
Hamon déclare ce dimanche qu'il est "mieux placé pour faire gagner "la Gauche".... Il tire cette conclusion de sondages dont l'instabilité est la principale caractéristique du moment, pour ne pas dire la non fiabilité.
Certains au PS opposent la "légitimité" de la candidature Hamon face à Mélenchon.
Tout ceci résulte du verbiage. La seule question que les électeurs doivent se poser est la détermination qu'ils comptent mettre dans leur volonté ou dans leur exigence de changement social, fiscal, écologique, démocratique.
Faisons donc un point sur l'état actuel de l'opposition Hamon, Mélenchon sans oublier évidemment Jadot. Et constatons ensemble que la question de légitimité ne se pose pas, mais que la question de la cohérence, par contre, elle se pose avec une réelle accuité.
1) Nous constatons tous les jours l'échec de la primaire PS qui a certes donné à Hamon la candidature, mais, et ce n'est pas un détail, ne lui laisse aucune lattitude sur ce qui aurait pu être sa majorité à l'Assemblée. On retrouve dans les sortants candidats aux Législatives les mêmes que ceux qui ont voté la Loi Travail, l'état d'urgence, qui ont failli voté la déchéance, qui ont voté le CICE etc etc.... Pire on en trouve qui se sont prononcés pour le CETA et le TAFTA.
2) Dans ces conditions, on peut déjà douter de l'actualité du programme de Hamon, dès aujourd'hui, puisque nombre de votants aux primaires n'avaient certainement pas compris qu'ils votaient aussi pour la reconduction d'une majorité, dont ils croyaient rejeter la politique en rejetant Valls et les autres.
Que vaut donc aujourd'hui le vote à la primaire ?
3) Hamon sait que la question européenne est au coeur du désaccord politique entre un PS qui, à sa direction accepte Athènes, et Chypre, où l'UE par le biais des banques a procédé à une ingérence politique contre des scrutins démocratiques. L'état de la Grèce aujourd'hui devrait en faire réfléchir certains dont Pikkety. Mais aussi, l'attitude allemande, devrait poser question à quelques uns, notamment au lendemain d'un déclaration de Merkel auprès du vice président US Pence, où il ressort que la RFA souhaite une hausse du cours de l'Euro, ne rien redistribuer de ses excédents commerciaux, et donc, ne rien céder aux appels à la relance de Hamon notamment !
4) Or, dans le cadre des traités actuels, (interdiction d'harmonisation fiscale, sociale, environnementale, et extension du libre échange dans des conditions qui mettent les normes environnementales, sanitaires etc, en péril) Hamon ne pourra pas mener sa politique. Il en sera empêché par les traités, mais aussi, nous l'avons vu plus haut, par sa propre majorité, et le PS qui ne change pas de mains !
5) La référence insistante de Hamon aux leaders du SPD, Gabriel et Schulz, révèlent, la capitulation de Hamon devant le diktat du gouvernement actuel et devant la majorité actuelle, à l'Assemblée et au PS.
6) Hamon ne rompt pas avec un PS partagé entre Hamon mais surtout Macron !
7) Hamon et Macron se rejoindront bientôt par leur programme du fait même de la discordance entre la majorité législative et le programme des primaires dont on se demande ce qu'il reste aujourd'hui.
8) Hamon n'a pas demandé à ce gouvernement d'abroger par décret la loi travail, alors qu'il devrait en avoir "le pouvoir", du fait de sa position. On remarque aussi sa relative discrétion quant aux positions de Le Roux qui continue de parler de tragique accident au sujet de Théo.
9) Hamon veut d'une continuité avec l'OTAN, inacceptable pour les Insoumis. Pire, il parle d'une "défense européenne", dont la défense française serait un pion, sans controle démocratique, puisque l'UE n'est pas démocratique. L'OTAN aujourd'hui est sous le commandement de Trump, qui hallucine et voit des attentats partout !
Dans ces conditions, ce n'est pas d'une question de légitimité dont il s'agit. Après tout, Hamon ou Jadot ou Mélenchon ont le droit de se présenter.
Mais il s'agit bien d'une question de cohérence politique. Le programme de Hamon, le PLAN A au vue des expériences menées en UE avec Athènes ou Chypre, mais aussi des multiples rappel à l'ordre au sujet des excédents allemands, est impossible à mettre en place. Ce ne sont pas seulement les Insoumis, qui le disent. Mais aussi en filigrane des cadres de Die Linke, notamment De Masi, ou Lafontaine et Wagenknecht, qui ont à maintes reprises décrit l'intransigeance de la politique économique de Merkel, qui s'est entendue encore hier soir.
Aussi, si les votants aux primaires, ceux qui ont voté Hamon pour une transformation radicale de la politique menée en France, alors vaudrait il mieux qu'ils réfléchissent à deux fois avant de se lancer dans l'aventure PS.
Le signe envoyé hier, par Hamon, chargeant Pikkety de rédiger un projet de "Parlement de l'Euro", alors que le Parlement de l'UE ne sert déjà à rien, qui figure dans les projets de Schauble ne dit rien qui vaille de la viabilité du projet du candidat PS.
Enfin, imaginons que par je ne sais quel miracle, Hamon sorte sur la même ligne que Mélenchon de sa discussion.. Qui imagine un seul instant que le PS le suivra !!!!
Donc, il a manqué une marche à Hamon pour valider son projet. Cette marche c'est le Parti, son parti et non celui de Mélenchon.
Pour qu'il soit crédible, Hamon aurait du oeuvrer au renversement du gouvernement lors d'un des 49.3. Il aurait dû aussi provoquer un congrès PS, afin d'en prendre la direction. Il aurait aussi dû afficher très tôt capacité à construire une majorité cohérente avec son projet ce qui n'est pas le cas. Il aurait dû aussi peser pour qu'hier la loi qui blanchit les faits de corruption ne puissent voir le jour cette semaine, à l'Assemblée !
Ce n'est donc pas une question de légitimité, mais bien une question de détermination. Si les Français veulent changer pour un projet populaire, et en finir avec l'austérité et la dette-boulet, alors il faut voter Mélenchon, car avec Hamon qui aura droit à sa fronde de droite, il sera hors de question d'en finir également avec la Vème.