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Billet de blog 27 novembre 2008

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Elections au Conseil fédéral

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En Suisse, les deux Chambres réunies s’apprêtent à élire les sept conseillers fédéraux. L’année dernière, Christoph Blocher, grande figure de la droite populiste, n’avait pas été reconduit à son poste suite à une alliance réunissant les députés de la gauche et du centre droit. Toutefois, le départ de Samuel Schmid, membre comme Blocher de L’Union Démocratique du Centre (UDC), semble redonner du champ libre à celles et ceux qui souhaiteraient offrir la possibilité au tribun zurichois de faire son retour sur la scène de la politique fédérale.

Les élections des conseillers fédéraux suisses ne suscitent normalement pas de grandes manœuvres stratégiques au sein des différents partis politiques. L’année dernière, pourtant, une coalition fatiguée du travail de sape de Christoph Blocher, alors conseiller fédéral, l’avait privé de son mandat au profit d’une autre figure du parti de l’Union Démocratique du Centre, Evelyne Widmer-Schlumpf. Le second membre de l’UDC présent au Conseil fédéral, Samuel Schmid, vient de donner sa démission : il ne se présentera pas lors du prochain mandat. Le petit monde de la politique fédérale est sens dessus dessous. Qui se présentera à la candidature du second poste auquel l’UDC a droit selon le bon vieux système de la « formule magique » ?

Une formule magique désuète ?

Souvent décrite comme le pays du consensus et de la concordance, la Suisse choisit ses représentants à l’Exécutif non pas par une méthode instituée dans les lois fixant la marche des affaires politiques, mais selon une sorte de remède de grand-mère, la fameuse formule magique, qui stipule que chaque parti obtient un nombre de siège au Conseil fédéral au pro rata du poids électoral qu’il représente. La répartition actuelle est la suivante: deux postes pour le Parti socialiste (PS), un poste pour le Parti Démocrate Chrétien (PDC), 2 postes pour le Parti Radical (PRD), deux postes pour l’Union Démocratique du Centre (UDC). Pour bien saisir le sens de la formule magique, il faut ajouter qu’à ces critères d’ordre arithmétique s’ajoute la nécessité de former une sorte de programme politique minimal toujours plus mis à mal par la polarisation des idéologies et des valeurs défendues par les partis en présence. Le système fonctionne ainsi depuis 1959, procédant à des modifications dans les représentations des partis lorsque l’un d’entre eux prend de l’ascendant sur un autre. Ainsi, en 2003, le PDC qui possédait jusqu’alors deux sièges, en avait rétrocédé un au profit de l’UDC suite à une déculotée électorale.Si le nombre de sièges par parti ne fait pas l’objet d’une remise en cause globale, les personnes se présentant au Conseil fédéral ont parfois échoué à se faire élire. En 1993, par exemple, Christiane Brunner, candidate officielle présentée par le PS, est jugée trop à gauche par les parlementaires, qui lui préfèrent une autre socialiste, Ruth Dreifuss.

La cuvée 2008

Cet événement mérite d'être rappelé aux membres de l’UDC qui criaient au complot suite à la non-réélection de Christoph Blocher. Ce dernier a certes été évincé, mais dans les règles de l’art, par un grand nombre de parlementaires fatigués de ses positions peu consensuelles et provocantes. L’année qui vient de s’écouler a été riche en événements sous la coupole fédérale. L’UDC n’a pas digéré l’éviction de Christophe Blocher et a exclu du parti ses deux conseillers fédéraux, Evelyne Widmer-Schlumpf et Samuel Schmid, car ils refusaient de rendre leur tablier et d'entrer dans l'opposition. Samuel Schmid, visiblement fatigué, a fini par jeter l’éponge: il ne se représentera pas. Depuis lors, les conjectures vont bon train. Différentes sections cantonales de l’UDC ont désigné leurs poulains et le choix des zurichois s’est porté sur… Christoph Blocher, ce qui ne manque pas de faire grincer des dents au sein même de son parti. Les Ecologistes, force politique montante, ont également désigné une « candidature de combat ». Cette dernière pourrait s’avérer fort dangereuse si l’UDC ne parvient pas à resserrer les rangs autour d’une candidature que le centre droit pourrait valider. Les paris sont ouverts mais les oracles se font curieusement discrets. Pas besoin du suffrage direct pour obtenir les ingrédients nécessaires au suspens d'une bonne élection.

Guillaume Henchoz

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