Toulouse nous a apporté un peu de sang frais et l'énergie positive dont nous avions bien besoin. Il y a une bonne atmosphère dans le groupe. Et c'est ainsi que ce matin, triomphalement et le chant à la bouche, nous avons quitté le « Laboratoire sarkozyste » d'Orléans. On n'a pas vu l'ombre d'un policier.
On a pris le bon chemin, mais un sacré virage. J'entends par là que l'étape d'aujourd'hui serait plus longue que celles d'avant. Pour nous, qui avions fait des journées de presque quarante kilomètres, cela n'a rien de spécial, mais je peux comprendre que les camarades de Toulouse aient eu quelques difficutés d'adaptation, surtout après trois jours de repos.
Désormais notre groupe est en gros moitié français, moitié espagnol, même compte tenu du fait que certains marcheurs de Toulouse, rescapés de la marche méditerranéenne sont aussi espagnols.
Sortis d'Orléans, nous avons rencontré un cimetière militaire. De soldats français tombés pendant l'invasion-éclair des Nazis allemands en 1940. C'était incroyablement triste de voir ces lignes de croix identiques. Nous leur avons rendu hommage, et le camarade Abdullah a laissé un souhait laconique dans le Livre d'Or: « Ces victimes méritent une nation qui soit digne de leur sacrifice. Mouvement du 15 mai, Marche vers Bruxelles ».
Près du cimetière, nous sommes entrés dans la forêt située de l'autre côté de la route. C'est un terrain d'entraînement militaire. Nous entendions tirer au loin.
Quand on est ressortis de la forêt, le paysage avait changé. La vallée de la Loire était une sorte de ligne de partage. Nous débouchons à présent dans les grandes plaines du nord de la France, une vue qui m'est familière. « Les plaines sans fin », comme le chante le poète. Chaque fois que je les revois après une longue période dans le Sud, ça m'impressionne. L'espace est si vaste, le dôme des cieux si écrasant et majestueux... C'est comme se trouver en mer. Mais au loin, au lieu des voiles de bateaux, on voit les clochers des villages.
Mélancolie, douce mélancolie. C'est merveilleux. J'imagine ce pays par une froide nuit de noël. Je suis un voyageur, et c'est l'endroit où je suis né. Frappé par le vent glacé, je progresse dans la neige, guidé par les faibles lueurs du village que j'ai quitté quand j'étais jeune. Je recherche la chaleur d'un feu et la compagnie humaine, une impression familière. Je frappe à une porte, mais le temps a fait des ravages. Personne ne me reconnaît plus. La porte se ferme, le vent mugit. Je me couvre tant bien que mal de ma pélerine élimée, et je continue, je repars au Sud, dans l'espoir de revoir un nouveau printemps.
Je sors de ma songerie, et finalement, nous atteignons Toury par un chemin tout droit à travers les champs. Le soleil est déjà couché, mais il y a encore un tas de choses à faire. Nous devons décider la route à prendre vers Paris, écrire notre communiqué : qui sommes nous, pourquoi faisons-nous cette fichue marche... Mais il y a un problème. L'électricité. Ma batterie est presque vide. Pour la première fois je crains de ne pouvoir envoyer au monde des nouvelles de la marche. Nous interrompons l'assemblée. Tard dans la nuit, en pleine campagne française, il nous faut quelqu'un pour nous conduire vers la prise de courant la plus proche.
Nous aboutissons aux sanitaires du camping municipal, que nous transformons clandestinement en bureau des communications. C'est absurde. Ça nous fait prendre conscience de notre forte dépendance à l'électricité. Qu'adviendrait-il de notre civilisation, me dis-je, si un jour, pour une raison ou une autre, le courant disparaissait?
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Billets originaux en anglais, avec des photos, à retrouver sur le blog "spanish revolution" . Je n'ouvre pas les commentaires de celui-ci, car je dois auparavant finir de traduire et mettre en ligne les billets précédents...