Une émission à marquer d’une pierre blanche, à conserver comme un doux souvenir, parce qu’après on se dira « c’était AVANT ! ».
Avant qu’IL ne déclare sa candidature. Ses partisans ne le croient pas, mais cette émission devrait les en convaincre : le système croise les doigts pour que Mélenchon se déclare candidat pour 2020.
Quel échange de gentillesses ! « Vous êtes un philosophe connu Mr Badou »… Parlons de Sophocle … des Atrides … des trains où l’on est monté et dont on ne peut plus descendre « C’est personnel et philosophique, voyez-vous c’est comme cela que je suis… ». Ou, plus loin : « l'Univers ne va nul part, ça c'est de l'existentialisme... ».
Et ces déclarations un peu hallucinées : Moi, voyez-vous, je ne recherche pas la GLOIRE : c’est fait ! 😳 La notoriété : c’est fait ! Le leadership : c’est fait ! (12h30).
La gloire, en effet, pas moins. C’est ce que confirme le portrait de Laurence Peuron ! Pour évoquer Mélenchon, voici convoqués Louise Michel (!), Robespierre (!), Jaurès ( !!) , Mitterrand (!!!) … et Louis XI (sic) 😮.
Sur le fond ? Une seule chose : l’unité n’est pas possible, ni nécessaire.
Passé le choc de cette émission hagiographique (pleine de sourires et de coups d’œil câlins –il faut voir la vidéo !), parlons de ce peu de chose : l’unité.
Pour J.L.M. elle n’est donc ni possible, ni nécessaire. Pourquoi ? Parce qu’il y a des divergences insurmontables : sur la forme de l’Europe, sur l’Etat, sur la Planification, sur la VIème République.
Quelle étrange méthode ! Deux ans avant l’élection, refuser tout débat et décréter que les divergences sont insurmontables !
Sur « la forme de l’Europe » ?
Vieux débat corne au cul !(1) Le Parti de Gauche s’est déchiré là-dessus pendant des années sur le mode : « Tu n’es pas aussi anti UE que moi ! » et encore aujourd’hui, il ne manque pas de blogs pour surenchérir. Pourtant Jacques Généreux a dit ce qu’il fallait dire : «Si nous arrivons aux affaires, nous appliquerons notre programme et si l’UE y trouve à redire, on s’en fiche ». Y a-t-il un homme ou une femme politique de gauche aujourd’hui qui est prêt à déclarer publiquement : « Non ! Si l’UE nous censure, on se couche ! ». Je prétends que ce fameux désaccord, c’est dans une large mesure du vent !
Sur l’Etat ? De quoi s’agit-il ? Aucun débat n’est possible sur des désaccords profonds qui existeraient à propos de l’Etat ? C’est grave ! Sur la Planification ? Mélenchon se félicite du fait que Macron parle aujourd’hui de planification, mais il ne peut pas débattre avec les Verts de la planification écologique ? Qui va croire cela ?
Sur la VIème République ? Quel est la force politique de gauche qui approuve la Monarchie Républicaine ? Qui ne demande pas que le parlement ait davantage de pouvoir ? Qui demande que l'on garde le 49.3 ? Qui ne demande pas qu’il y ait davantage de proportionnelle ? Qui n’accepte pas une forme de référendum d’initiative populaire ? Aucun débat possible sur ces sujets à gauche ?
Mensonges !
Jean-Luc Mélenchon refuse tout débat, comme il a refusé tout débat dans la France Insoumise. Pourquoi ? Parce que le débat déboucherait sans aucun doute sur un accord qui ne serait nullement « le moins disant ». Et sur la base de cet accord, il ne resterait qu’à choisir le porte-drapeau. Mais sur ce point, OUI, aucun débat n’est possible pour Jean-Luc Mélenchon !
(1) "un débat corne au cul" : on ne connait pas bien l'origine de cette expression qui désigne un débat grotesque. Pour certains cela renverrait à une représentation du Diable. Ce qui est sûr c'est la création par Rabelais du mot "cornecul" qui pourrait, toujours pour désigner un débat grotesque, faire allusion (comme souvent chez cet auteur) à un pet. Ici, donc, "corne" serait l'instrument produisant un son caractéristique.