
Pour qui ont voté les électeurs de la Primaire PS ? De qui Hamon est le candidat ? On peut légitimement se poser la question lorsqu'on est interpellé, comme l'ont été les Insoumis, et Jean-Luc Mélenchon à l'issue de la Primaire, remportée par Hamon.
Nous nous sommes évidemment réjouis de cette victoire qui marque le progrès de la culture politique que nous défendons puisqu'en partie, sur la partie écologique notamment, et dans une certaine mesure, sur le plan sociale, nos idées d'insoumis, ont progressé, y compris à l'intérieur du PS.
Mélenchon a donc été interpellé ainsi que Jadot, afin de parler d'union, sur le modèle, on peut le penser, d'une union de la gauche, Hamon étant le candidat PS dans l'histoire.
Or, depuis ce soir, on sait que Hamon a reçu les exigences de Cazeneuve, Premier Ministre de Hollande : il soutiendra Hamon à condition que ce dernier porte l'héritage du gouvernement en place, et de ceux de Valls-Ayrault.
Ensuite, on remarque que Valls, qui a signé la fameuse charte des primaires PS, s'empresse de ne pas la respecter se mettant en retrait de la campagne de Hamon.
Puis, on constate, que nombre des électeurs, et soutiens de Valls, annoncent dès hier soir, qu'ils soutiendront Macron.
Cambadélis, ce soir, à la tête du PS, n'a toujours pas réagi à ce qui apparaît de l'extérieur du PS comme une défection. Jamais un parti, lors de Présidentielles, n'a soutenu deux candidatures idéologiquement opposées sur le fond.
Sans congrès dans les prochaines semaines, permettant à Hamon de prendre le contrôle du Parti, sans sanctions à l'égard des Macronistes, sans une clarification de la ligne du PS, sans non plus, une mise en cohérence des candidatures d'une éventuelle majorité autour de Hamon, notamment aux législatives de Juin, alors on peut se demander raisonnablement pour quel politique, pour quel candidature, se sont exprimés les votes des électeurs, qui ont donné la victoire de Hamon.
La question de qui soutient le PS n'a que peu d'importance aux yeux des Insoumis, qui depuis longtemps savent de quoi ce parti est l'expression. Par contre, il en va autrement d'un Hamon qui propose des pourparlers aux Insoumis via Jean Luc Mélenchon et l'équipe de pilotage de la France Insoumise.
En effet, il est essentiel de savoir quelle politique Hamon compte présenter pour "réunir le PS", déjà, la gauche ensuite car il n'a échappé à personne que nous Insoumis, n'avons pas voté à la Primaire, afin de ne pas amnistier les politiques menées ces dernières années, que nous jugeons inacceptables dans leur ensemble.
Hamon se présentait hier soir comme le candidat PS à la présidentielle et se sentait légitime à demander des négociations ... Mais de quel PS parle t'il ? Celui qui, fier de la loi Travail, de l'état d'urgence, du CICE, des aventures sous commandement Otan, voit ses cadres éminents, ministres, députés présents et futurs, élus divers, aller vers Macron et son programme oligarco compatible, pro medef et Merkel ? ou celui qui essentiellement à sa base soutient Hamon depuis le début ?
Hamon va t'il faire une "synthèse" à la Hollande ? Va t'il exiger un congrès afin de clarifier la ligne du PS ?
Autrement dit, nous sommes Lundi, après un vibrant appel sur les plateaux par M.N. LIENEMANN ou KALFON ou autres... et une visite à Matignon, et force est de constater, que le programme des Primaires, de Hamon est pour le moins contesté de l'intérieur du Parti qu'il est sensé représenté.
Jadot, appelait ce soir Hamon à s'affranchir du PS, à le quitter. C'est en effet ce qu'il y aurait de mieux à faire, si... nous étions quelques temps avant la Primaire. Mais aujourd'hui, si Hamon quittait le PS (on le comprendrait, car il n'est jamais trop tard pour bien faire), quelle valeur aurait alors le vote d'hier, où certes des gens ont voté pour un programme...mais aussi d'autres, pour le PS version Hamon ?
On le voit, des pourparlers semblent difficiles tant que nous, les Insoumis, tant que Mélenchon, ne savent pas à qui ils ont affaire exactement, politiquement parlant, et le programme qu'il entend in fine défendre.
Hamon a donc un choix à faire et avec lui les Filoche, les Montebourg et les autres. Comptent ils restés au PS ? Si oui, alors, ils ont besoin de prendre l'appareil du PS, et de définir les règles pour les législatives. Comment par exemple, accepter des candidatures, pro loi travail, pro austérité, comme celles de certains ministres et maires de grandes villes, qui auront soutenu Macron, aux législatives censées donner une majorité au futur candidat d'une gauche unie ?
On le voit, Hamon, et non les Insoumis a à réaliser la quadrature du cercle. C'est la tâche impossible que Valls lui a léguée en guise de cadeau empoisonné au vainqueur. Le Parti, Cambadélis en tête, flanqué de Valls et certainement Cazeneuve et Hollande, auront joué ce Lundi comme hier soir, la politique du "Solférino brûlé", afin de laisser Hamon courir à l'échec.
La manoeuvre consistant à appeler les Insoumis, dans ces circonstances, à l'union, sans garanties, aucune, sur la politique soutenue par le PS, revient tout simplement à tenter de faire croire au refus et à la responsabilité de FI dans l'échec de négociations bien peu crédibles. Elle perpétue en fait, volontairement ou non de la part de Hamon et de ses soutiens, la tradition hégémonique du PS à gauche, dont une partie, considérables, ses élus, ceux qui ont refusé l'abrogation au Sénat de la Loi Travail le 11 janvier, par 108 voix PS, clame haut et fort qu'ils ne porteront pas le projet Hamon, et qu'ils soutiendront activement Macron.
Sans une miraculeuse conversion à "la sociale" à la VIème de ceux qui ont impulsé la politique la plus réactionnaire depuis 73 ans, alors Hamon demande à la Gauche historique de s'en remettre à son "charisme", à son panache blanc... Bien trop blanc pour être honnête au goût des Insoumis.