Dans un long entretien accordé au Nouvel Observateur, François Dubet (sociologue qui travaille depuis plusieurs décennies avec ses équipes de recherche sur le système scolaire français) nous donne une présentation lucide de l’état de notre école au seuil de l’an I de la Refondation de l’école de la République. Il y expose avec clarté tous les traits particuliers de ce système qui constituent une problématique complexe.
Et l’on peut comprendre pourquoi les “y’a qu’à” avec des solutions simples ne risquent pas de changer quoi que ce soit pour faire évoluer la chose. Pour y parvenir, il faut une grande capacité à gérer une multitude de facteurs, avoir du temps (qui n’est ni le temps médiatique ni celui des politiques soumises à la dictature des échéances électorales et médiatiques) et faire preuve d’autant d’humilité que de confiance dans l’avenir pour être en mesure d’affronter tous les obstacles et surmonter les pesanteurs.
Malheureusement, si ce cocktail ne se réalise pas, François Dubet prédit :
le fonctionnement de l’école publique se rapprochera de celui d’un marché. Et, dans ce cas, les élèves faibles et défavorisés y croiront moins encore, pendant que les industries culturelles offriront des alternatives éducatives dont on peut tout craindre. Nous aurions donc intérêt à nous donner des objectifs modestes et des moyens pragmatiques de les atteindre. Nous ne pourrons pas éternellement faire des promesses que nous ne tenons pas.
Quoi qu’il en soit, cet entretien mérite d’être largement diffusé et analysé. Presque tous les problèmes y sont abordés avec le regard affuté d’un connaisseur qui propose une cohérence salutaire dans ce foisonnement souvent trop déstabilisant pour ceux qui s’y intéressent sérieusement.
