Mes grands-parents avaient bien tenté de me surnommer Lili, mais ça n’a pas plu du tout dans la famille et rapidement, Zaza s’est imposé. Certains préfèrent Za et si finalement, j’ai choisi Zazaz, c’est un peu contrainte et forcée, car les pseudos Za, Zaza ou Zaz étaient toujours pris. Parfois, j’ai même dû ajouter deux ou trois Z.
Quand j’étais petite, je n’avais pas la télévision, mais le Señor Zorro était déjà mon héros quand je passais les jeudis après-midi avec mon grand-père qui ressemblait un peu à Bernardo. J’étais Zorro et Pépé, mon Bernardo, muet et docile. Et puis c’était une époque où l’on ne pouvait pas encore zapper d’une chaîne à l’autre au risque de semer la zizanie dans la famille.
Je ne sais pas si c’est de ce Don Diego de la Vega que je tire mon zèle à combattre les injustices en avançant masquée pour mieux zieuter les malheurs des pauvres zigotos. J’ai aussi porté la cape, mais je préférais le poncho des cowboys des westerns de série Z qui ont rapidement détrôné ce vieux renard de Zorro, finalement un peu trop hidalgo à mon goût d’enfant révolutionnaire tendance Zapata plutôt que Zéro de conduite (quoi que).
J’ai zigzagué toute mon enfance entre les justiciers, les brutes et les truands et il m’en reste un zeste de mélancolie, car je les ai gardés longtemps au zénith de ma culture cinématographique avant que les inoubliables musiques de Mikis Theodorakis ne viennent détrôner celles d’Ennio Morricone. De Z à Zorba le Grec, il n’y a qu’un pas pour atteindre Zeus que ma fille ne m’aurait jamais pardonné d’oublier pour cet abécédaire.
Plutôt que de s’intoxiquer à l’oxyde de zinc, allons donc danser le zapatéado et nous en jeter un petit sur le zinc du bar d’à-côté, ça nous rafraîchira !
Zoubizatoutezétous
Zazaz

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