La Suisse a décidément la tête dans les nuages –pour mieux oublier peut-être ses turpitudes sociales sur lesquelles nous reviendrons dans quelques jours.
Fin avril, Olivier Vietti-Teppa s’envoyait en l’air avec la réplique d’un parachute élaboré selon les plans de Léonard de Vinci (voir article posté par Fred Oberson en infra.). Les vaudois Bertrand Piccard et André Borschberg planchent quant à eux sur un tour du monde en avion solaire (http://www.solarimpulse.com/fr/index.php).
Et hier aux alentours de midi, Yves Rossi, ancien pilote de chasse, 48 ans, se retrouvait seul dans l’éther avec une aile individuelle propulsée par 4 réacteurs Jet-Cat P200 de 22kgs de poussée chacun à près de 300km/h. Une première mondiale.
Attendu comme le Messie par la presse internationale héliportée à 2000 mètres d’altitude, FusionMan (sobriquet un peu malheureux qui veut synthétiser le rapprochement saisissant entre l’homme et l’oiseau), dont la silhouette fuselée et racée semble en adéquation avec les engins qui partagent son quotidien, incarna tantôt la majesté et la grâce sereine du rapace survolant les Alpes (ses ailes font deux mètres cinquante d’envergure), tantôt le clinquant d’un super héros de fureur et d’acier sorti tout droit de comics américains.
De ce point de vue là, les adeptes du wingsuit (http://www.youtube.com/watch?v=tqW6O_dcF2M) se rapprochent plus du vol des oiseaux en respectant le silence sidéral que les 4 réacteurs d’Yves Rossi déchirent.
Mais la performance reste inouïe. Cet Icare contemporain ne compte pas en rester là. Il projette de traverser la Manche en augmentant l’autonomie de son engin. Toujours plus fort, jusqu’à s’en brûler les ailes ?
« En volant, je goûte de rares instants de plénitude pendant lesquels je fait partie du grand tout » déclarait-il avant sa conférence de presse. C’est pour cela qu’il fascine. Il cristallise le rêve des plus grands sages. Peut-être n’aura-t-il un jour plus besoin d’ailes pour le réaliser.