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Billet de blog 19 septembre 2011

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Marche des Indignés 07/09 - Contre-espionnage

Un thème récurrent, aussi bien dans la Marche que dans les occupations de places, est la question des infiltrés. J'ai vu et entendu pas mal de choses en rapport avec ça, mais je préfère ne pas leur donner trop d'importance. Cela pourrait prendre de trop grandes proportions, nous échapper.Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un thème récurrent, aussi bien dans la Marche que dans les occupations de places, est la question des infiltrés. J'ai vu et entendu pas mal de choses en rapport avec ça, mais je préfère ne pas leur donner trop d'importance. Cela pourrait prendre de trop grandes proportions, nous échapper.

Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

Ste. Catherine de Fierbois, 7 Septembre, 44 ème jour de la Marche verz Bruxelles, 23 km depuis Les Ormes

Chers Tous,

Un thème récurrent, aussi bien dans la Marche que dans les occupations de places, est la question des infiltrés. J'ai vu et entendu pas mal de choses en rapport avec ça, mais je préfère ne pas leur donner trop d'importance. Cela pourrait prendre de trop grandes proportions, nous échapper.

Comme on l'a vu, les rumeurs peuvent aisément inlfuencer le comportement, et s'il est une chose qui peut provoquer la rumeur, c'est bien le soupçon de compter des saboteurs dans ses rangs .

Bien entendu, la première chose qu'un bon infiltré fera, c'est de stimuler ces soupçons. Il alertera les gens, en leur glissant à l'oreille le risque que comporte le fait de bavarder avec certains camarades.. Il créera de la défiance et de la paranoïa.

Certains peuvent pendre cela très au sérieux. Ils commencent à regarder toute chose, et à entendre les autres d'une façon différente. Ils peuvent facilement devenir dingues.

Le mouvement du 15 mai est public, de telle sorte qu'il n'est pas difficile de rassembler de l'information sur ce qui s'y passe. En fait, je suis persuadé que quelque part dans les profondeurs du bunker de Franco sous la Puerta del Sol, il y a des gens des services secrets espagnols qui sont bien mieux informés sur le mouvement que n'importe lequel d'entre nous.

Quand j'étais dans la commission Communication de l'occupation de la Place du Soleil (Puerta del Sol), j'ai remarqué que des cahiers contenant les coordonnées de volontaires, traducteurs et contacts de presse disparaissaient régulièrement. La même chose se passait avec une partie des archives que détenait la Documentation.

Une autre tâche d'un infiltré sera de saboter le processus de décision en bloquant certaines propositions-clés. Ceci arrive souvent, spécialement dans les commissions les plus sensibles, telles qu'Économie et Politique. Cela conduit à la paralysie et au découragement.

Contrairement à de nombreux membres, les plus susceptibles, je ne crois pas que notre mouvement se fissure sous l'effet d'infiltrations multiples, et ceci pour une simple raison numérique. Pour infiltrer toutes les assemblées et groupes de travail qui ont éclos partout en Espagne, il est peu probable que la police ou les services secrets disposent d'assez de gens capables de prendre une part effective au mouvement.

Cependant, il est caractéristique de voir que chaque fois que s'accroissent les frictions personnelles dans un groupe, ou que certaines choses commencent à aller de travers, les gens se remettent à incriminer des « infiltrés » et à parler du besoin de s'en « défendre ».

A côté des commissions « officielles » qui ont été formées à « Sol » et ailleurs, on sait qu'il en existe d'autres, non officielles. L'une d'entre elles est la commission du contre-espionnage.

Il y a une anecdote célèbre qui court sur cette commission. On dit qu'en cohérence avec les principes caractéristiques d'ouverture de notre mouvement, il était d'usage d'annoncer les réunions publiquement, par mégaphone: « Aujourd'hui, Contre-Espionnage à trois heures place du Carmel ». Il paraît aussi que les comptes-rendus étaient méticuleusement envoyés sur l'internet.

Il se révéla que ceci n'était pas très efficace, et bientôt la commission disparut du regard public. A sa place, des commissions secrètes se sont formées à diverses occasions. Elles sont si secrètes qu'elles ignorent les unes et les autres leurs existences mutuelles. Bien sûr, il est possible aussi qu'elles n'existent pas du tout et que les histoires sur le contre-espionnage ne soient que des rumeurs répandues par les infiltrés eux-mêmes.

Ces histoires croissent comme de la mauvaise herbe. On peut passer une journée entière de marche à les écouter. Elles sont complètement « open source » et libres de droits. On peut s'en saisir, les modifier et les redistribuer à volonté.

Aujourd'hui une poignée de camarades m'accompagnent alors que je prends les routes alternatives le long de la Vienne. C'est comme d'habitude un poil plus long, mais je préfère suivre l'eau. Ce sont les anciennes artères commerciales, de transport et de communication, la ligne de vie de la société. C'est le long de ces cours d'eau que les villages et les cités furent fondées et que les nations étendirent leurs frontières.

Nous nous sommes encore retrouvés dans un merveilleux village fantôme. Les restaurants et les bars ont fermé leurs portes par manque de clients. Seule une camionnette stationne chaque soir sur la place de l'église, vendant ses pizzas aux habitants de souche qui résistent encore.

Dans cette vallée de la Vienne, les agriculteurs cultivent principalement du maïs. Dépassant un peu la hauteur des cultures, les forêts sont peuplées de sangliers sauvages. Comme par hasard, ce soir on a allumé un feu et des morceaux de viande y rôtissent depuis un moment. Je me demande si le camarade Legionario n'aurait pas pris sur lui de faire un petit tour à la chasse aujourd'hui.

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Retrouvez l'original en anglais et les photos sur "Spanish Revolution"

Remarquez que je suis très en retard, mais je ne désespère pas de le rattraper.

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