Utopie n°8 - Geneviève Jacques
C’est un beau mot , l’hospitalité. Parce qu’on peut l’offrir et la recevoir. L’offrir à un étranger qui vient chez moi. La recevoir quand c’est moi qui suis une étrangère chez lui. Hôte est un mot réversible . Qui n’a pas vécu le bonheur d’être accueilli et la joie d’accueillir, en hôte ?
L’hospitalité est éminemment souhaitable, quand on voit où nous mènent les pratiques « d’inhospitalité » actuelles. Elle est possible à expérimenter au niveau personnel.
Alors pourquoi ne pas croire qu’on pourrait inventer d’autres politiques d’accueil des étrangers fondées sur un principe d’hospitalité ?
Pour nous aider à envisager cette question , il est stimulant de lire cet extrait du commentaire que Paul Ricoeur a fait du texte de Kant sur l’hospitalité universelle dans son « Projet de paix perpétuelle ».
« Hospitalité signifie le droit qu’a l’étranger de ne pas être traité en ennemi.. .
Ce passage est vraiment étonnant, avec cette idée d’invoque la finitude géographique : parce que la terre est ronde , ses habitants doivent se supporter, c'est-à-dire pouvoir habiter n’importe où sur la ronde boule. Donc, c’est le principe même du droit- la coexistence des libres arbitres dans un espace fini- qui aboutit à l’hospitalité. Quel fabuleux argument !..
Cela ne signifie pas que chacun devienne de ce fait citoyen de n’importe où ; autrement dit , l’argument ne s’attaque en aucune façon à la souveraineté , mais à la xénophobie.
Il y a un espace de juridiction qui est l’Etat, et Kant dit seulement que tout homme a le droit d’habiter dans cet espace de juridiction , d’y être reçu »
Et si c’était une utopie réaliste ?
Geneviève Jacques est engagée à La Cimade depuis 1965, secrétaire générale de 1988 à 1996 > migrations, faites circuler les utopies