«La dynamique» qui porte François Hollande «vient du fond de l’histoire de la gauche», où s'inscrivent «l'audace et la liberté» de la précédente candidate socialiste. Par Jean-Louis Bianco, député, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, et Jean Pierre Mignard, avocat, candidat aux législatives dans les Bouches-du Rhône.
-------------

La gauche et François Hollande peuvent espérer la victoire, mais rien n'est gagné même si les indices sont là et ne se dénombrent pas seulement dans les sondages.
Le mouvement qui s'est constitué et qui va s’amplifier pour finalement l’emporter doit à la patiente construction de son projet par François Hollande, au rythme qu’il imprime à sa campagne et surtout à la liberté de ses prises de position:
La dynamique vient du fond de l’histoire de la gauche et à la victoire de François Mitterrand en 1981 qui avait brisé la spirale d'échecs dans lesquels était enfermée la gauche depuis des dizaines d’années, à la modernité des thèses de Michel Rocard ou de Jacques Delors, à la rigueur éthique de Lionel Jospin et nous rajouterons à l'audace et la liberté de Ségolène Royal.
C’est pour elle que François Hollande rappelle à la vigilance afin que la place qui lui revient lui soit rendue et il a raison.
Il y a eu sans aucun doute bien des maladresses et des improvisations dans sa campagne, mais qui peut s’en dire à l’abri ? Elle fut victime d’un tir de barrage comme peu en ont essuyé. Elle n’a pas toujours reçu le soutien qu’elle aurait pu espérer. Mais elle a su redonner à la gauche le gout de l’inventivité politique, la liberté de sortir du périmètre ou le conformisme, sournoisement, vous assigne et enlise.
Qui n’use aujourd’hui de l’ordre juste comme marque de la société à édifier ? Qui ne reconnait qu’elle fut la première à manifester à la fois une attention prioritaire à l’égard des cités populaires. Et rajoutons-nous sans rien céder sur le droit à la sécurité de tous. Elle fut la première encore à promouvoir l’instauration d’une banque publique en soutien spécifique aux PMI /PME, et un cadre juridique identique au small business act aux Etats Unis.
La démocratie participative c’est elle encore. Elle n’est pas à omettre en temps de crise, en temps de crise surtout. Et l’exigence environnementale à l’heure où tout pousse à l’oublier. Au moment où l’Europe hésite et vacille, elle prônait des Etats Unis d’Europe comme le seul remède à des demi-solutions à des problèmes demeurés entiers. Rêveries ? N’est-ce pas là ou peu à peu nos amis allemands du SPD notamment, et même quelques voix de la CDU, parviennent alors que s’impose peu à peu l’évidence que les peuples d’Europe ne contiendront la tempête ultra libérale qu’unis ? Enfin elle a fait la chanter La Marseillaise avec cœur à des centaines de milliers de français réconciliant les français de gauche avec le drapeau tricolore confisqué par la droite nationaliste. Ce n’est quand même pas mince.
Ségolène Royal, on le vérifiera encore à l’occasion de cette campagne, a conservé l’amitié et l’estime des électeurs. Chacun sert à sa place. La sienne est éminente à défaut d’être première. La vigilance à son égard à laquelle appelle François Hollande, demain le 6e président de la République Française, espérons-le, ce n’est pas seulement de la courtoisie, même si ce n’est jamais superflu, c’est de la reconnaissance.
Par Jean Louis Bianco, député, ancien ministre, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence
Et Jean Pierre Mignard, avocat à la Cour, candidat dans la 2ème circonscription des Bouches-du Rhône