Le jeune startuper Macron a commencé à gagner en notoriété dans l’agence de notation Attali, qui comme toutes les agences de notation est supposée objective et indépendante alors qu’elle conseille sur les propriétés des produits dérivés qu’elle évalue ensuite elle-même. Puis un passage par une banque d’affaires apprend beaucoup sur les effets de levier, les transactions à double fond, » l’optimisation fiscale » indispensable à tout startuper mais surtout il fournit du réseau, du « networking », qui sera très utile par la suite.
Une fois un pied dans la mécanique de la StartupNation France, et pas n’importe lequel, ministre des Finances, sans avoir jamais été élu, responsable, chef d’entreprise ni économiste, on peut faire quelques expériences comme lancer des cars (dit cars Macron) pour contrer le service public et la SNCF, ces ennemis de tout libertarien, malgré l’absence de rentabilité et le bilan carbone désastreux.
Mais c’est comme ça qu’on apprend le métier de startuper spéculateur : utiliser les ressources des investisseurs pour brûler du cash avant de sauter sur une autre affaire. Et cette période permet de faire du « worldwide network » , non pas seulement avec le scientologue Tom Cruise, mais surtout avec ce cher Kalanick, le fou furieux libertarien de Uber qui sera débarqué par Apple plus tard mais qui se fait un malin plaisir à lancer des grenades dans les pattes des villes, des compagnies de taxi et du fisc. Un « role model » qui va très bien fonctionner.
Superpitcher et son commando
Mais notre staruper ne lorgne pas sur de si petits marchés, il veut la France, la nation tout entière. Et pour cela, l’action commando de l’OPA politique se met en marche tous les soirs au dernier étage du ministère des finances. Le but de ce tour de table : attirer les gros investisseurs nationaux, les Arnaud, Total, les CAC40, ainsi que quelques ex-francs-tireurs désormais installés comme Niel, et trouver des alliés internationaux. Et pour les gagner, rien de plus facile car il est déjà l’un d’entre eux : il sait tellement bien pitcher « son projet ».
Nous avions connu « super menteur » pour les fans des Guignols de l’époque Chirac, nous avons hérité désormais de « superpitcher ». La clé du pitch ne repose pas sur des fondamentaux, sur de la pédagogie, sur des tableurs mais bien sur la séduction entre spéculateurs à partir de mots-clés qui font connivence : startup nation évidemment, mais aussi leader, compétitivité, disruption, libérer, vieux monde, bureaucratie, entreprise, en même temps, innovation, excellence, refondation, complexité, pédagogie (pour le peuple), guerre….Et surtout avec une méthode éprouvée du show, de préférence en bras de chemise, du « gars qui n’en veut », et qui sera prêt à en découdre avec la terre entière (« qu’ils viennent me chercher »).
Dégraisser le vieux monde pour faire du lean
Les gros investisseurs accourent avec leurs plans média en followers massif, mais de bonnes couv ‘ des médias de l’ancien monde, ça fait du buzz aussi et ça marche pour attirer tous les petits porteurs, les investisseurs du peuple France. Malgré tout, l’affaire n’est pas simple à emporter car le fonds vautour RN se débrouille pour capturer les votes des petits porteurs, ce qui oblige le startuper à forger une alliance pour avoir une majorité au CA. Mais qu’à cela ne tienne, il a enfin les mains libres pour dégraisser la startup nation dont il hérite. Car cette nation a une quantité d’assets qui sont quasiment tous des junks bonds, des immobilisations (écoles, hôpitaux, etc..) qui ne fournissent aucune liquidité, qui n’ont aucune souplesse et dont il faut se débarrasser. Mais le startuper disrupteur est courageux, guerrier et liquide l’éducation et la santé en vantant le « mieux faire avec moins », ce qui plait beaucoup aux investisseurs institutionnels tous fans de "lean management".
Surtout qu’il faut faire avec beaucoup moins puisque les impôts sont réduits spécialement pour eux, autant de dividendes versés pour leur soutien. Le vieux monde résiste pourtant et certains produits passent mal sur le marché, des détails comme le prix de l’essence, par exemple, mais le cash des investisseurs est là que l’on peut brûler à volonté. C’est ce qui se passe pendant le Covid19 où le startuper se mue en pompier-guerrier qui sauve l’entreprise-nation avec une autorité qui ferait rêver tout dirigeant d’entreprise, d’autant que les ressources de la dette sont illimitées (too big to fail en fait).
Tout est balisé par les cabinets-conseils qui prolifèrent autour du pot de miel, par l’introduction d’indicateurs, aussi vite expérimentés qu’implantés et qui ont autant de valeur que les taux d’engagement des réseaux sociaux. Tout le monde est désormais soumis à ces évaluations et à ces quêtes pour les investisseurs. Ainsi avec ParcoursSup, ce ne sont plus les performances, les résultats d’un travail qui engendrent un résultat sous forme de diplôme mais une quantité de vœux et de lettres qui sont autant de pitches décisifs pour obtenir un accès à une école d’excellence. C’est ainsi que le startuper voit le monde : des concours de beauté basés sur des pitches qui font des classements de réputation, qui attirent les investisseurs et qui n’obligent à rien en matière de résultats. Super pitcheur et son copain romancier (accessoirement ministre des cadeaux au CAC40) peuvent ainsi donner des leçons d’économie à tout le monde même s’ils obtiennent les résultats les pires de la Vème République, ce qui confirme selon eux qu’il faut faire encore plus fort dans la même direction.
Le coup de main du fonds vautour RN et du McRonKinsey fan club
Pendant ce temps-là, les petits porteurs font défection, les clients en gilets jaunes fuient et boycottent la marque, les cours de l’action chutent et le personnel de l’ancien monde se met à faire de la résistance. Le stratuper en chef a bien tenté de les virer et de ne faire nommer que des directeurs marketing comme députés, mais ça s’est vu et ça a commencé à inquiéter les investisseurs. Pourtant, le coup de la peur du fonds vautour RN a fonctionné une seconde fois en 2022 et le tour de table républicain a tenu bon, mais pas assez pour contrôler le CA.
Le produit est décidément buggué de partout mais plutôt que de tout reprendre, on préfère patcher, à tour de bras, avec des 49.3 à répétition. Ce qui donne une image déplorable de la firme et un produit qui ne sert plus à rien puisque toutes ces révisions sont aussi inefficaces les unes que les autres, même en faisant du naming (on aurait dû proposer le » Mcronkinsey fan club » pour l’assemblée). Notamment lorsqu’il faut vanter l’extension de la date de validité (des retraites), ce qui trompe clairement les clients qui sont aussi des petits porteurs. Mais le startuper ne s’avoue jamais vaincu et garde toujours l’art du bon coup, du passage à l’acte pour surprendre le marché. Avec un » scrum » en très petite équipe, il lui vient l’idée de virer tout le monde, exactement comme Musk l’a fait, un autre « role model » qu’il fréquente. Macron a un art du scrum très particulier puisqu’il consiste à parler tout seul debout au milieu d’une équipe assise qui se tait, comme on l’a vu durant le Grand Débat.
Mais on est leader ou on ne l’est pas, on ne va pas se laisser rattraper par l’ancien monde. Le coup dans les partis, la dissolution de 2024, fait très mal mais tout est prévu pour laisser finalement le fonds vautour RN prendre les rênes et le regarder se casser la figure en beauté, de façon à ramasser ensuite le pouvoir et les actions dévaluées. Mais rien ne se passe comme prévu, car les petits porteurs s’entendent pour faire une alliance qui permet de repousser à nouveau le fonds vautour ! Alors, s’engage une partie de poker menteur pour faire comme si le startuper avait toujours la main alors qu’il a perdu son « momentum ».
Vuitonniser la nation et jouir du plantage du pompier de service
Rien de mieux qu’un énorme « event » comme les JO, qui convoque la jetset mondiale pour fournir la coke à tout le monde jour et nuit pendant que le back office fait le mort pour ne pas effrayer les investisseurs. Avec ses potes des fonds les plus puissants, il a réussi à vuittoniser le concept même de nation, chapeau ! (euh non, malle !) La réputation de la marque (startup nation) se trouve ragaillardie… pendant 15 jours… Les investisseurs internationaux ne veulent, eux, que du sérieux désormais, du old school, alors on va leur donner du Barnier très old school avec la bénédiction du fonds vautour RN, c’est plus discret. De toutes façons, ce fonds là comme le pitcheur en chef attendent qu’il se plante lui aussi car le startuper pervers jouit plus de l’échec de l’autre que de son propre succès. Et superpitcheur est très bon pour faire échouer les autres, tous ceux qui l’ont fréquenté le savent, une fois qu’il leur a pompé leur expertise et leur réputation !
Prochaine levée de fonds à suivre !