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Billet de blog 24 avril 2018

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Emmanuel Macron le conformiste

Celles et ceux qui pensaient avoir trouvé en la personne d'Emmanuel Macron[1] la figure d'un dialecticien, celles et ceux qui, comprenant mal sont trop fameux tic de langage "en même temps" en sont pour leurs frais. Emmanuel Macron, s'il doit symboliser quelque chose, c'est le conformisme.

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Quel que soit le sujet abordé, la contre-réforme proposée, Emmanuel Macron et ses affidés en arrivent quasi systématiquement à dire : "tout le monde l'a fait" ou sa variante "nous sommes les seuls à faire comme ça. Il faut qu'on s'adapte".

C'est le benchmark permanent.

Emmanuel Macron donc, parangon du conformisme ! Quelle déception pour ses admirateurs béats. "En même temps", ce n'était pas "en même temps de droite et de gauche" mais "toutes les contre-réformes en même temps". La France doit rentrer dans le rang, cesser de se faire remarquer avec son modèle social, (re)devenir le bon élève[2] de l'Europe et donc de la mondialisation néoconservatrice, une nation de boutiquiers comme les autres.

La nouveauté avec Emmanuel Macron c'est sa totale décomplexion vis-à-vis de l'orthodoxie. Jamais il ne remet en question ce que le professeur lui a dit, voire, il est mal à l'aise quand un de ses camarade de classe le fait. La contestation n'est pas de son monde. Elle y serait une incongruité. D'où son acharnement (aveuglement ?) contre les projets alternatifs portés sur la ZAD de NDDL ou ceux de la CGT à la SNCF par exemple.

Emmanuel Macron est la quintessence du bon élève : discipliné, apprenant, récitant.

Qu'un courtisant bien mal inspiré ait écrit de lui qu'il est un président philosophe[3] a de quoi nous laisser pantois : qui fait-il accoucher ce président sinon lui-même ? De quoi accouche-t-il sinon de sa propre pensée. L'infaillibilité n'est pas une attitude philosophique. Sans doute, elle sied au chanoine.

S'il qualifie sa pensée de "complexe", c'est simplement qu'il est incapable de penser la complexité du monde, de la maîtriser. Ce qui est bien compris s'exprime clairement.

Bref !  Il ne saisit pas grand-chose ! Il rabâche, il restitue ses leçons bien apprises.

Mais cette vacuité, cette étroitesse d'esprit, nous voyons depuis un an qu'elles ne sont pas sans conséquences. L'incapacité dans laquelle elles le mettent d'envisager quoi que ce soit qui sorte du cadre l'amène à retoucher le tableau magnifique qu'il a acquit "par effraction".

D'un Monet il fait un Meissonnier. D'un modèle social construit mot à mot, à force de luttes, de négociations, de compromis, il fait un gribouillage informe enfin compréhensible par lui et ses compères.

La déconstruction qu'il inflige à notre société est profonde. Elle n'est sans doute pas irréversible, mais quelle énergie il va nous falloir.

Cet homme aurait pu n'être qu'une perte de temps comme l'ont été beaucoup de ses prédécesseurs.

Mais malheureusement il se sent libre d'agir comme bon lui semble et, comble de malchance, il arrive au moment où rien moins que la survie de l'humanité est en jeu. Au moment où toutes les capacités à percevoir la complexité sont requises. Au moment où les talents de négociateur sont essentiels. Tout ce qui lui fait défaut.

Encore une fois, toute dégueulasse qu'elle soit, la destruction compulsive des droits conquis par les travailleurs au cours du XXe siècle n'est pas irrévocable. Pour peu que les forces de progrès se mettent en position de prendre le pouvoir, nous saurons tout reconstruire.

Mais, en ce qui concerne l'environnement, nous sommes dans la thermodynamique, dans l'irréversibilité, dans l'entrelacement[4]. L'entropie avance. Qu'on retire un grain de sable de trop et c'est tout l'édifice qui s'effondre. C'est la mathématique du chaos.

De ce point de vue, Emmanuel Macron est un véritable fléau. Sa crédulité vis-à-vis du Marché, et de ses superstitions est toxique. Son projet c'est la taylorisation de la société. Il appelle une réponse originale et radicale de la part de l'ensemble des oppositions progressistes.

Toutes celles et ceux qui considèrent que l'entreprise privée n'est pas un modèle de société que la subordination généralisée est une monstruosité, que la marchandise est une chaîne doivent se faire entendre le 1er comme le 5 mai… et les jours suivants.

Nous sommes les anticonformistes.

[1] J'écris "Emmanuel Macron" par commodité. Il va de soi qu'il personnalise un clan, un mode pensée.

[2] C'est l'expression consacrée. Lire Éloi Laurent : nos mythologies économiques.

[3] Brice Couturier : Macron un président philosophe : aucun de ses mots n'est le fruit du hasard

[4] Eric Bapteste : Tous entrelacés ! Des gènes aux super-organismes: les réseaux de l'évolution

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