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Billet de blog 19 septembre 2011

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Marche des Indignés - Cynisme (08/09)

Près des berges de la Loire, j'ai discuté avec un habitant de Tours. Un Français qui voulait pratiquer son anglais; je ne blague pas. Il était très intéressé par notre expédition, voulait tout savoir de nos buts et de nos méthodes, et était d'accord qu'il fallait faire quelque chose. Mais du début à la fin, il disait: « Ce n'est pas possible ».Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

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Près des berges de la Loire, j'ai discuté avec un habitant de Tours. Un Français qui voulait pratiquer son anglais; je ne blague pas. Il était très intéressé par notre expédition, voulait tout savoir de nos buts et de nos méthodes, et était d'accord qu'il fallait faire quelque chose. Mais du début à la fin, il disait: « Ce n'est pas possible ».

Comme les autres billets sur la Marche, celui-ci n'est pas de moi, mais juste une traduction que j'en fais aussi souvent que je peux (voir le lien en bas de billet)

Tours, le 8 septembre, 45 jour de la Marche vers Bruxelles, 30 km depuis Sainte-Catherine

Chers Tous,

Près des berges de la Loire, j'ai discuté avec un habitant de Tours. Un Français qui voulait pratiquer son anglais; je ne blague pas. Il était très intéressé par notre expédition, voulait tout savoir de nos buts et de nos méthodes, et était d'accord qu'il fallait faire quelque chose. Mais du début à la fin, il disait: « Ce n'est pas possible ».

Je crois que le cynisme peut être notre pire ennemi. Cet homme m'a un peu parlé des problèmes des Français. Des privatisations des structures de santé, par exemple, quand les hôpitaux deviennent des entreprises. Des politiciens qui gouvernent pour leur propre intérêt, de la démocratie quii n'est plus qu'un slogan vide de sens, des SDF et de l'argent dépensé dans des infrastructures superflues.

Tout le monde est au courant de ces choses, et chacun sait intuitivement que quelque chose cloche, mais il y atrès peu de gens qui ont la conviction que ça peut changer.

Moi aussi j'étais plutôt cynique il n'y a pas si longtemps. Mais j'ai guéri, Alleluia! au moment précis où j'ai mis le pied sur la Place de Sol occupée, et que j'ai vu de mes propres yeux que les gens étaient capables de créer des trucs en coopération.

Le cynisme du public est nuisible, mais c'est pire quand ça s'insinue dans le groupe. Je commence à le remarquer ces derniers jours. Parfois on dirait que les gens ne sont plus convaincus que nous pouvons résoudre nos problèmes internes, et on continue comme ça, se plaignant de l'un ou de l'autre, et seule la volonté d'atteindre Bruxelles nous unit encore. On dirait que dans ces moments l'ensemble est bien moins que la somme de ses parties...

Nous avons tous été élevés selon les valeurs de la société que nous désirons changer, et cela constitue une difficulté supplémentaire pour nous dégager de la mentalité dominante, et tout rebatir. C'est bien plus facile pour nous de retomber dans nos vieilles habitudes. Et le cynismme en fait partie.

Ainsi, nous sommes arrivés aujourd'hui à Tours, une ville bénie par deux cours d'eau, le Cher et la Loire. Lors de l'Assemblée que nous y avons tenu, nous avons reçu une leçon. Des gens d'associations ayant mené des luttes pour les droits des immigrés, le droit au logement, des luttes contre les répressions policières, la privatisation de l'eau etc... étaient présents. Il n'étaient peut-être pas la majorité, mais, contre toute attente, ils ont été actifs depuis des années.

Nous devons tirer les leçons de leur persévérance. Nous devons nous regarder nous-mêmes, et comprendre ce dont nous sommes capables, et ce que nous avons déjà réalisé. Marcher vers Bruxelles ne suffit pas. Nous devons être convaincus de ce que nous faisons et disons.

Ce que je sais, c'est qu'en fin de compte, nous existons. Il y a toujours des moments de doute, mais ça va, ça vient... Le monde va changer. Et si ce n'est nous, espèce humaine, qui le changeons, ce sera la nature. Or la nature est impitoyable.

La première chose que nous devons faire, c'est la chasse au cynisme. Le reste suivra naturellement. Une fois que les gens sont convaincus que le changement est possible en vrai, ce changement se produira.

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Retrouvez l'original en anglais avec les photos sur le blog "Spanish Revolution"

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