Billet de blog 3 décembre 2023

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1973 : Reggae hit the world

Etrange... on n'a pas encore parlé musique dans cette édition du Black Rebel Mediapart Club! Une hérésie, au regard de notre composition d'équipe d'une part (210.000 membres recensés à l'attaque de la saison 22-23), et d'autre part de la profusion musicale de l'année 1973.

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Le péquenot moyen (c.à.d. bibi) ne jurait alors que par le rock, britton de préférence. Et rappelez-vous en la matière l'abondance de pépites albuminées, en cette époque épique. Je n'en détacherai aucune, sinon on va encore s'engueuler...

Parlons plutôt de quelque chose de généralement fédérateur, en dépit du contexte perpétuellement agité de la funky Kingston. "Reggae hit the town", chantaient The Ethiopians en 1968. Mais celui-ci n'avait pas encore atteint son incroyable reconnaissance universelle. Et encore moins collisionné, sinon fracassé, mon modeste réceptacle cortiqué.

Alors, pourquoi le fit-il cinq ans plus tard? Excellente question, dont l'excellente réponse se base sans surprise sur la consécration internationale de Robert Nesta Marley himself. Laquelle intervenait au bout d'une décennie bien dans le ton des artistes jamaïcains, surexploités par des producteurs parfois talentueux, souvent hallucinés, et toujours grippe-sous.

Cette dernière caractéristique épargnait Chris Blackwell, déjà une légende vivante de la production touche-à-tout, qui dans ses périodes de galère pouvait compter sur le soutien financier de sa riche famille. Aussi la collaboration à éclipses de trois potes d'adolescence prit-elle l'allure d'une foudroyante épopée en marche, lorsqu'il leur "offrit" les services de son prestigieux label Island.

Ici, une parenthèse pour souligner les guillemets (on n'est jamais trop ponctuateur, points de suspension)... Neville Livingston alias Bunny Wailer, dernier du trio à quitter ce monde en 2021, n'eut jamais une haute idée de leur lanceur spatial humain. Usons d'une litote : à son avis, ledit Christopher Percy Gordon Blackwell eût tout aussi bien réussi en tant que vendeur de tongs brésiliennes aux chasseurs paléoesquimaux.

Mais ceci est un autre chapitre de l'histoire, aussi clivant que le conflit dionyso-bellevillois. Pour la discographie officielle, en dehors des singles, compilations, rééditions, remastérisées ou non, et autres objets (de qualité) portant le plus souvent la mention "Bob Marley & the Wailers", le groupe originel c'est deux albums et puis c'est marre. Au sens propre de l'expression, les départs conjugués de Bunny puis Peter Tosh mettant fin à ce parangon de diffusion très maîtrisée.

Car existe-t-il plus phénoménal doublé que celui des Wailers sortant consécutivement Catch a fire et Burnin' en ce prodigieux millésime? (le premier en décembre 72 plus exactement, pour ces salopards de britiches qui ont tout avant tout le monde en roulant à gauche  😠)

Autre interrogation, plus personnelle et vraie raison de ce billet : comment un rasta mutique et entre deux âges de Hell-Bourg, 97433 La Réunion, France, se les était-il procurés? On ne trouvait là-bas pas un touriste, en cette période bénie de Jah. Tout juste par-ci par-là un early crapahuteur dans le cirque de Salazie, ou un mataf envapé (c.à.d. bibi) s'étant trompé de direction à la Pointe des Galets... c'est par là mon bateau?

Toujours est-il que le bonhomme était l'heureux propriétaire du Teppaz que je n'avais jamais eu (normal, je n'avais rien à mettre dessus, même pas un 78T d'Ouvrard). Et que ce privilège exorbitant valait bien le risque de glisser deux tympans (non, pas deux zoreilles, malheureux!) parmi la douzaine religieusement consacrée à... "Get up, stand up !!" pas encore passé à la postérité.

L'honnêteté exige de préciser qu'un important mouvement de foule patibulaire d'une sizaine de personnes m'éloigna du sanctuaire bien avant "I shot the sheriff". Et que je ne suis pas marteau au point d'avoir fouillé mer, terre et air pour obtenir ces galettes aisément accessibles quelques années plus tard.
Mais si quelqu'un parmi vous a trucidé un sujet de Sa Majesté pour s'approprier l'édition au zippo de Catch a fire voici cinquante ans, je suis disposé en échange à éliminer qui il ou elle voudra. Merci de me contacter en messagerie privée.

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