Billet de blog 27 mars 2012

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Le printemps des quartiers populaires, avec ou sans le Front de gauche

«Entre l’idéal républicain d’égalité et de justice sociale symbolisé par la prise de la Bastille et la réalité paupérisée de ces territoires abandonnés de la République, la route est longue et  parsemée d’embûches clientélistes et oligarchiques, même au Front de Gauche», regrette Mohamed Bouklit, membre du Conseil national de campagne du Front de Gauche et président de l’Université populaire Montpellier-Averroès.

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«Entre l’idéal républicain d’égalité et de justice sociale symbolisé par la prise de la Bastille et la réalité paupérisée de ces territoires abandonnés de la République, la route est longue et  parsemée d’embûches clientélistes et oligarchiques, même au Front de Gauche», regrette Mohamed Bouklit, membre du Conseil national de campagne du Front de Gauche et président de l’Université populaire Montpellier-Averroès. 
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Illustration 1
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Voilà plusieurs décennies que, dans les quartiers populaires, nous avons décidé de prendre notre destin en main et de devenir les sujets libres de notre propre histoire politique, en entamant une révolution citoyenne pour nous libérer des carcans d’un régime oligarchique, clientéliste et capitaliste qui nous asservit. C'est dans cet esprit que nous organisions, il y a trois ans à Montpellier, des Etats généraux de la citoyenneté, pour dresser le constat des réalités sociales et politiques.
 
Nous avons pris la responsabilité historique, il y a un an, de donner une nouvelle orientation à notre révolution citoyenne en présentant une candidature citoyenne sur le neuvième canton de l'Hérault, soutenue par le Front de gauche. Cette dynamique politique nouvelle nous a permis d’éliminer au premier tour, avec près de 22% des suffrages, la droite et l’extrême-droite. Nous avons ainsi offert à la population le choix entre deux gauches: la gauche traditionnelle, incarnée par un Parti socialiste local post-frêchiste divisé, et une autre gauche, citoyenne, ancrée dans les quartiers populaires, répondant aux aspirations de la population. A l’issue du second tour, ce seront près de 35% des électeurs qui opteront pour une véritable transformation démocratique, sociale et écologique dans les quartiers populaires. Notre présence et notre engagement dans le débat politique citoyen ont contribué à exprimer avec force les attentes et les aspirations de la population sur les questions de sécurité, de logement, d’emploi et de formation des jeunes, d’accueil de la petite enfance, de prise en charge des personnes âgées, de démocratie participative, du vivre ensemble.
 
Dans la foulée, nous avons porté notre engagement citoyen à l’échelle nationale, dans la perspective des futures élections présidentielles en lançant le 30 juin 2011, sur Mediapart, l'appel Pour un Front de gauche des quartiers populaires: pour faire des quartiers populaires un enjeu importants des scrutins à venir, notamment de la présente élection présidentielle. Quelques jours plus tard, Jean Luc Mélenchon, tout nouveau candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle, répond à notre appel national en nous rencontrant dans le quartier de la Paillade, à Montpellier. Il promet alors de prendre en compte, dans sa campagne, cette question prioritaire et nous encourage dans la voie de l'insurrection citoyenne. Il m’invite à rejoindre le Conseil national de campagne du Front de gauche, présidé par Pierre Laurent, à l’automne.
 
Nous avons alors accepté d’entrer dans cette dynamique plurielle du Front de gauche, qui en principe a vocation à devenir un véritable Front populaire, en incluant en son sein d’autres composantes citoyennes et syndicales, comme les mouvements issus des quartiers populaires et de l’immigration postcoloniale. Nous avons considéré que le Front de Gauche pouvait être un outil d’éducation populaire capable d’accompagner les révolutions citoyennes.
 
Hélas, au fil des mois, alors que la révolution citoyenne en marche est un processus historique irréversible, nous avons vu, au sein du Front de gauche, apparaître des esprits chagrins qui souhaitent voler au peuple sa révolution citoyenne, en reproduisant les mêmes pratiques oligarchiques et clientélistes qu’ils dénoncent. Plus concrètement, nous allons nous apercevoir de l’absence de prise en compte réelle de la question prioritaire des quartiers populaires pour laquelle nous nous sommes engagés au Front de gauche.
 
Je ne comprends pas pourquoi la direction de la campagne nationale serait ouverte aux seuls partis politiques, comme s’il préexistait une sorte de pacte de Yalta entre les partis politiques à l’origine du Front de gauche historique. Je ne comprends pas pourquoi les décisions sont prises en catimini, sans concertation avec les véritables acteurs, qui sont les principaux moteurs des révolutions citoyennes, notamment dans les quartiers populaires.
 
Le Front de gauche doit saisir ce moment historique pour apporter un véritable message d’espoir, de confiance et de solidarité envers ces territoires abandonnés de la République, et dialoguer avec toutes les forces autonomes de progrès dans notre pays.
 
Dans tous les cas, avec ou sans le Front de gauche qui devrait être un vecteur d’émancipation du peuple, il ne fait aucun doute que surgira en juin prochain, dans plusieurs quartiers populaires, une véritable insurrection citoyenne et électorale. Il ne fait aucun doute que nous aurons un printemps révolutionnaire, un printemps des quartiers populaires, un an après les printemps arabes. Des collectifs entrent depuis des années en résistance citoyenne. Leurs acteurs sont, comme je l’écrivais il y a quelques mois, les nouveaux sans culottes de la République et l’âme d’une République vivante, laïque et solidaire. Ils se rassembleront pour porter ensemble la véritable parole du peuple.
 
Pendant plusieurs années, nous n’avons cessé d’espérer l’émergence d’un véritable Front populaire qui inclut et prend en compte de manière égalitaire les mouvements issus des quartiers populaires et de l’immigration postcoloniale. Entre l’idéal républicain d’égalité et de justice sociale symbolisé par la prise de la Bastille et la réalité paupérisée de ces territoires abandonnés de la République, la route est longue et  parsemée d’embûches clientélistes et oligarchiques, même au Front de Gauche.
 
Vive la révolution citoyenne.
 
Avec détermination.

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