Regardez bien ce petit losange de carton bordé de noir : j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux.

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Je l’ai porté il y a 60 ans, avec les 500 000 personnes - certains disaient un million - qui accompagnèrent les neuf morts de Charonne, dont huit communistes, jusqu’à leur dernière demeure. Cinq semaines plus tard, la France signait avec les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) le cessez-le-feu qui mit fin à huit ans de guerre barbare.
C’était ma première manif, aux côtés de ma maman, qui, courageuse « porteuse de valises », engagée avec Pierre Vidal-Naquet et Laurent Schwartz, se battait depuis si longtemps pour la liberté de ce peuple martyr.

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Je garde au cœur la fierté de ce gigantesque défilé, mais aussi la honte que, quatre mois plus tôt, les centaines de victimes algériennes du 17 octobre 1961 n’aient pas soulevé la même émotion.
Soixante ans plus tard, nous faisons face au même ennemi : cette « bête immonde » contre laquelle Bertolt Brecht, à la fin de son « Arturo Ui », nous mettait en garde.
Il ne passera pas !
D. V.