S comme Sexyphobie
La sexyphobie est une haine et un rejet des artifices féminins (bijoux, collier, chaussures, etc) et du corps (peau ou partie du corps féminin) en ce que ce corps est susceptible d'attirance sexuelle, d'érotisation supposée ou réelle néfaste, jugée nuisible ou coupable. Forme avérée de sexisme, la sexyphobie porte rarement contre les hommes en short ou torse nu, sauf par conformisme visant à imposer aux hommes comme aux femmes des tenues dites "de ville" dans les stations balnéaires. Elle peut par contre porter contre des très jeune filles innocentes que l'on va couvrir de la tête aux pieds.
La sexyphobie tend à criminaliser la femme trop peu habillée et corrélativement à déculpabiliser l'homme qui l'agresse. Il faut penser ce rapport au lieu de l'occulter . Il est courant, allant de l'école au commissariat ou l'on questionne d'abord la tenue de la jeune-femme avant de juger le comportement du jeune-homme.
La sexyphobie ne vient pas exclusivement des intégristes religieux (1) notamment musulman ou juif haredim - qui sont eux dans une vigilance quotidienne et maladive sur ce point - elle peut venir aussi d'hommes ou de femmes sans religion mais très conformiste sur l'habillement : la jupe peut ou doit avoir telle hauteur au-dessus du genoux, le décolleté telle profondeur maxi, les talons telle hauteur aussi, etc...
La sexyphobie relève, peu ou prou, d'une "police des moeurs" dans le sens du "couvrir plus" qui ne sévit pas qu'en Iran (ou elle atteint un haut niveau d'oppression).
La sexyphobie se distingue du sexoséparatisme.
La sexyphobie compléte parfois le sexoséparatisme entre hommes et femmes (séparatisme sexué) ou les hommes ont droit de sortir librement alors que les femmes doivent rester à la maison. Si elles sortent c'est alors accompagnées d'un homme de la famille et entièrement voilée, y compris le visage parfois ("décennie noire algérienne"). On a là un ensemble culturel très patriarcal ou une interprétation sexiste de la religion sert de légitimation.
Dans un autre contexte moins sévère, la sexyphobie institutionnelle interdit par exemple le sein nu des femmes en piscine sauf sur la serviette ou il y a tolérance. Le sexoséparatisme peut lui promouvoir des temps de piscine séparés entre hommes et femmes. La motivation peut ici être réactionnaire (ex: Tariq Ramadan : que regardes-tu en piscine mixte ? - et le sexoséparatisme est obligé et constant) ou progressiste (disposer d'un en-soi protecteur d'une certaine masculinité et le sexoséparatisme est alors occasionnel et contractuel)
Pour aller plus loin
L'ensemble de la question sexyphilie - sexyphobie porte, selon nous, sur le regard masculin hétérosexuel dominant.
Sans développer ici ce sujet on va distinguer le regard hétérosexuel instinctif et automatique de celui qui ne "décolle" pas. Voire celui qui se retourne pour continuer de mieux voir la femme qui a suscité son regard. Il existe une pulsion masculine forte dans le regard dit "concupiscent" masculin, objectivant ou "objectifiant". C'est une chose de regarder, c'en est une autre d'incriminer la femme coupable de susciter le désir masculin (tant dans les écoles que les commissariats). C'est encore autre chose que d'insulter, de toucher, d'agresser. Il faut assumer cette pulsion pour la domestiquer et la civiliser. Tout cela n'est pas vérité mais propos à débattre dans le volet "aller plus loin" !
Christian Delarue
1) I comme Intégrisme religieux