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Billet de blog 25 janvier 2018

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"Votre salaire sera force reliefs de toutes les façons"(Jean de la Fontaine)

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La grande force du capitalisme, c'est de rendre l'inutile désirable au point qu'il nous paraît essentiel.

Ainsi nous a-t-il convaincu que notre bonheur tenait dans la possession de tous les objets qu'il fabrique. ("Oh ! La la ! La vie en rose. Le rose qu'on nous propose. D'avoir les quantités d'choses. Qui donnent envie d'autre chose. Aïe, on nous fait croire. Que le bonheur c'est d'avoir. De l'avoir plein nos armoires. Dérisions de nous dérisoires"[1]). Encore une fois, "Le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l'horizon", comme l'écrivait Aragon, à un autre propos. Quoi que ! Le féminisme est indissociable de la lutte que nous avons à mener pour mettre fin à notre servitude.

En arriverons-nous à négocier la longueur de nos chaînes ? Un collier connecté ? [2].

L'industrialisation nous a privés de toute chance de trouver la sérénité. Elle nous a rendus avides et anxieux. Structurellement inquiets. Notre frustration permanente est son moteur, la sur-sollicitation de nos circuits de la récompense sa "ruse de la raison".

"Nous sommes au rouet", ce mouvement perpétuel et absurde qui nous épuise et nous laisse de toutes les façons insatisfaits.

Nous en sommes venus à trouver notre aliénation désirable, puisque seule capable de nous fournir notre dose de dopamine.

La théorie du ruissellement, chère à Emmanuel Macron, serait-elle de quelque manière vérifiée, qu'il nous faut la prendre pour ce qu'elle est : une abjection.

Double abjection en vérité.

D'abord, parce qu'elle suppose que le peuple devrait se contenter de morceaux qui tombent, comme par mégarde, ou pire, apitoiement, de la table ou se tient le banquet. "Donnez des os aux chiens qui nous ont si bien servis, qui ont forcé le gibier dont nous nous régalons". "Votre salaire sera force relief de toutes les façons, os de poulets, os de pigeons[3]". Régalez-vous corniauds, de ce que nous daignons vous octroyer de restes de nos ripailles.

Il n'est même plus question de reconstitution de la force de travail ! On est là dans la pure charité. Ces chiens là pourraient crever, tant d'autres attendent à la porte.

Ensuite, parce qu'elle nous résume à notre seule cupidité. A un "désir sans fin[4]". Elle nous réduit à une avidité dont le capitalisme nous a persuadé qu'elle est notre nature profonde. Or, rien n'est moins vrai. Nous sommes avant tout des êtres spirituels, contemplatifs.

Qu'on nous donne de quoi satisfaire nos besoins essentiels, manger, nous vêtir, nous loger, et nous (re)verrons des dragons dans les nuages, des fées dans les forêts. Nous raconterons des histoires, chanterons des chansons, nous aimerons, nous danserons[5]. Nous éduquerons nos enfants plutôt que nos robots.

En un mot, nous créerons réellement de la richesse au lieu de tout détruire autours de nous en pensant le faire.

[1] Alain Souchon : Foule sentimentale

[2] http://denis-collin.viabloga.com/news/la-longueur-de-la-chaine-interview

[3] Jean de La Fontaine : le loup et le chien

[4] https://inventin.lautre.net/livres/Vaneigem-Nous-qui-desirons-sans-fin.pdf

[5] "Faites comme le vent quand il s’élance des cavernes de la montagne : il veut danser à sa propre manière. Les mers frémissent et sautillent quand il passe."

" Ô hommes supérieurs, ce qu’il y a de plus mauvais en vous : c’est que tous vous n’avez pas appris à danser, comme il faut danser, — à danser par-dessus vos têtes ! Qu’importe que vous n’ayez pas réussi !

Combien de choses sont encore possibles ! Apprenez donc à rire par-dessus vos têtes ! Élevez vos cœurs, bons danseurs, haut, plus haut ! Et n’oubliez pas non plus le bon rire !"  Frédéric Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra

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