« Quand la révolte fut connue, le sang des honnêtes gens qui se doraient le torse devant l’eau ne fit qu’un tour. Ils avaient commencé par faire pieusement des vœux pour une prompte répression du défi, mais leur zèle bourgeois ne connut plus de limites quand le tambour de la ville eut annoncé qu’une prime de vingt francs serait versée à quiconque capturerait un fugitif et le ramènerait au fort. Du coup, les chasseurs de crabes aux mollets velus se muèrent en chasseurs d’enfants. Les femmes elles-mêmes retroussèrent leur cotillon et montrèrent ce qu’elles valent au service de l’ordre. Ce fut une joyeuse compétition » Alexandre Danan[2]
Août 1934 : des adolescents de la colonie agricole et pénitentiaire de Belle-Île se révoltent et s’échappent, en réaction à leurs conditions indignes de traitement… Outre la répression féroce émanant du personnel pénitentiaire et des forces de l’ordre, la population locale ainsi que les touristes présents sur l’île se livrent alors à une véritable chasse à l’enfant, non sans une certaine jouissance. A partir de cet événement tragique, certaines interrogations s’imposent. D’une part, comment imaginer une telle maltraitance instituée à l’égard de l’enfance « déviante », au sein de dispositifs spécifiquement dévoués à leur « redressement » et à leur exploitation ?
Et, d’autre part, comment comprendre cette violence décomplexée vis-à-vis de ces enfants en marge et « inadaptés » ? Pourquoi la société civile s’est-elle livrée à de telles manifestations d’hostilité, complètement débridées ?
Ne serait-ce pas là l’expression d’une haine de l’enfance, soudainement autorisée, avec un relâchement de la censure habituelle vis-à-vis de ces pulsions « pédophobes » ?
De fil en aiguille, on en arrive à cette question, assez vertigineuse : comment traite-on réellement nos enfants ? Au-delà des désirs et des revendications de modernité, quelles injonctions pèsent aujourd’hui sur les nouveaux venus ? Est-on vraiment sorti d’une forme de colonisation répressive de l’enfance ?
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Tenter de répondre à ces interrogations supposera sans doute de s’inscrire dans une démarche archéologique, de façon à mettre en évidence toutes les strates impensées qui persistent à orienter nos façons d’accueillir et de traiter les enfants…
Presque un siècle après la révolte des colons de Belle-Île, un nouveau scandale concernant la violence systémique à l’égard des enfants atteint actuellement les plus hautes sphères de l’État. En l’occurrence, malgré les preuves et les évidences, notre ex-premier Ministre, François Bayrou, a toujours nié avoir eu connaissance des mauvais traitements, abus et agressions sexuelles subis par les élèves de l’institution catholique Notre-Dame de Bétharram. Pourtant, dans cette école privée sous contrat, c’est bien un système qui était érigé, pour écraser, dresser, conformer, rabaisser - et violenter. Le corolaire de cette pédagogie traditionaliste, stricte et rigoriste, était indéniablement de briser l’enfance, manifestation ancestrale d’une forme de haine spécifique, de « misopédie » (du grec misos, détestation, haine, et paidos, enfant).
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Que se passait-il donc dans cette institution financée par les pouvoirs publics, et qui ne sera jamais réellement inspectée malgré des alertes récurrentes - pendant trois décennies, les ministres de l’éducation successifs avaient pourtant été informés de graves dysfonctionnements au sein de cet établissement, sans réaction ?
Des mauvais traitements institués comme méthode éducative, dans une école de la soumission par la fatalité et l’humiliation : par exemple, « le « perron » était le nom d’une punition, le châtiment par excellence. Les élèves jugés indisciplinés étaient envoyés sur cette plateforme en bord de rivière pour y rester pendant des heures, parfois des nuits entières, en slip et en tee-shirt, y compris l’hiver. « Une mise à l’écart temporaire pour aider le jeune à comprendre et se calmer », revendiquait un formulaire distribué aux parents. Un purgatoire, en réalité »[3].
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Voilà un supplice parmi d’autres… qui n’était sans doute que la partie émergée de l’iceberg. Brimades, claques, dénigrements, punitions sadiques, sévices corporels… Système carcéral visant à être intériorisé, à travers une forme de terreur omniprésente et d’emprise. Quand la discipline se transforme en brutalité, une institution éducative peut alors se muer en véritable goulag pour enfants, sous couvert de l’autorité religieuse. A moins que cela ne soit le dessein d’origine, de créer une telle organisation dans laquelle il faut devenir agresseur pour survivre, incorporer la hiérarchie qui incite à écraser les plus faibles, les plus jeunes, les plus rétifs à l’ordre dominant. Un véritable microcosme et bain de culture des violences sociales systémiques…Dans cette forme d’incestualité communautaire, on présente « la vérité comme une faute, la pensée comme un crime, et les secrets comme intouchables » (P.-C. Racamier[4]) ; « interdit de savoir, de laisser savoir qu’on sait, interdit de dire, mais également de laisser dire : interdit de réfléchir, de questionner, d’imaginer, et par là-même de penser »[5].
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Ainsi, les élèves étaient plongés dans un système conçu pour briser les esprits, formater les consciences et imposer une soumission totale. Les violences n’étaient pas que physiques ; elles étaient aussi symboliques, inscrites dans une logique de domination et de reproduction sociale. Mais également sexuelles, comme en témoignent les nombreuses plaintes de victimes ayant subis des abus voire des viols, jusque dans les années 2010…Dans une telle organisation d’emprise, les victimes sont culpabilisées ; on induit de la confusion dans la désignation des faits, on minimise, on invalide, on dédouane, afin de garantir le silence des proies et l’impunité des prédateurs. Véritable processus de fabrication institutionnelle des dominants et des dominés…
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A l’internat de Notre-Dame de Betharram, une tradition réactionnaire, voire perverse, était donc instituée pour dresser les enfants dès la fin de l’élémentaire. Les plus jeunes étaient encadrés par des lycéens, eux-mêmes embrigadés et éduqués depuis des années par la violence et le rabaissement. Ainsi se reproduisent les mêmes schémas, où les victimes deviennent les bourreaux, dans un cycle sans cesse réitéré.
Les élèves « déviants », réfractaires, doivent être catéchisés de force, redressés, remis sur le droit chemin, par la force si besoin. Dès lors, ils sont désignés comme responsables de leurs propres martyrs ; ils l’ont bien cherché…Il faut bien corriger le mal par le mal…Ce que les notables locaux, ou les instances dirigeantes, ont validé par leur indifférence.
Et ceux qui osent dénoncer et alerter, à l’instar de l’enseignante Françoise Gullung, sont aussitôt mis au banc et décrédibilisés…
Car on peut bien sacrifier les enfants, à coup de déni et d’omerta, voire de complaisance…pour des ambitions idéologiques, pour maintenir des hiérarchies, pour entretenir une forme de virilité toxique, pour préserver des droits sectorisés, un élitisme autorisant la prédation, le mépris de la vulnérabilité, l’aversion de la solidarité, etc.
Bétharram, c’était l’école de l’endogamie, où les fils de notables apprenaient à perpétuer leur statut, tandis que les autres subissaient l’humiliation et les mauvais traitements.
Or, ce type de dispositif institutionnel n’est en rien une exception. Déjà, cet idéal d’une éducation autoritaire, répressive et disciplinaire, infuse dans certains discours et décisions politiques, comme par exemple avec la mise en place du Service Nationale Universel (SNU) - lequel a d’ailleurs conduit aux mêmes types de dérives, maltraitances, sévices corporels, et abus sexuels. A Moussaron[6], à Kreuzweg, à Climont[7], à Notre-Dame de Garaison[8] ou à Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon[9], les mêmes racines idéologiques produisent les mêmes effets systémiques - nous en verrons de nombreux autres exemples - et ce jusque dans l’institution la plus privée qui soit, la famille …Et pourtant, à chaque fois, ces tragédies sont appréhendées comme des « cas isolés », des dérives exceptionnelles…On persiste à dénier la dimension systémique d’une telle culture « pédophobe ». Les violences faites aux enfants sont recouvertes d’un voile « pudique » après chaque scandale, pour mieux replonger dans le déni.
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Régulièrement, des faits similaires sont pourtant rapportés, venant d’Irlande, d'Angleterre, du Canada, d’Australie…Vastes entreprises de déculturation, de coercition et d’aliénation. Il faut éliminer et purifier le péché infantile, il faut mater les enfants, d’autant plus s’ils ne sont pas de la « bonne » origine, ou de la « bonne » culture. Ensevelir les natifs et les étrangers, à l’instar des pensionnats pour enfants autochtones[10]. Là se déploie un véritable système de domination, dans des espaces fermés, privés, hiérarchisés. Ce modèle de dressage fonctionne toujours par le renfermement autarcique, la loi du silence, la docilité et l’acceptation résignée, par la violence et les humiliations, par les classements et les récompenses alloués aux dominants… Une forme de darwinisme social débridé, à l’échelle d’une communauté, sans compte à rendre à quiconque. Ces institutions deviennent finalement des zones de non-droit, où se perpétue la cooptation permanente des dominants, progressivement intégrés dans un vaste système de pouvoir pyramidal, entretenu par un pacte de complicité et d’impunité. Seule une minorité accédera aux échelons les plus élevés, aux privilèges de la prédation, en exerçant une violence à l’encontre des inférieurs, des déviants, des différents, des plus faibles, lesquels seront définitivement marqués dans leur corps et leur psyché. Mais il faut bien sacrifier tous les résidus d’infantile…
Pierre Macherey[11] rappelle effectivement que, dans la pédagogie jésuite, l’enfant est porteur de défauts intrinsèques, dont il revient aux « éducateurs » d’assurer la gestion et le contrôle, afin de le soustraire à sa nature marquée par le péché. L’institution scolaire doit alors devenir le lieu privilégié où s’effectue cette « renaissance », qui présente le caractère d’un arrachement. Ainsi, « dans les collèges jésuites, le principe fondamental qui ordonne la discipline est celui de la surveillance permanente ». Car il faut impitoyablement réformer l’enfant originellement perverti, afin de le remettre dans le droit chemin, quitte à mobiliser toutes les formes de contraintes et de purification…
Au final, ces traditions de pédagogie punitive légitiment la maltraitance des enfants, et alimentent des politiques de violence institutionnelle à travers tout un appareil discursif qui entretient la confusion entre « impureté » et culpabilité, péché et martyre, punition et rédemption[12]… L’enfance, du fait de sa dimension d’incomplétude et d’immaturité, devient en effet une « cible » spécifique, dont les adultes peuvent, voire doivent, se saisir pour assouvir leurs propres besoins et fantasmes[13]. « Le dragon se tint debout devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, dès qu’elle l’aurait enfanté »[14]…
Dans ces dérives institutionnelles, les mêmes processus sont à l’œuvre : les enfants « placés » ne sont plus perçus comme des sujets de droit, inscrits dans une responsabilité collective, et la société délègue leur gestion et des établissements privés, pouvant alors détourner le regard. Peu importe ce qui leur arrive, peu importe ce qu’ils subissent, peu importe ce qu’ils deviendront. Il s’agit prioritairement de s’en débarrasser, de les envoyer dans les limbes, en les confiant à des intérêts privatisés, voire lucratifs ; des produits rentables, à calibrer pour exploitation. Alors, on ferme les yeux…
Or, au-delà des aspects réglementaires, ces dispositifs institutionnels s’appuient aussi sur des fondements dogmatiques plus ou moins explicites : indéniablement, il s’agit de défendre des principes et des rentes avant de protéger les pensionnaires. Au-delà des missions officielles d’assistance, le mandat tacite est surtout celui de contenir, de discipliner, de brider – et de rentabiliser… Cette confusion des fonctions fait finalement le lit des dérapages.
Car, à partir du moment où un enfant a du mal à se conformer, il est alors perçu comme problématique ; il doit être « réformé », à grand renfort de restrictions, de contraintes, de sanctions et d’humiliations. « La violence devient un mode de survie. Qui pleure trop, qui ne comprend pas les codes du groupe, qui refuse d’obéir, devient une cible » (Lyes Louffok[15]). Subséquemment, c’est une véritable pédagogie qui s’impose là, tant à l’égard des victimes que des spectateurs. On doit définitivement faire l’expérience qu’une telle société autophage peut dévorer ses propres rejetons, et qu’on est soi-même menacé en permanence. Telle est la finalité de « la chasse aux enfants ». En l’occurrence, « face à ces situations de violence institutionnelle, l'enfant n'est pas fragile du fait de sa « petitesse », mais parce qu'il ne peut pas percevoir un danger menaçant l'un de ses « soi » auxiliaires sans se sentir lui-même menacé »[16]. S’il y a des victimes expiatoires, c’est donc aussi pour pervertir l’éducation de tout le collectif enfantin. A travers certains préceptes mis en acte, on doit effectivement apprendre qu’il faut dominer pour ne pas être opprimé : « dans l'école où il y a des boucs émissaires, se forment aussi les loups de l'avenir »[17] …
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Et ces institutions persévèrent, sont entretenues, en bénéficiant du silence, pour ne pas dire de complicités, au plus haut niveau. Or, on peut légitimement se demander si, au-delà de ces formes institutionnelles spécifiques, ce type de colonisation et d’embrigadement de l’enfance n’est pas beaucoup plus généralisé, de façon plus ou moins insidieuse… Ces microcosmes ne seraient alors que des révélateurs d’un système plus élargi de traitement de l’enfance, le révélateur d’un programme de triage eugénique et de perversion du soin. D’ailleurs, l’institution médicale peut contribuer à ces dérives, soit en silenciant les violences, en les médicalisant, soit en participant activement… Dans son enquête sur les pensionnats sanitaires, Fanny Marlier[18] montre que des centres héliomarins de cure, financés par la Sécurité Sociale dans les années 1950-1980 et censés prodiguer des séjours de bien-être pour des enfants souffrants de tuberculose, d’asthme, de rachitisme, ou de maladies dermatologiques, se sont avérés être des lieux carcéraux de maltraitance instituée. Malgré la caution médicale, le ciblage était surtout social, visant des enfants d’ouvriers ou d’agriculteurs, séparés de leur famille et livrés à des encadrants non formés, sans aucun contrôle des tutelles. Les sévices se sont alors banalisés, sous prétexte thérapeutique : piqûres d’eau salée, ingurgitations forcées et tubages gastriques, marches forcées pieds nus, exposition contrainte au soleil jusqu’aux brûlures, coups, humiliations, attachements aux lits, privation d’intimité et promiscuité…Ce système de négligence et de violence a même pu aboutir à des décès, sans intervention des pouvoirs publics….
De fait, les violences faites aux enfants, y compris toutes ces formes de maltraitances institutionnelles, continuent à croupir, année après année, dans les tréfonds de l’agenda politique - quand des courants idéologiques ne viennent pas directement alimenter le sacrifice de certaines populations infantiles, à travers des politiques explicitement répressives. Il faut écraser, éliminer, redresser, enfermer, toujours plus précocement…
Les jeunes les plus précaires, subissant de plein fouet les inégalités socio-économiques et la misère, sont de plus en plus stigmatisés, assignés au statut de mineurs déviants, et exclus de toute attention éducative ou soignante. Car, en parallèle, la mission de protection de l’enfance se délite à vue d’œil, sans que les gouvernements successifs ne s’en préoccupent véritablement, alors même que l’Etat porte une responsabilité majeure dans les atteintes aux droits des enfants.
De façon comparable, les enjeux concernant la pédocriminalité ou l’inceste sont largement évacués par les instances dirigeantes.
Quant à la souffrance psychique, au mal-être, à toutes les formes de divergences ou « d’anormalité », le mépris le plus abject semble de mise… On verra que, désormais, la priorité est au repérage, au dépistage précoce, à la catégorisation des mineurs marginaux, au détriment de l’accueil soignant… Au fond, il s’agit toujours d’identifier la corruption intrinsèque de l’enfant, inscrite dans son déterminisme neuro-génétique, afin de le redresser par des mesures purificatrices, comportementales ou pharmacologiques, dont les remugles punitifs et répressifs sont manifestes pour peu qu’on puisse gratter le vernis inclusivo-bientraitant. Pourrait-on imaginer que les orientations actuelles et le naufrage de la pédopsychiatrie participent de cette culture « misopède », avec l’implication active des instances dirigeantes ?
A suivre...
[2] L’épée du scandale, Paris, R. Laffont, 1961, p 173
[3] https://www.mediapart.fr/journal/france/150225/affaire-betharram-reforme-de-la-justice-la-republique-contre-ses-enfants
[4] L’inceste et l’incestuel, Dunod, 2010, p 57
[5] P.-C. Racamier, Op. Cit, p 115
[6] Dans cet Institut Médico-Educatif privé à but lucratif du Gers, des négligences graves et des maltraitances à l’égard d’enfants polyhandicapés ont pu être dénoncés en 1993, 1994 et 2013. Certains des salariés qui avaient lancé l’alerte ont été condamnés pour diffamation…
[7] Les Centres Educatifs Renforcés du Climont (commune d'Urbeis) et du Kreuzweg (commune du Hohwald), gérés par l’Arsea, ont été dénoncés en 2020 pour des faits de sévices, d’humiliations et de maltraitances de la part de certains membres de l’équipe éducative à l’encontre des mineurs placés par la justice.
[8] Etablissement privé catholique, fondé en 1841 à Monléon-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées et réputé pour son excellence, dans lequel le châtiment corporel semble avoir été la règle durant des décennies pour assurer la discipline parmi les élèves pensionnaires, notamment décrocheurs ou frondeurs. Le directeur prônait effectivement une forme de « pédoplégie », c’est-à-dire de pédagogie par les coups. Ainsi, les surveillants, élèves de Terminale, avaient l’autorisation de molester les plus jeunes, et la spécialité du surveillant général était de fouetter les élèves alignés avec un lacet en cuir tressé. Le dressage se faisait par un climat de peur et de vulnérabilisation systématisé.
[9] Dans ce collège pour « garçons difficiles » située près de Brest s’étaient instaurées une « brutalité institutionnalisée » et des « violences épouvantables » visant à « massacrer » les élèves
[10] Au Canada, c’est un véritable génocide culturel qui s’était ainsi institué à travers la politique de l’enfance. Entre les années 1880 et la fin des années 1990, au moins 150 000 enfants ont été arrachés à leur famille et à leur culture, avant d’être enrôlés de force dans des pensionnats, gérés par l’Eglise catholique, à la demande des gouvernements fédéral et provinciaux. Ces institutions ne se contentaient pas d’annihiler la culture autochtone, elles éliminaient purement et simplement des enfants indigènes - par absence de soins, malnutrition, violences physiques et, parfois, vraisemblablement, en les assassinant – ainsi, en mai 2021, 215 corps d’enfants ont été retrouvés dans le sol de l’ancien pensionnat indien de Kamloops. La finalité de ces établissements n’était manifestement pas l’éducation, mais l’extinction de l’identité indigène. Il fallait « tuer l’Indien dans l’enfant », ce qui pouvait aboutir à « tuer l’enfant indien » …
[11] « À l’école des normes ». In Gavarini, L., Ottavi, D. et Pirone, I. (dir.), Le Normal et le Pathologique à l'école aujourd'hui. (p.15 -35). Presses universitaires de Vincennes, 2022
[12] Matthieu Poupart, Le silence de l’agneau. La morale catholique favorise-t-elle la violence sexuelle ? , Seuil, 2024
[13]Elisabeth Young-Bruehl, Childism : Confronting prejudice against children, Yale University Press, 2012
[14] Livre de l’apocalypse, Ap 12 :4
[15] https://blogs.mediapart.fr/lyes-louffok/blog/220225/betharram-il-est-temps-de-regarder-la-violence-institutionnelle-en-face
[16] La chasse aux enfants. L’effet miroir de l’expulsion des sans-papiers, Benasayag M., Del Rey A., Paris : Éd. La Découverte, 2008
[17] Ibid
[18] Les enfants sacrifiés des pensionnats sanitaires. Enquête sur un passé oublié, Ed JC Lattès, coll. Nouveaux Jours, 2025