Suite à notre plongée dans les dynamiques de l'institution, on en est donc arrivé à la conclusion que le psychique, c’est aussi de l’institutionnel, dans une réciprocité permanente. Dès lors, vouloir étudier les fonctions psychologiques et cognitives indépendamment de l’institution constitue un biais systématique - ce type de protocoles de recherche est d’ailleurs le reflet d’une certaine idéologie institutionnelle : « les psychologues sont institutionnellement incapables de se souvenir que les hommes sont des êtres sociaux. Aussitôt qu’ils l’apprennent, ils l’oublient » (Mary Douglas) ….
Si on pousse le raisonnement dans ses ultimes retranchements, il ne parait plus possible d’appréhender la psychopathologie indépendamment des cadres institutionnels au sein desquels les symptômes s’originent et se déploient.
Autant, on peut constater qu’un excès d’institutionnalisation, rigide et inamovible, peut conduire à un écrasement subjectif - et les manifestations névrotiques témoignant d’un Surmoi répressif en sont une expression paradigmatique. Que ce soit au niveau social ou intime, on peut à l’évidence observer des institutions disciplinaires, totales, qui veulent tout traiter selon leur « programme », qui soumettent, exigent et punissent.
Autant, il est également légitime de postuler qu’une institutionnalisation défaillante, inaboutie, chancelante, met en péril les fonctions de représentation symbolique, et ne permet plus d’organiser la pulsionnalité à travers une trame de significations partagées.
Avec la notion d’anomie Durkheim évoquait ainsi les effets possibles d’une précarisation des cadres institutionnels, conduisant à un état des liens sociaux caractérisé par le délitement des normes communes et des classifications collectives tissant habituellement la solidarité. Une telle situation induit également une crise des identités, ainsi qu’un flottement dans les modalités d’expression du mal-être, ce langage collectivement signifiant investi du pouvoir d’interpeler autrui. De fait, la « déviance » ne peut plus se démarquer, de façon repérable et lisible, d’une conformité mal circonscrite.
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Que ce soit sur le plan individuel ou collectif, le défaut d’institution peut laisser la porte ouverte aux décharges comportementales, aux efflorescences délirantes, voire aux dérives perverses ou aux mécanismes d’emprise. Car l’institution est aussi là pour réguler la violence, pour interdire, pour situer, pour limiter. Pour restreindre la jouissance et l’appropriation. Elle constitue également une butée contre l’indifférenciation, qui fait le lit des confusions et des abus. Sans institution, pas d’altérité, pas d’extériorité.
Outre son potentiel disciplinaire et normatif, l’institution exerce aussi une fonction de protection, de contenance, de mise en scène, de conflictualisation et d’intégration des forces agonistiques. Une dynamique institutionnelle vivante est également un tissu de contradictions évolutives, un attracteur de fantasmes et de mythes. Les institutions produisent de l’identitaire, de l’assemblage et de l’ensemble, faisant sortir du chaos ou de l’informe. Et ces mondes de significations sont nécessaires à l’affiliation des individus dans un monde commun.
Car c’est dans les interstices de cet imaginaire partagé que chaque sujet va pouvoir faire plus ou moins de place à l’expression de son désir, à sa capacité d’identification et de sublimation.
Comme le souligne Laurence Gavarini, « confronté à tout ce qui le limite, à ce qui le contraint ou l’aliène à l’Autre par le fait de sa dépendance et de ses manques, le sujet fait des petits choix quotidiens », à travers lesquels il peut manifester sa part d’insoumission et de désir. Mais les possibilités de dégagement supposent déjà une connaissance de ce qui détermine et assujettit. Dans une perspective spinoziste, l’éducation primaire crée initialement des liaisons cognitivo-affectives nécessaires. Ce n’est que dans un second temps qu’un programme de « contre-éducation » peut venir délier et refaçonner les modes d’affection, en conquérant une intelligence de sa propre affectivité dans le sens de la joie commune de participer avec d’autres.
Le déni de cette dimension institutionnelle tend au contraire à livrer l’individu au vide, à une forme d’errance mêlée d’un dérisoire sentiment d’omnipotence, ou d’interchangeabilité. Ainsi, faut-il comprendre certaines symptomatologies contemporaines à l’interface du subjectif et du social institué. Clinique de la désymboblisation. Clinique des vacillements identitaires, des agirs et des conduites addictives ; clinique de l’éparpillement, de l’agitation frénétique et de la fuite ; clinique de l’égarement, de l’instantané et de l’esseulement ; clinique du corps, du langage défaillant et de la traumatophilie…
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Par exemple, Robert Castel identifie la montée d’ « individus par défaut », victimes de désaffiliation, privés des supports et des conditions objectives de possibilité d’émergence subjective. Comment se construire comme sujet, lorsque les significations imaginaires sociales qui identifient sont tellement mal partagées qu’elles ne peuvent plus être mobilisées ? Quand les matrices des différenciations originaires font défaut ? Faut-il en passer par des fantasmes d’autoengendrement ? Ou alors s’enfermer dans des catégories identitaires essentialisées, dans des diagnostics qui enferment et destinent ? Dans des néo-identités marchandisables, entravant toute possibilité de réappropriation et d’élaboration subjective ?
Au fond, le modèle uniquement objectiviste et naturaliste de la biomédecine tend à négliger cette dimension, à travers des explications causales désubjectivées et désubjectivantes. Dès lors, les formes d’expression collective du mal-être subissent de considérables métamorphoses, et tendent à se désinstitutionnaliser, à se déculturer - à l’exception des ancrages militants ?
Le désir d’être diagnostiqué, catégorisé, objectivé, revient finalement à être aliéné par « un imaginaire autonomisé qui s’est arrogé la fonction de définir pour le sujet et la réalité et son désir » (Castoriadis), en faisant l’impasse sur l’être propre comme création sans cesse renouvelée, comme flux et devenir.
A contrario, on pourrait formuler l’hypothèse que la souffrance psychique est inévitablement en rapport avec une forme de dys-institutonnalisation du sujet, c’est-à-dire un détissage des liens entre un membre marginalisé et son espace élargi de socialisation. Et ce à la fois dans les mécanismes causaux que dans les modalités d’expression du désarroi. Car l’être en souffrance tend à perdre son statut de partenaire et d’interlocuteur, reconnu comme tel, et subit un décrochage vis-à-vis des normes et ritualisations collectives. Le trouble psychique est donc corrélatif d’une mise en marge par rapport aux dynamiques communes, aux dimensions d’affiliation, d’alliance, d’appartenance, de coopération, de réciprocité. Là s’impose une forme d’exil, vis-à-vis des logiques de reconnaissance et de l’intégration dans les circuits de don / contre-don.
Le « malade » éprouve donc un désencastrement avec l’altérité sociale, un désaccordage, une désynchronisation par rapport au Temps du Nous. Dès lors, comment tisser un sens commun à l’existence, comment donner une forme partageable aux éprouvés, comment organiser un récit de soi en adéquation avec les cadres socio-culturels, quand les obsessions personnelles n’arrivent plus à s’articuler aux mythes et narrations collectives ? Au fond, le mal-être psychique contribue inévitablement à distendre les processus d’étayage entre psyché et société, allant de pair avec une fragilisation des arrière-fonds institutionnels et une précarisation de la groupalité interne.
Concomitamment, c’est le caractère désirant et désirable de l’existence qui tend à se dissoudre, à mesure que s’effritent la dynamique créative de la communication, ainsi que la possibilité de jouer ou de mettre en scène ce qui nous traverse. A l’aune de cette perte d’espérance, d’aspiration et de confiance dans l’autre secourable, c’est finalement l’intégration du vécu originaire de déréliction et de dépendance qui achoppe tragiquement.
En l’occurrence, les cliniques contemporaines nous confrontent régulièrement à des patients dont le « groupe du dedans » est en souffrance, et qui ne peuvent plus s’appuyer sur une mise en scène narrative et figurative de leurs propres enjeux intersubjectifs à travers la dramaturgie des autres en eux. Ces patients, désertés du groupe, « mésinscrits », présentent évidemment une grande fragilité identitaire ainsi que dans leur mode d’investissement des liens. En effet, ils n’ont pu fonder, ou plutôt co-fonder, les assises intersubjectives qui garantissent un espace où le Je puisse advenir et s’historiciser par le biais d’une appartenance à un Nous.
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Ces configurations psychopathologiques nous interrogent en retour sur les conditions sociétales de l’émergence de la groupalité, et sur leur actuelle mise à mal. En effet, on constate une défaillance de plus en plus prononcée des « contrats intersubjectifs », ces socles qui organisent conjointement les fondements identitaires du sujet et de son groupe d’appartenance, en indiquant des places, en énonçant des interdits, en esquissant un récit commun, etc. Dès lors, l’espace transsubjectif est ébranlé, car il se produit un délitement des cadres partagés avec les autres membres d’une communauté. Et, dans ces conditions, les individus ne peuvent plus s’appartenir à eux-mêmes, dans la mesure où ils n’ont pu s’approprier une place virtuelle donnée ou confirmée sur le plan institutionnel - que ce soit d’ailleurs en l’acceptant ou en refusant une telle assignation. A un certain niveau, c’est d’ailleurs le dispositif même de transmission de la vie psychique entre les générations qui semblent en crise, ce qui vient entraver le pacte des renoncements pulsionnels partiels nécessaires à la vie en commun.
D’après R. Kaes, « les périodes de désorganisation sociale et culturelle se caractérisent par les défaillances des garants métasociaux et métapsychiques ; par le dérèglement de leurs fonctions d’encadrement, de croyances partagées et de représentations communes. L’ébranlement de ces garants, qui recueillent tout l’implicite d’une civilisation, atteint plus particulièrement les fondements de l’ordre symbolique ».
Là se déploie la dimension irréductiblement politique de la maladie, à l’interface des processus de « mésincription » et des phénomènes d’aliénation.
Plus globalement, on peut se demander si les dynamiques institutionnelles et groupales ne sont pas transformées radicalement par leur mutations managériales et marchandes, par leur plateformisation. Dans une logique de marché, réside effectivement le fantasme de liquider l’énigme et l’insaisissable ; tout doit être exposé, rendu transparent et réduit à l’état inoffensif d’informations, ce qui met en évidence le refus implicite de la reconnaissance de l’autre en tant que vecteur d’affects et d’émois. Il n’y a plus de différences instituées, de places, chacun devient interchangeable, consommable, captif d’un entrelacement sans relief ni verticalité. Dès lors, le sujet se dilue au sein d’un « On » hypertrophié, qui tend à absorber toute singularité en entretenant le désir de se dissoudre en tant que simple maillon de la chaîne d’un grand Tout. Les impératifs sont les mêmes, pour tous et partout ; jouir, posséder, autrui n’étant plus qu’une marchandise virtuelle qui doit rester immédiatement accessible, en tout lieu, à tout moment.
En conséquence, il n’y aurait plus de négatif, plus de refoulé, mais un agir permanent dans la consommation frénétique d’un autre réifié et se trouvant réduit à l’état de produit.
Dans le projet de désinstitutionnalisation, il y a aussi la volonté de réduire les aspérités, les reliefs, les antagonismes, les résidus, la part d’ombre et de pourrissement qui pouvait se déposer dans l’institution. De fait, Michel de Certeau soulignait à quel point l’institution « loge la pourriture en même temps qu'elle la désigne ». « En logeant chez elle cette "pourriture", elle la prend en charge, elle la limite à une vérité sue et prononcée au-dedans, qui permet au-dehors un autre discours, celui, noble, de la manifestation théorique ». La merde, la souillure, le remugle, les restes doivent pouvoir se traiter collectivement, et les institutions jouent aussi un rôle de transformation et d’épuration, un sein-toilette, qui recycle et remet en circulation, tout en conservant une trace du négatif ainsi traité.
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Or, en désinstitutionnalisant à outrance, ce sont finalement les articulations et les liens qui tendant à se scléroser, à se boucher par agglomération de détritus accumulés.
Car, selon René Kaes, l’institution est une instance articulaire entre le politique et le psychique, qui permet de « faire tenir ensemble les dimensions subjectives (intra-, inter-, et trans-subjective) et les dimensions du social-historique, en prenant en compte les arrière-fonds culturels et environnementaux ». Les dynamiques institutionnelles « participent à la construction d’un arrière-fond, celui-là même qui conditionne l’émergence d’une forme. Elles sont les matrices trans-subjectives de la construction des sujets (en leur en être subjectif et en leur être social) » (Georges Gaillard).
Comment s’en débrouiller s’il n’y a plus de lieux et de scènes, pour partager, collectiviser et faire vivre les déchirements internes ? Où peuvent se déployer les constellations transférentielles? Que faire de la destructivité et de la conflictualité ? De l’envie, de la rivalité, des fantasmes meurtriers, incestueux, etc. ?
En l’occurrence, les institutions constituent fondamentalement les lieux d’accommodation d’une violence anthropologique indépassable. On peut ainsi observer « l’instabilité passionnelle des communautés à faible institutionnalisation » (F. Lordon). De façon comparable, on peut constater que les sujets « mal institutionnalisés » sont régulièrement les proies d’un déferlement pulsionnel.
D’autant plus si l’on considère que les institutions constituent également des mécanismes de défense contre les angoisses primaires, persécutives ou dépressives, existant chez tout individu.
Mais à qui pourront désormais s’adresser ces sujets pour lesquels l’inscription institutionnelle s’est trouvée entravée ? Où le négatif va-t-il se mettre en scène ?
A l’heure actuelle, ces dimensions instituantes paraissent toujours plus affaiblies par « l’idéologie de l’efficacité, de la performance mesurable, quantifiée, en profonde affinité avec les normes de rentabilité et de productivité. L’institution adopte alors le modèle gestionnaire dominant. Elle est aspirée par la logique de l’Entreprise de production dans laquelle les moyens prennent le pas sur les finalités. La logique est celle de l’acte : la technique, les programmes, les procédures et la supposée expertise occupent l’essentiel de la scène, son organisateur princeps est celui de l’aspiration à une transparence totale » (J.-P. Pinel).
Et, comme le souligne Vincent Di Rocco « les mouvements de restructurations incessants, l’accumulation des contraintes procédurales, les exigences de (mise en) conformité, démutisent ce qui doit demeurer muet, voilé, ombragé, de manière à ce que les professionnels soient à même d’accueillir la négativité inhérente à la tâche primaire, sans être envahie par la négativité issue de l’institution elle-même, et celle émanant du socius ». Dès lors, « les institutions offrent de moins en moins d’espaces intermédiaires, d’espaces ouverts, de tolérance au chaos. Le vertige du contrôle, le management gestionnaire, la traçabilité généralisée, l’idéologie de la transparence sapent les fondements de la confiance et poussent à la mise en place d’une suspicion généralisée ».
Au fond, l’un des mythes contemporains les plus prégnants serait que l’individualisme aurait relégué l’institution au cimetière des anachronismes archaïques. Or, l’institutionnel est toujours aussi nécessairement présent, mais dans des formes qui évoluent : entreprises, agences, applications, plateformes, prestataires, contractualisation, inclusion, privatisation…le tout pris dans la gangue du métacadre institutionnel dominant : celui du marché en tant que superstructure idéologique hégémonique.
A ce niveau se déploie sans doute un éclateur idéologique, ce que René Lourau définit comme une rencontre imprévue entre idéologies extrêmes, diamétralement opposées en apparence, mais qui se retrouvent aux deux extrémités d’un fer à cheval. D’un côté, la revendication d’une libération et d’une déconstruction institutionnelle. De l’autre, le néolibéralisme le plus débridé, faisant de chacun une monade isolée, devant faire fructifier son capital humain.
D’après Michel Chauvière, « l’action publique elle-même, oubliant qu’elle est aussi un langage collectif institutionnalisé pour faire face à la question sociale, devient dès lors un ensemble de programmes et de dispositifs économiques-fonctionnels, plus que jamais sectorisés, segmentés et décentralisés ».
L’enjeu devrait alors être celui-ci : comment, dans ce contexte, maintenir la possibilité de maintenir des institutions vivantes, à même de créer, d’éprouver, de penser, de résister, à même de porter et d’affirmer leur irréductible dimension groupale, en tant que condition même de leur action soignante ?
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Comme le souligne Pierre-Henri Castel, le soin psychique pourrait finalement être appréhendé comme un « rituel thérapeutique » – « autrement dit, comme un ensemble réglé de gestes et de paroles doté d’une forte résonnance affective, dont l’objectif est de retisser les liens entre un membre « isolé » et son groupe social ».
Ce qui implique aussi que toute dynamique thérapeutique soit inévitablement orientée par des finalités institutionnalisantes plus ou moins explicitées et assumée. Dans cette optique, toute thérapie est inévitablement soumise « à un rite d’agrégation sociale », qui doit faire avec les normes et les attendus collectifs.
Les soins sont donc fondamentalement tissés par des « gestes resocialisants », par des « pratiques de communication ou de rétablissement de la communication », par des formes interactives de remédiation d’une « crise de la socialisation primaire », par des dynamiques (ré)instituantes visant une relance des processus de subjectivation, de participation groupale et de réinsertion créative dans les dynamiques collectives.
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A travers le jeu, la parole, la mise en sens, le partage de scénarios, le faire commun, etc., vient finalement émerger dans le lien thérapeutique un imaginaire commun s’appuyant sur des récits et une mémoire partagés.
Le soin psychique est donc à la fois une façon de problématiser certains écueils de l’institutionnalisation primaire, tout en faisant émerger des dynamiques (ré)instituantes à même de relancer le jeu institutionnel, tant internalisé que dans les transactions avec les partenaires sociaux. De la sorte, il ne s’agit pas d’obtenir la normalisation des existences et l’adaptation ou la réhabilitation à tout prix, mais de pouvoir avant tout relancer une participation transformatrice, créatrice et singulière au sein d’un monde commun, afin de « rendre une vie, même difficile et pénible, néanmoins intéressante car désirante, et donc désirable ».
A travers ce processus, le sujet peut finalement se réinscrire dans un destin collectif, « recollectiviser » ses éprouvés, ses expériences, et s’extraire d’un mal-être exclusivement privatisé et enclos. Dès lors, cette remédiation des liens et ce ré-accordage du vécu affectif singulier avec le groupe restaurent la possibilité d’agir, d’interagir et de faire avec les autres.
La relance du jeu relationnel n’est donc pas un simple procédé de réhabilitation, de stabilisation comportementale ou de normalisation ; il s’agit là, fondamentalement, de pouvoir expérimenter et intégrer les dynamiques créatives de la communication-coopération, de pouvoir « réinstituer » les horizons du lien et du collectif.
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Cette fonction institutionnelle de réception, de contenance et de holding, que Pierre Delion qualifie de « phorique », permet également de retisser une trame d’appartenance, ne venant pas réitérer l’expérience traumatique et désubjectivante d’une exclusion fondamentale. Le sujet « en souffrance d’inscription » peut alors se sentir reconnu dans l’expression de sa singularité, à travers des regards croisés et articulés par l’arrière-plan institutionnel.
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Comme le soulignait Castoriadis, l'action politique, mais aussi le soin dans sa dimension la plus élargie, devraient consister « à créer les institutions qui, intériorisées par les individus, facilitent le plus possible leur accession à leur autonomie individuelle et leur possibilité de participation effective à tout pouvoir explicité existant dans la société ».
Et, pour conclure, nous nous associerons volontiers à cette position de Fernand Deligny : « Il ne s’agit donc pas de méthode, je n’en ai jamais eu. Il s’agit bien, à un moment donné, dans des lieux très réels, dans une conjoncture on ne peut plus concrète, d’une position à tenir ».