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Anthropologue, "Centro Interdisciplinar de História, Culturas e Sociedades" (CIDEHUS), Univ. Evora

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Billet de blog 4 mai 2021

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Vu du Portugal: "commémorer" Napoléon? "Gloire" des armées napoléoniennes?

Je me souviens de l'étonnement, mêlé d'un sentiment de scandale, qui accueillait mon propos, lorsque, en visite au Musée Napoléon de l'É. S. M. de Saint-Cyr, j'ai évoqué les crimes de guerre des armées françaises, destructions, violations, meurtres, pillages... dont ceux des biens du patrimoine artistique portugais, qui reposent dans les réserves du Louvre...

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Interview de l'historienne Maria Antónia Lopes in "Diário de Notícias", le 4 mai 2021

Question: "Des trois invasions ordonnées par Napoléon au Portugal, la troisième, en 1810-1811, commandée par le maréchal Massena, est considérée comme la plus terrible pour les Portugais. Qu'est-ce qui la distingue des précédentes ?
C'est, sans aucun doute, la plus terrible en raison du nombre de meurtres, de viols et de mauvais traitements infligés à la population civile, de la destruction des champs agricoles et des villages, du pillage systématique des villes et des villages et de la fuite panique des foules. Qu'est-ce qui le distingue ? La politique de la terre brûlée ordonnée par les Anglais : évacuation totale des agglomérations avec destruction des cultures, des moulins et de tout ce qui ne pouvait être transporté, pour battre les envahisseurs par la famine. Imaginez maintenant la violence d'une armée affamée, qui s'empare de tout ce qu'elle peut et poursuit les paysans qu'elle trouve pour leur faire révéler où ils ont caché la nourriture. Un médecin de Leiria évoque "l'effroyable tableau qui s'offrait à moi lorsque je revenais sur ce territoire malheureux : des villages déserts, tout le territoire inculte, une solitude étonnante, ni quadrupèdes ni volatiles n'apparaissant, des maisons brûlées ou détruites, des immondices entassées, une vie agonisante, des squelettes ambulants formaient un spectacle étrange, épouvantable et mortifiant". L'épidémie a suivi et les prix des denrées alimentaires sont montés en flèche. Ce n'est que très lentement que la situation est revenue à la normale. Jamais plus la population civile portugaise n'a souffert de cette manière. C'est pourquoi les invasions [françaises] persistent dans la mémoire populaire. J'ai grandi [dans le nord de Beira Alta] en entendant des histoires sur "les Français". L'ampleur de la tragédie qui s'est déroulée dans toute la région centrale n'a pas été correctement mise en évidence par l'historiographie." (...)

Au début de l'année 1811, la ville [de Coimbra] connaît un scénario dantesque. Les habitants de Miranda do Corvo, de Lousã et des régions voisines jusqu'à la rivière Alva ont été contraints de se retirer au nord du Mondego et se sont précipités vers Coimbra. Les dirigeants de la Misericórdia [Secours Catholique] ont inscrit dans le procès-verbal qu'il s'agissait d'"une calamité incomparable, dont il n'existe aucun souvenir dans les siècles passés". En décembre 1811, le précepteur du diocèse de Coimbra déclare que la misère est générale car dans "290 paroisses, on ne comptera que 26 où l'ennemi n'est pas entré". Selon ses calculs, 3 000 personnes sont mortes aux mains des soldats et, en raison de l'épidémie qui a suivi, au moins 35 000 habitants du diocèse seraient morts. Le nombre de morts est sous-estimé. J'ai compté 3305 civils tués, les femmes représentant presque 30%, et les sources sont incomplètes. Le nombre de décès dus à la maladie n'a pas non plus été gonflé. À Figueira da Foz, où aucun meurtre n'a été commis car les envahisseurs n'y sont pas passés, quelque 4 000 personnes, habitants du lieu et réfugiés, auront succombé à l'épidémie. Toutefois, à en juger par la répartition des aides en 1811, la dévastation était bien plus grande dans les districts actuels de Guarda, Leiria, Santarém et Castelo Branco. L'affaire doit faire l'objet d'une enquête plus approfondie." [je souligne]. JRdS

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