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Billet de blog 4 août 2022

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Aller Mal (1) : naturaliser et rentabiliser la souffrance psychique

Le retour en force d’un organicisme scientiste et réducteur amène à négliger de plus en plus l’expérience singulière et irréductible du sujet souffrant. Voici par exemple les perspectives qui nous attendent dans le domaine de la recherche et de la thérapeutique en psychiatrie…

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L’institut Ma-Teigne et la Fondation Fonda–MonCul, en partenariat avec Or-Paya, sont fiers de vous annoncer les principaux axes de leurs nouveaux projets de recherche, financés par les pouvoirs publics et de grands groupes capitalistes côtés en bourse : « rentabiliser la filière santé mentale, ou comment développer des stratégies innovantes et lucratives à partir du mal-être et de la détresse psychique » ; « du microbiote aux dividendes » ; « immunothérapie, e-santé et autres inflammations disruptives ».

Rappelons tout d’abord que le ministère de l’enseignement supérieur et de la Recherche vient d’annoncer le versement de 80 millions pour le programme PROPSY (Projet-programme en psychiatrie de précision) porté par l’Inserm, le CNRS et la Fondation Fonda-MonCul, dans le cadre des Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR).
Nos motivations sont explicites : bien loin de l’éthique, de la responsabilité soignante ou de la simple décence, il s’agit avant tout « d’assainir les finances publiques » et de créer des opportunités d’investissement et de plus-value. En effet, tous ces gens qui souffrent, qui vont mal, qui en profitent pour tirer au flanc, pour ne plus être productifs, pour bénéficier de prestations sociales, de soins, voire même qui envisagent de rester inaptes ou dépendants, ou encore de se suicider, cela commence à coûter vraiment très cher. Incontestablement, les maladies mentales altèrent significativement la capacité des personnes à s’adapter à l’écosystème capitaliste, et accaparent des financements, en les empêchant de circuler et de « travailler ». Cet impact socio-économique est désormais insupportable. Tous ces capitaux devraient pourtant fructifier, être remis en flux, plutôt que de stagner pour prendre en charge tous ces impotents. « Des estimations récentes ont montré que les coûts directs et indirects ont atteint les 160 milliards d’euros en 2019, soit plus de 5% du PIB ». En conséquence, il faut absolument arrêter ces gabegies, et encourager le dynamisme d’un secteur ouvrant des perspectives de rentabilité et de compétitivité extrêmement intéressantes.

"Souffrir d’une maladie mentale a souvent des répercussions sur l’activité professionnelle et la productivité de la personne malade. Les coûts indirects permettent d’appréhender la valeur de la production perdue du fait du chômage, de l’absence de travail, de l’absence de productivité au travail et de la mortalité prématurée liée aux troubles mentaux" (Marion Leboyer et Pierre Michel Llorca)

Notre stratégie consiste donc à favoriser un véritable changement de paradigme dans l’orientation du parcours des patients, en conformité avec la délégation ministérielle à la santé mentale et à la psychiatrie. Comme le revendiquait d’ailleurs Olivier Véran, il s’agit là d’un « virage historique » : innovations dans le cadre des appels à projets nationaux ; déploiement de la réhabilitation psychosociale dans le cadre d'une démarche "rétablissement" essentielle fondée sur des données probantes ; déploiement des infirmiers en pratique avancée formés en santé mentale ; paramédicalisation et contrôle autoritaire des psychologues ; développement des coopérations public-privé ; réforme du financement et introduction d’une tarification à l’acte, etc.

Illustration 1

Dans la cadre du projet PROPSY, nous allons également « développer des stratégies thérapeutiques ciblées allant de la e-santé aux immuno-modulateurs, à la stimulation cérébrale ou aux biothérapies ». En effet, comme le souligne la Fondation Fonda-MonCul : « la génomique, l’immunologie, l’électrophysiologie, les techniques d’imagerie cérébrale, l’intelligence artificielle, les outils digitaux… offrent de nouvelles clés de compréhension ainsi que l’espoir d’innovations diagnostiques et thérapeutiques » - même si d’éminents neuroscientifiques dénoncent désormais ces bulles spéculatives et l’absence de répercussions tangibles de ces recherches en ce qui concerne la réalité concrète du soin psychique…. Que ce soit de la part de Kenneth Kendler, l’un des pionniers de la psychiatrie génétique américaine, ou encore d’Allen Frances, le « père » du DSM-IV, la dénonciation d’une recherche de causes exclusivement biologiques concernant les troubles mentaux, susceptibles de définir des systèmes nosologiques fiables et des perspectives thérapeutiques efficaces, est de plus en plus pointée comme une impasse aux conséquences très problématiques en termes de santé publique…D’ailleurs, les postulats qui fondaient depuis des décennies certains traitements médicamenteux à partir de troubles de la neuromodulation sont également remis en cause - comme par exemple l’hypothèse sérotoninergique dans la dépression
Mais n’éventons pas trop ces supercheries, puisque, avec la complicité de certains politiciens - ayant le même agenda néolibéral - , on peut encore duper le manant et récolter les financements via des appels à projet.

Peu importe d’ailleurs, puisqu’il s’agit de « prendre de vitesse les maladies mentales grâce à l’avènement d’une médecine de précision en psychiatrie »….
Pour cela, il faudra évidemment bien exploiter le matériel humain de tous les patients que nous allons utiliser intensivement comme source de données, en augmentant la taille des cohortes, en les enrichissants avec de nouvelles mesures (biologiques, électrophysiologiques, issues de l’imagerie…). Et puis, les data, c’est désormais une monnaie d’échanges à haute valeur ajoutée dans notre environnement de plateformes et d’algorithmes…Tout cela peut effectivement se monnayer, se marchandiser ; on peut en extraire non seulement des publications, mais aussi des perspectives très rentables de capitalisation sur un marché en plein essor.

Ainsi, « PROPSY comprend le financement de projets déjà identifiés tels la cohorte longitudinale, intitulée « French Minds » constituée de 3 000 patients adultes qui seront évalués de manière exhaustive sur le plan clinique, comportemental, environnemental, et à l’aide d’outils numériques, de marqueurs biologiques et d’imagerie cérébrale » - ce qui permettra par ailleurs d'imposer un véritable assujettissement disciplinaire à ces cobayes, en leur imposant des normes "d'hygiène de vie" tout à fait intrusives...pourrait-on rêver un panoptique plus total, venant coloniser le quotidien et l’intimité ?

Contre vents et marées, nous voulons avant tout prouver, malgré l’évidence, que les maladies psychiatriques ont des causes exclusivement auto-immunes et inflammatoires, ce qui permettra de réaliser des essais thérapeutiques innovants en santé mentale, comme la stimulation cérébrale, les probiotiques, les immunomodulateurs…Nous regrettons tellement que les pratiques de psychochirurgie et de lobotomie aient été injustement délaissées…Voilà d'ailleurs ce qu'en disaient avec beaucoup d'ironie L. Le Guillant et E. Monnerot en 1952 : "Si la "fatalité" s'appesantit sur la nature et le "destin" sur l'homme, si la structure de notre société et de ses institutions est juste, satisfaisante et éternelle, il est logique d'éliminer tout ce qui tend à les perturber, de stériliser, de castrer et de "couper la tête", comme l'on dit dans certaines salles de garde, aux aliénés incurables".

Évidemment, en arrière-plan, nous sommes soutenus et financés par les laboratoires pharmaceutiques, ce qui peut nous amener à déformer voire à falsifier quelque peu certains éléments de réalité ou de bon sens. « Alors que la santé mentale s’est dégradée avec la crise sanitaire (+ 30 % de dépressions), c’est une décision extrêmement importante et porteuse d’espoir pour des millions de patients, de leurs familles, et aussi des chercheurs et des soignants ». Oui, nous réussissons, avec aplomb, sang froid et opportunisme, à affirmer que l’augmentation inquiétante du mal-être collectif est en rapport exclusif avec l’inflammation, ou des effets strictement immunologiques et virologiques. Il faut le faire! Ainsi, l’augmentation de 45% des passages à l’acte suicidaire chez les adolescents est sans aucun doute due à des perturbation génético-microbiotiques - une véritable génération de mutants avec une flore intestinale toute pourrie, ou le retour de la théorie de la dégénérescence ! D’ailleurs, nous avons déjà identifié plusieurs gènes liés aux conduites suicidaires. Et, comme précisé sur notre site « d'autres travaux ont établi un lien entre mécanisme inflammatoire et risque suicidaire ». « Enfin, la neuro-imagerie est également riche d'enseignements, suggérant que les personnes à risque de suicide seraient particulièrement sensibles aux expériences d'isolement, de rejet social ou de désapprobation » - on est hyper forts non ? , heureusement que l’IRM est là pour enfoncer de telles portes ouvertes…Nous avons d’ailleurs un programme ambitieux d’imagerie fonctionnelle pour prouver que plus on souffre, plus on va mal.
En tout cas, comme le souligne le Pr Courtet, « l’identification des mécanismes biologiques impliqués est un enjeu de taille: c'est une étape essentielle pour découvrir des marqueurs biologiques susceptibles d'aider au repérage des personnes à risque et d'innover dans la prise en charge des patients ». C’est comme cela que l’on va véritablement pouvoir aider tous ces adolescents qui se foutent en l’air faute de soins et de considération collective….

A travers ces recherches audacieuses, nous avons un autre objectif : blanchir enfin les stratégies managériales accusées d’être responsables de vagues de suicide sur certains lieux de travail. En effet, si des salariés passent à l’acte, c’est du fait de leurs fragilités immuno-génétiques intrinsèques, avec une mauvaise régulation sérotoninergique et des réactions inflammatoires excessives face à l’ostracisme, et non du fait d’une quelconque maltraitance instituée. Nous allons donc pouvoir disculper tous ces managers performants accusés à tort. Que justice soit rendue !

Certes, il ne faut pas trop se pencher sur les avantages et rémunérations directes que nous recevons de l’industrie pharmaceutique (par exemple, Marion Leboyer aurait perçu 30774 euros entre 2012 et 2018 selon le site eurosfordocs.fr…de son côté, Pierre-Michel Llorca aurait, sur la même période, reçu 254993 euros d’avantages et de rémunérations des laboratoires pharmaceutiques d’après la même source. Ainsi, interviewé par Rachel Knaebel, ce dernier peut-il le concéder en toute bonne foie : « le rôle de la fondation est aussi de récolter des fonds. À partir du moment où nous avons des partenariats avec des laboratoires pharmaceutiques, nous ne sommes pas indépendants d’eux, oui. Mais qu’est ce que cela signifie l’indépendance ? ». Mais c’est vrai ça ?! De toute façon, notre Science, c’est du Canada Dry…Aucune rigueur épistémologique, aucune validité, aucune ouverture au débat, à la controverse, aux réfutations, aucune ouverture à d’autres champs disciplinaire, à la transdisciplinarité, aucune prise en compte de la complexité, de la surdétermination des phénomènes ; aucune humilité…Quant à la neutralité et à l’indépendance, vous pouvez carrément vous les carrer dans l’oignon.
Oui, nous avons des accointances avec de grands groupes du CAC 40, oui, nous fricotons allègrement avec des intérêts privés peu reluisants, oui notre gouvernance est bien trouble, infiltrée de capitaux, de mélanges de genre, de conflits d’intérêt…Lors de nos prises de paroles, nous affichons en arrière-pan tous nos sponsors et mécènes, à l’instar des joueurs de football. Mais n’oubliez pas, tout est dans les gènes et l’inflammation, alors détournez le regard.

Illustration 2

Car, dans le fond, nous sommes d’incroyables prestidigitateurs, des alchimistes capables de tout faire disparaitre, de tout transformer… Ainsi les déterminants socio-politiques, relationnels, collectifs de la souffrance psychique : évaporés ; les intérêts mercantiles et idéologiques : transformés en discours modernisateur, scientifique et pseudo-humaniste ; le projet de démanteler la psychiatrie publique, la politique de secteur, les institutions soignantes émancipatrices : relooké en soutien au « développement d’une filière biomédicale française en santé mentale incluant pharma, medtech et digital, par des partenariats public-privé » ; les perspectives de privatisation lucrative des soins, de déremboursement des prises en charge, de réorganisation gestionnaire néolibérale du système de santé : édulcorées sous la forme de « propositions concrètes au service de l’efficacité de l’action publique, du renforcement de la cohésion sociale, de l’amélioration de la compétitivité et de l’assainissement des finances publiques de la France »…
Nos cibles : les Communs, la psychothérapie institutionnelle, les pratiques relationnelles de soin, les sciences humaines, la solidarité collective, la sécurité sociale, etc.

Pour achever définitivement ces archaïsmes, nous préconisons donc, à la manière stalinienne, de « créer une nouvelle génération de scientifiques et de soignants en psychiatrie en renouvelant l’approche de ces maladies et grâce à des actions de formation ».
Le thérapeute 2.0 sera donc programmé pour ne plus rencontrer, ressentir, entendre, douter, pour ne plus être affecté ou altéré par le lien. Il aura pour vocation d’extraire des données, de catégoriser, d’inscrire dans des filières et des cohortes, de prélever, de prescrire, de rentabiliser, de détecter l’inflammation partout où elle se cache. De devenir, enfin, un véritable expert, spécialiste, scientifique, objectif, neutre, froid, surplombant, avec des instruments de laboratoires, des résultats biologiques, de l’imagerie cérébrale. Il portera une belle blouse blanche bien repassée, affirmera de manière péremptoire, ne ne laissera plus influencé par les porteurs de microbiotes dérégulés, ou par les génétiquement sensibilisés aux drames existentiels. Sa parole et ses prescriptions, très nombreuses, seront toujours evidence based. Si de surcroit il porte des chaussures pointues, et qu’il s’exprime comme un agent immobilier, ce sera un plus indéniable pour correspondre à sa fiche de poste.

Enfin, ce psychiatre de dernière génération sera capable de s’hybrider avec des intérêts privés sans trop ciller, de tisser des partenariats innovants, de remporter des appels à projets et d’aller chercher les financements partout où ils se trouvent, « pour allier un maximum de moyens et de compétences et fédérer les acteurs d’excellence dans le domaine, qu’ils soient académiques, industriels ou start-up ».
Évidemment, sa panoplie thérapeutique jettera beaucoup de poudre aux yeux, et si les résultats se révélaient finalement plus que mitigés, c’est à l’évidence que ses traitements n’auront pas été suffisamment intensifs et que le patient aura exercé une forme de résistance…A base de thérapeutiques ciblées, d’immuno-modulation, de neuro-modulation, d’électro-stimulation cérébrale, de psychoéducation, de remédiation cognitive, de réhabilitation psychosociale, d’e-santé, de greffe fécale, franchement, seul un indécrottable réfractaire ne pourrait pas aller mieux. Au pire, on l’invisibilisera. Pourquoi vouloir s’occuper d’individus qui résistent et qui n’alimentent pas favorablement nos publications.

En parallèle, c’est tout le système sanitaire que nous allons transformer en partenariat avec la Start Up Nation, ha ha ha ha ha !
Comme le revendique l’institut Ma-Teigne, « le travail de fond sur l’e-santé réalisé sous la responsabilité de la Délégation ministérielle du numérique en santé, doit conduire logiquement au développement d’un système de santé plus fluide ».
« Aujourd’hui, il y a une vision d’un État "plateforme" qui fédère un écosystème public et privé. La mise en place de Mon Espace Santé à l’échelle nationale, le développement et remboursement des applications digitales et la mise à disposition et l’analyse de bases de données en open source vont, nous pouvons l’espérer, nous permettre de mieux cerner les points d’amélioration possibles et les pratiques à recommander ».
Rire maléfique !!!

A cette fin, nous portons activement l’initiative « Impact d'accélérateur d'innovation en santé mentale », redoutable et machiavélique projet ! De fait, « les start-up choisies bénéficieront d'un accompagnement pour accélérer leur déploiement (mentoring, coaching, connexion à l'écosystème, optimisation de collecte de données et analyse de leur impact, accès à des terrains d’expérimentation…) ».
Voici quelques uns de nos heureux lauréats :
- Fedming, une plateforme d'éducation thérapeutique et de prévention des maladies métaboliques chroniques et des addictions, qui s'appuie sur une approche cognitive et comportementale du domaine de la psychologie dite de troisième vague ;
- Litdhospi, une solution digitale de recherche de lits d'hospitalisation en psychiatrie qui fluidifie le parcours du patient et optimise le temps médical à travers une meilleure coopération public-privé ;
- Tricky, un escape room santé qui se veut outil de ludification en prévention santé pour lutter contre la stigmatisation des maladies mentales, il sensibilise les participants à des messages de prévention intégrés dans la dynamique de jeux au travers de scenarii immersif sur les troubles dépressifs, l'épuisement, le burn-out... ;
- la solution Qookka de Tech2heal, une thérapie digitale pour les patients présentant des troubles dépressifs et anxieux (nouvelles ou en rechute), composée d'un dashboard médical collaboratif et d'une application mobile conversationnelle pour les patients ;
- Resileyes therapeutics, une thérapie numérique sur prescription spécifique des syndromes psychotraumatiques, qui entrecroise savoir scientifique, clinique et expérientiel de patients.

Quand la réalité va plus loin que la dystopie...

Quel rêve, quel avenir, quel espoir pour tous ceux qui souffrent !

Illustration 3

Et puis, si avec tout ça les gens continuent à aller mal, au moins on aura pu grappiller quelques subsides au passage…chacun doit bien payer son tribut et nous sommes absolument insatiables. Nous avons déjà infiltré le système sanitaire, la recherche publique, les plus hautes sphères politiques.

Alors, que les grincheux conservateurs se convertissent définitivement, ou qu’ils aillent voir ailleurs…
Comme par exemple cette psychologue clinicienne réactionnaire, qui ose affirmer que « les logiques de ces instituts de recherches, universités et fondations, s’appuient sur cette terrible loi qui voudrait que l’objectif d’une société soit intrinsèquement corrélé à celui de rentabilité ».
Franchement, c’est abusé.
Ou encore, « la recherche PROPSY met avant l’absence d’une dimension pourtant centrale dans nos existences : celle de solidarité. En effet, le soin humain est largement absent des enjeux de recherche. Penser la psychiatrie en dehors de l’apport de « l’être humain proche », c’est venir en creux contester l’apport de la solidarité et des rapports humains dans nos vies quotidiennes. C’est dessiner un monde aride où les besoins humains seraient déconnectés des apports du lien social ».
Bon là, ouais, soyons honnêtes, faut bien reconnaitre qu’on s’en contrefout de leurs histoires de liens et d'affects…Aux chiottes toutes ces vieilleries sentimentalistes !

Pourquoi faut-il encore nous chercher des noises, à l'instar de Mme Laurence Cohen, sénatrice communiste du Val-de-Marne, vice présidente de la commission des affaires sociales, qui a pris l'initiative d'interroger le Ministre de la Santé sur l'attribution de 80 millions d'euros à notre Fondation d'intérêts privés ? Et de dénoncer "une approche qui nie donc le rôle du lien et de la relation thérapeutique, qui mise sur les médicaments et le biologique, plutôt que sur le psychique". Et de s'interroger : "comment penser qu'une téléconsultation peut remplacer le lien humain, surtout lorsqu'il s'agit de santé mentale ?". Et de remettre en cause la politique du ministère en osant demander "quelle est sa feuille de route pour la psychiatrie publique pour les 5 ans à venir, s'il entend continuer à accroître l'influence des neurosciences au détriment des autres approches qui ont fait la spécificité et la force de la psychiatrie française dès sa conception ?". Et de pointer du doigt l'état dramatiquement sinistré des structures psychiatriques publiques, en interrogeant : "quels moyens supplémentaires vont être accordés aux établissements de santé mentale, pour rénover les locaux inadaptés, rendre ces métiers à nouveau attractif, arrêter la fermeture de lits et les protocoles de soins standardisés ?"...

Mais enfin, foutez nous la paix, et laissez nous transformer tranquillement la filière santé mentale, avec la participation active des modernisateurs du nouveau management public, pour le fric et pour le pire.

Avant d’aborder ce qui devrait légitimement être appréhendé dans l’expérience de la souffrance psychique, faisons un petit détour par les réformes technocratiques actuelles désavouant également le soin et la reconnaissance du mal-être.
A suivre…

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