Sous le signe de la perfidie, un "débat" pour rien
- 14 janv. 2019
- Par Dos_Santos
- Blog : Le blog de Dos_Santos
Je retiens seulement une de ses formules alambiquées, fruit de la haute ingénierie de la "com" , pur produit de la machine de propagande, qui montre bien quel esprit perfide a guidé sa fabrication.
Il s'agit de fiscalité. Quelle "question" Macron fait-il semblant de poser? La voici: "Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité?",
Ainsi, de ce que demandent de façon claire et nette les Gilets Jaunes - la justice fiscale - il ne retient que le choix des impôts qu'il faudrait baisser. Dans l'optique ultra-libérale qui le rend si proche de Trump, la seule hypothèse c'est de baisser les impôts: choisissez ceux que vous voulez, je vous suivrai: car je suis favorable (dans les principes) à la baisse de tous les impôts et à moins d'état.
Mais cela a des conséquences: vous préférez moins d'impôts? vous devrez choisir quels services publics il faut réduire ou carrément supprimer: vous aurez ce pour quoi vous aurez payé, pas plus. Et il l'écrit, avec une effronterie obscène: "Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité?"
Perfide, la question, comme toute la lettre. En effet, il est facile de reformuler la première question de façon neutre: "Quelle réforme de la fiscalité voulez-vous? Quels impôts doivent baisser et quels sont ceux qui doivent être augmentés?"
La raison du tarabiscotage de la question fiscale est évident: les gens ont à chaque fois réaffirmé qu'ils sont prêts à payer des impôts, mais à condition que l'effort fiscal soit réparti de façon juste. Augmenter des impôts: restaurer l'ISF, supprimer le CICE, taxer les grandes entreprises, restaurer un impôt progressif sur les profits financiers (dividendes et autres); en face, baisser des impôts: supprimer la hausse de la CSG; la rendre progressive (et on pas "flat", égale pour tous les niveaux de revenus); ré-indexer les retraites sur l'inflation; baisser la TVA sur les produits de première nécessité... Abandonner la réforme des retraites (qui les pénaliserait, selon son projet dans les tuyaux); etc.
Et bien sûr, maintenir et mieux financer les services publics, qu'il est vraiment indécent de faire semblant de croire que les Gilets Jaunes sont prêts à y renoncer pour... payer moins d'impôts...
Quelle perfidie! Quel mépris de l'intelligence des gens du commun!
Qui pense-t-il duper avec cette grossière manipulation?
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.