Ce 10 avril, un choix déterminant pour les prochaines années se profile. Dès le premier tour, nous pouvons nous débarrasser d’une candidate nocive pour engager la bifurcation écologique, démocratique et sociale. Rapide tour d’horizon du programme de Marine Le Pen, aux antipodes de ce dont notre pays et le monde ont besoin.
Ce 4 avril dernier, à moins d’une semaine du premier tour de l’élection présidentielle, les experts du GIEC ont lancé une nouvelle alerte : nous sommes à la croisée des chemins. Leur message est clair : les cinq ans à venir sont cruciaux. Pour éviter le pire des scénarios climatiques, nous avons même trois ans pour agir.
Face à l’urgence sociale, la guerre aux portes du continent européen, les libertés et la démocratie piétinées, les enjeux de cette élection sont énormes. Pourtant un certain nombre de citoyens - écœurés par la succession de gouvernements qui oublient les besoins populaires - sont tentés par le vote Le Pen. Mais pourquoi se tirer une balle dans le pied ? Au-delà des obsessions xénophobes et d’une politique migratoire aussi inhumaine qu’inapplicable, la candidate du RN occulte les crises majeures que l’application de son programme aggraverait.
Comme les trois singes du conte, Marine Le Pen est sourde, aveugle et muette.
Sourde au climat : la candidate d’une inaction criminelle
Marine Le Pen (MLP) ne se soucie pas du réchauffement climatique. Parmi les 22 mesures phares de son programme, AUCUNE ne parle de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour le Rassemblement National c’est un non-sujet.
À rebours du consensus scientifique et des attentes populaires, le programme de MLP reste sourd aux alertes sur l’urgence d’investir massivement pour la bifurcation écologique. Même dans le détail du soi-disant «sérieux» chiffrage de son programme, on ne décèle AUCUN nouveau moyen pour le développement des transports en commun. Il n’y a rien sur le développement de modes alternatifs de production et de consommation. La politique fiscale du RN viserait même à réduire le coût d’utilisation de la voiture, mais sans rien proposer comme alternative aux modèles actuels de voiture, trop lourds ou trop polluants[1].
Pire, parmi les 68 milliards de recettes annoncées par le RN, 5 milliards concernent les coupes dans les investissements sur la production d’électricité éolienne ! Le programme parle même de « démanteler progressivement les parcs existants ». Quoi qu’on en pense sur l’énergie nucléaire[2], la France ne sera pas en mesure de déployer des nouvelles capacités dans ce domaine au moins à horizon de plusieurs années : Marine Le Pen est donc la candidate de la bougie ou des énergies fossiles. En contradiction avec ses propres discours de souveraineté, elle pousse la France dans la dépendance pétrolière et gazière, avec tout ce que cela implique en termes géopolitiques. Son programme revient à dépendre des cours mondiaux de biens comme le gaz. Il expose les consommateurs et les producteurs à des risques géostratégiques, non contrôlables par la France.
Dans la mesure phare n°12, la candidate d’extrême droite suggère qu’elle compte « relancer la filière nucléaire, hydroélectrique et investir dans la filière hydrogène ». Rien n’est dit sur les moyens alloués pour produire, stocker et transporter l’hydrogène alors que les capacités actuelles sont limitées[3]: si Emmanuel Macron ne croit pas à l’argent magique, Marine Le Pen croit aux paroles magiques.
Aveugle aux besoins fondamentaux : hôpital et personnes dépendantes sont laissées pour compte
Si Marine le Pen oublie l’importance de la crise climatique cela ne veut pas dire qu’elle concentre ces ressources sur d’autres sujets au centre de notre quotidien. Après deux ans de pandémie, la candidate d’extrême droite ne propose aucune solution pour l’hôpital. Si l’on croit le chiffrage de son programme - et c’est difficile de le faire[4] - les mesures annoncées augmentent les dépenses de santé de 2 milliards d’euros par an. Or les documents annexes au Projet de Loi de Finances - que n’ont sûrement pas lus les équipes du RN - rappellent qu’entre 2010 et 2019, l’État a poussé le système de santé à faire plus de 4 milliards d’euros d’économies chaque année. Le programme de le Pen propose donc d’effacer chaque année six mois d’économies budgétaires sous Macron.
Signe de ce manque d’ambition, la mesure phare n°14 prévoit d’« arrêter les fermetures des lits à l’hôpital public et des maternités », sans aucun moyen supplémentaire après des décennies d’austérité et de casse de l’hôpital. Ainsi, alors que Marine le Pen se place en défenseuse de la ruralité, son programme abandonne les déserts médicaux et ne propose rien pour arrêter l’éloignement des maternités des zones rurales à un moment où la mortalité infantile augmente en France.
Pire, le programme de MLP est aveugle aux besoins fondamentaux de la population. Ainsi, malgré le vieillissement de la population à venir, Marine le Pen n’a pas prévu d’investir un seul euro public dans les EHPAD au moment où éclatent au grand jour les déboires des opérateurs privés. Pourtant les projections démographiques poussent vers un plan massif de construction d’établissements spécialisés pour accueillir nos aînés et organiser une fin de vie digne et solidaire.
Muette face à la souffrance des plus pauvres
Les inégalités explosent dans le monde. La concentration des richesses entre les mains de quelques-uns organise l’instabilité de nos systèmes économiques, en drainant, par exemple, des ressources vers la spéculation financière. Pourtant candidate auto-proclamée du peuple, Marine Le Pen ne dit rien du pouvoir exorbitant de certains milliardaires dans le jeu politique, par leur influence médiatique et leur action de lobbying (Institut Montaigne, IFRAP, etc.). Alors que la politique d’Emmanuel Macron a contribué à accentuer ces inégalités par la diminution drastique de la fiscalité sur le capital et à attaquer la protection sociale, le programme du RN n’en dit rien.
Si Marine le Pen compte restaurer les recettes de l’ISF, elle ne reviendra pas sur l’ensemble des réformes fiscales du quinquennat d’Emmanuel Macron. Les plus pauvres sont les grands oubliés du programme de Marine le Pen. Aucune mesure n’est prévue sur les bénéficiaires de minima sociaux ! Aucun budget n’est prévu pour donner un toit aux sans-abris. Que propose le programme du RN pour les plus démunis ? Le renforcement de la lutte contre la fraude, pourtant minime, aux prestations sociales, autrement dit Le Pen élue, ça serait « la chasse aux pauvres ! »
La candidate est aussi muette sur l’autonomie de la jeunesse. La crise sanitaire a montré à quel point les jeunes adultes sont les principaux oubliés de notre système de protection sociale. Les files s’allongent devant les distributions alimentaires dans les facs. Alors qu’il faudrait donner les moyens aux jeunes de suivre leurs études à plein temps, MLP réserve sa générosité pour les jeunes qui travaillent et souhaite même « encourager leur activité ». Autrement dit, Le Pen élue, ça serait « les jeunes au boulot ! ».
Le Pen propose la même rengaine de la politique de l’offre
En dehors de la baisse de la fiscalité sur les produits énergétiques, le plus grand budget prévu par le Rassemblement National est : diminuer de 10 milliards supplémentaires les impôts sur la production (Cotisation Foncière des Entreprises et la C3S). Dans la lignée de la politique de l’offre lancée sous François Hollande et accélérée par Emmanuel Macron, la candidate d’extrême droite ne voit la politique économique que sous l’angle des cadeaux aux entreprises dans l’attente du ruissellement. Cette vision néolibérale du fonctionnement de l’économie par la candidate frontiste est bien détaillée et critiquée dans d’autres sources, comme cet article de Romaric Godin, cette fiche d’Attac ou celle-ci d’Oxfam.
La croyance dans les vertus de l’incitation fiscale va jusqu’à supprimer tout impôt sur le revenu des adultes de moins de 30 ans, qu’il soit trader ou infirmier, le but affiché étant d’éviter l’émigration des traders (français). Avec Le Pen, mon ami, c’est la finance ! Enfin, tant qu’elle est française. Dans la même logique démagogique, défaitiste et coûteuse, le programme compte « supprimer l’impôt sur les sociétés pour les entrepreneurs de moins de 30 ans pendant les 5 premières années pour éviter leur départ à l’étranger ». Ne cherchant pas à affronter la concurrence fiscale mondialisée, Marine le Pen rend les armes. Pire, elle s’accommode bien du manque de patriotisme des jeunes startuppers français qui refusent la solidarité fiscale.
Adepte des vieilles recettes libérales et avec la foi dans le marché, Le Pen propose la même logique économique que les quinquennats Sarkozy-Hollande-Macron. Pour le Rassemblement national, le salaire serait l’ennemi de l’emploi. Son programme ne prévoit donc aucune hausse de salaire. Pour le pouvoir d’achat, on repassera ! Seule une baisse des cotisations sociales patronales est au menu (mesure n°5). Pour l’extrême droite la préservation des profits passe avant tout et assécher les ressources de la Sécurité sociale ne lui pose aucun problème.
Alors que les défis pour l’avenir sont immenses et que la science et la connaissance sont les graines d’un avenir meilleur pour toutes et tous et un gage d’indépendance de notre pays, la candidate du RN ne compte pas investir un seul euro dans l’enseignement supérieur ni dans la recherche. Sourde, aveugle, muette, la voilà maintenant intoxiquée par les dogmes libéraux mortifères.
Une solution à portée de main
Heureusement face aux crises majeures que nous devrons affronter et à rebours des logiques économiques qui ont dévasté notre pays, le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon est disponible. Il est même le plus efficace pour se débarrasser dès le premier tour de la candidate de l’inaction climatique, de l’inaction sanitaire et des vieilles recettes économiques. L’extrême droite, loin de proposer le status quo, aggraverait nos problèmes. Il est urgent de la battre dans les urnes. Mieux, un second tour avec Jean-Luc Mélenchon permettra enfin d’affronter deux modèles de société : celui de la coopération face à celui de la concurrence. Et dès le 25 avril, nous pouvons avoir une perspective de progrès humain qui affronte les défis de notre ère. Pour cela il nous faut voter Jean-Luc Mélenchon le 10 et le 24 avril .
[1] Voir par exemple, partie V, Intérêt général, « 100 jours pour une rupture : quand la gauche essaiera », note #23, mars 2022.
[2] Intérêt général, « Planifier l’avenir de notre système électrique - Épisode II: Planifier un système électrique au service d’impératifs sociaux, écologiques et démocratiques », note #22,février 2022.
[3] Intérêt général, « Planifier l’avenir de notre système électrique - Épisode I : Les enseignements des scénarios de transformation du système électrique », note #22, février 2022.
[4] Pour être sincères, il est difficile de croire à un document rempli de fautes de grammaire, signe probable que le document n’a été relu par personne, et qu’au fond personne -y compris au sein de l’équipe de la candidate- ne le prend au sérieux. Son équipe semble multiplier les milliards mais oublier les accords les plus basiques. Quelques exemples :

Agrandissement : Illustration 1

La mesure 15 du programme semble particulièrement urgente parmi les équipes de la candidate : « remettre au cœur des programmes l’enseignement du français »