Feu, feux : nom masculin (latin focus, foyer). Manifestation d'une combustion rapide et persistante accompagnée d'émission de lumière et d'énergie thermique ; Source de chaleur ; Vif éclat produit par quelque chose ; Ardeur des sentiments, vivacité, enthousiasme, chaleur ; Lumière utilisée pour éclairer ou pour signaler (Source : Larousse). Exemples : « Mais qu'est-ce, mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ? » (NTM) ; « Péter le feu » : être en grande forme ; « être en feu » (ou « on fire ») : régaler l’assistance avec une flamme subversive, tel Philippe Poutou dans un débat de la présidentielle.
Faire feu c’est, comme je l’ai fait cet été avec la troupe de cirque de feu de ma compagne -j’aime ce mot, car on y entend « m’accompagne »-, les Joizos, jongler avec les flammes, ne faire qu’une, qu’un avec l’incandescence, conter par le brasier l’histoire des sorcières antifascistes en lutte. En tant que technicien feu, en jargon on appelle ça une « gargouille », je les ai accompagné, du Finistère jusqu’au Festival d’Aurillac, où devant mille personnes, nous avons exulté, chanté, crié, dansé, frappé des mains le « siamo tutti ».
Faire feu, c’est illuminer l’obscurité en regardant luire sur les visages ravis de l’assistance la possibilité d’un ailleurs, d’une bulle flamboyante, un interstice où respirer hors du capital, et ce malgré l’odeur de l’essence.
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Faire feu, c’est faire front, c’est faire face. Face à un Macron bien décidé à piétiner jusqu’aux derniers oripeaux de la vie démocratique, comme si les JO ou quoi que ce soit d’autre pourrait justifier une « trêve » de nos droits fondamentaux, face aux émeutes néonazies aux Royaumes-Unis, face au génocide qui continue à se dérouler en Palestine, faire front, ouvrir la voix, arpenter d’autres voies, constituer ou reconstituer nos collectifs, embraser nos colères comme nos joies en toute horizontalité, reprendre le flambeau de toutes celles et ceux qui sont tombé⸱e⸱s, allumer la braise dans nos têtes et nos cœurs, et sur les barricades.
Faire feu c’est, par nos combats, en brûlant ce vieux monde qui nous tue et qui ne veut pas mourir, produire la cendre sur laquelle nous feront naître les germes d’un monde nouveau, empli de tendresse, d’amour et d’anarchie. C’est tournoyer parmi les étincelles, allumer le foyer où nous nous reposerons après des nuits de traque dans la brume des gaz lacrymogènes, faire tenir dans nos mains les ardentes lueurs des molotovs.
Faire feu c’est aussi faire forêt, comme le nom de ce festival où j’ai eu l’honneur d’être invité en tant qu’auteur -aux éditions terres de feu, comme quoi tout se recoupe-, où, entre débats enflammés, poésies lumineuses et musiques brûlantes, nous avons pensé et expérimenté comment habiter les arbres, cohabiter avec la chauve-souris, murmurer au milieu des fougères. Comment prendre soin de nous et du vivant non-humain.
Faire feu, c’est ainsi aussi faire en sorte que le mauvais feu, celui des incendies qui ravagent notre monde à mesure que le capitalisme ruine nos écosystèmes, le feu de Total, le feu de tous les brûleurs de vie, s’éteigne enfin, laissant place à celui de nos fêtes, de nos repas, de nos caresses, de nos embrassades enfiévrées.
Faire feu, c’est ne jamais se résigner.
Salutations libertaires, bonne fin d’été à toustes,
Mačko Dràgàn,
Journaliste punk-à-chat à Mouais, revue dubitative, soutenez-nous, abonnez-vous ! : https://mouais.org/abonnements2024/
Mon Abrégé de littérature-molotov, aux éditions Terres de feu, est en vente dans toutes les bonnes librairies.