Billet de blog 11 août 2024

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G... comme Génocide

Selon la convention adoptée par les Nations unies en 1948, un génocide c’est tout acte ‘‘commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux’’. Vu l’état du monde et la guerre à Gaza, le mot ‘‘Génocide’’ me semble avoir sa place dans un ‘‘abécédaire citoyen’’.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et cette définition m’est apparue encore plus d'actualité aujourd’hui, apprenant qu’au moins 93 personnes ont péri dans de nouvelles frappes israéliennes, ce samedi 10 août, sur une école de la ville de Gaza.

Les Palestiniens à Gaza parlent d’un «massacre terrible», la rapporteuse spéciale de l'ONU, Francesca Albanese, accuse Israël de «génocide des Palestiniens» et le Qatar, pays médiateur, demande une enquête urgente.

De son côté la France, d’après Le Monde, «condamne avec la plus grande fermeté la frappe israélienne. Depuis plusieurs semaines, des bâtiments scolaires sont visés de manière répétée, avec un nombre de victimes civiles intolérable». Et le communiqué du Quai d’Orsay rappelle à Israël «que le respect du droit international humanitaire» lui est aussi imposé.

Les "dirigeants occidentaux" s'insurgent, avec de fortes paroles verbales, tout en nourrissant en matériel militaire le gouvernement fascisant de Netanyahou. (1)

‘‘Frappe, Massacre, Génocide’’ : les mots sont posés !

Je ne saurais dire, en termes de droit, s’il s’agit de génocide. Et l’entretien de l’avocat et écrivain franco-britannique Philippe Sands, dans Mediapart par Rachida El Azzouzi, « Nous sommes très loin de la reconnaissance de génocide », nous aide à mieux saisir les contours et les méandres du droit international.

Un très instructif article, dans le Monde.diplo (juillet 2024), ‘‘Ce qu’on appelle génocide’’ de Razmig Keucheyan, se questionnant sur ‘‘Arméniens, Palestiniens, peut-on comparer?’’ https://www.monde-diplomatique.fr/2024/07/ , nous apporte aussi des éléments de réflexion.

Pour un abécédaire citoyen tout ceci est un matériau indispensable pour une meilleure compréhension voire un engagement plus construit. Et beaucoup de contributions des ‘médipartiens’ dans le Club-Mediapart ont déjà permis d'affiner ces recherches...

Comment dire et comment se parler ?

Mais ensuite, dans la ‘‘vraie vie’’, comment parler sur Gaza avec ses amis juifs sans devoir rappeler l’acte terroriste du Hamas le 7 octobre 2023. Ou avec ses amis arabes et palestiniens, sous les bombes et la violence quotidienne de l’armée du gouvernement de Netanyahu sans évoquer les civils tués le 7 octobre?

Comment faire, ou quoi faire, pour ne pas rester des spectateurs d’un massacre que le monde ne peut ignorer. Le monde n'est informé que par le gouvernement d’Israël, qui interdit la présence de journalistes étrangers après en avoir beaucoup éliminé. Selon les informations de RSF, plus de 120 journalistes ont été tués par les forces israéliennes dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Au moins 29 d'entre eux ont été tués dans des circonstances qui indiquent un ciblage intentionnel, en violation du droit international.

Complice d’Israël versus antisémite !

Comment parler et dénoncer l’attaque terroriste du 7 octobre du Hamas, sans être accusé de complicité avec Israël ? Comment parler et dénoncer le bilan criminel de l'offensive israélienne dans Gaza, sans être accusé d’antisémitisme ?

Des chiffres qui disent la terreur dans un calcul macabre des victimes de cette série commencé le 7 octobre. Selon l’AFP, 815 des 1 195 personnes tuées le 7 octobre étaient des civils. Et ont été pris en otage 251 civils et membres des forces armées israéliennes et emmenés à Gaza. Plus de 37 900 Palestiniens, des civils pour la plupart, ont été tués entre le 7 octobre et le 1er juillet, selon le ministère de la Santé à Gaza, d’après le rapport du 17 juillet 2024 de Human Rights Watch. La très sérieuse revue médicale britannique The Lancet (juil. 2024) évoque au moins 186.000 morts en prenant en compte les causes “indirectes” liées au conflit. Il n'y a pas de comparaison dans l'horreur et les chiffres sont là pour dire l'inhumanité.

Le gouvernement d’Israël «a tué Ismaïl Haniyeh, responsable du Hamas qui était en effet la cheville ouvrière, pour la milice palestinienne, des négociations interminables conduites sous l’égide des États-Unis. Elles visent à mettre un terme au bain de sang et à la destruction systématique de Gaza en cours depuis les massacres de civils israéliens, le 7 octobre 2023, et la libération des otages israéliens encore vivants capturés ce jour-là. Pressé une nouvelle fois, lors de sa visite à Washington, une semaine plus tôt, de parvenir à ce cessez-le-feu tant espéré, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a répondu à sa manière, au risque d’un embrasement régional». (In édito du Monde le 1/08/2024).

Demain la ‘‘Trêve’’ (hexagonale qui se voulait universelle) est finie, pas la guerre ! Elle ne s’est jamais arrêtée et le gouvernement d’Israël a ainsi manifesté son désir de mettre fin aux négociations et à poursuivre le ‘‘bain de sang’’... pour un génocide ?

* *
(1) Le ministère des affaires étrangères français a été interrogé (question de Gay Fabien, sénateur Seine St Denis) sur l'existence d'exports d'armes vers Israël au cours de l'année 2023, et spécifiquement suite au 7 octobre. (In JO Sénat du 15/02/2024, pg 506). Toujours en attente de réponse du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

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