Billet de blog 26 avril 2010

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A Gennevilliers, la vie après l'expulsion…

 Une cinquantaine de personnes expulsées d’un squat à Gennevilliers. Depuis le 8 avril, ces 11 familles avec enfants se retrouvent sans abri et occupent le square juste en face du commissariat.Par Adama Sissoko, reportage photo de Delphine Bouchard Diaporama : Les expulsés de Gennevilliers - Diaporama 

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Une cinquantaine de personnes expulsées d’un squat à Gennevilliers. Depuis le 8 avril, ces 11 familles avec enfants se retrouvent sans abri et occupent le square juste en face du commissariat.

Par Adama Sissoko,
reportage photo de Delphine Bouchard

Diaporama : Les expulsés de Gennevilliers - Diaporama


Des rayons de soleil aveuglant. Des rires d’enfants qui jouent à la trottinette. Une femme assise sur un banc public qui en coiffe une autre de tresses africaines. L’ambiance paisible d’un après-midi ensoleillé. Pure illusion. Ces familles viennent de passer leur treizième nuit dehors. Les visages grimacent, la femme enceinte s’étire. Une dure nuit, une longue journée qui ressemblent aux autres. Avec un sac de couchage, elle tente de dissimuler son ventre rond. Plus loin, un campement de fortune, avec couettes et sacs en guise de matelas. Une bâche couvre la nourriture et les boissons offerts par les habitants du quartier. Un enfant de six mois pleure, son nez coule et sa toux est sèche.

Impasse. Mr Diop se présente comme le délégué adjoint, sans doute le porte-parole des familles. « Nous vivons depuis six ans dans le 92, nous travaillons et nous ne demandons qu’à vivre décemment. La plupart d’entre nous sont en situation régulière. Seules quatre personnes sans-papiers ont été placées en centre de rétention. Un autre, blessé lors de l’interpellation, est encore à l’hôpital. Nous ne savions pas où aller. Alors, nous avons occupé le bâtiment. La mairie refuse d’enregistrer nos demandes de logement et même de scolariser nos enfants dans la ville. Nous n’avons vu aucun élu de la mairie, les femmes ne sont pas suivies par des assistantes sociales. Nous resterons là, pour faire valoir nos droits, sans violence. Nous resterons visibles ! ». Depuis le 8 avril, jour de l’expulsion, la police a empêché l’installation des tentes. Quatre contraventions de 35 euros ont été distribuées à Mr Dosso le représentant des familles, pour « jet de déchets sur la voie publique ». Celui-ci dénonce « des tentatives de dispersion pour empêcher la solidarité montante des habitants du quartier ». Depuis, pas de nouvelles de la mairie, rien n'avance et lesjours se ressemblent.

Et du côté de la Mairie, Gauche plurielle ? Deux sons de cloches. D’abord, au cabinet du maire, notre interlocuteur bafouille et avoue son ignorance du dossier. Ensuite, le ton adopté par Mme Vermillet, la maire–adjointe, est plus virulent : « Nous sommes intervenus pour demander la libération des sans-papiers. C’est déjà beaucoup ! Nous ne sommes pas propriétaire du bâtiment, cette affaire ne relève pas de notre compétence. Nous ne pouvons rien faire d’autre. Ce qui est sûr, c’est qu’aucune demande de scolarisation n’a été faite, et nous n’avons jamais refusé de demandes de logements. C’est bien dommage que les élus de la mairie n’aient pas été vus par les personnes expulsées. Pourtant, elles étaient bien là… ». La conversation se conclut sur les 64 % de logements sociaux bâtis à Gennevilliers. « Si les autres communes construisaient des logements sociaux, nous n'en serions pas là… ». Une mairie qui se dit impuissante laisse la voie aux habitants, associations et partipolitique.

Solidarité. Des habitants du quartier sont là pour soutenir les familles. « C'est inhumain, tout le monde devrait avoir un toit ! Nos moyens sont limités, on ne peut qu'apporter de la nourriture et notre sourire », déplore Emilie Maudet, 24 ans et mère d'une petite fille qui joue avec les enfants. Le père d’Emilie, la cinquantaine, assis dans un siège auto auprès des hommes expulsés, raconte des blagues pour détendre l'atmosphère. Sa femme, Mme Maudet, vient aussi tous les jours. Toute une famille solidaire touchée par la situation de ces personnes. Si la majorité des habitants apporte son soutien, une femme leur lance : « si vous n'êtes pas content, rentrez chez vous ! ». Un cas isolé.

Pourtant, Droit Au Logement, le Nouveau Parti Anti Capitaliste et Alter citoyenne essaient de faire bouger les choses. « Pour l'heure, il faut récupérer les personnes détenues au centre de rétention avant même d'aborder la question du relogement », lance Souhil, membre de Droit Au Logement. Il est resté toute la nuit auprès des expulsés. Si le soleil caresse le square et épouse les rires des enfants et les boubous colorés, lassitude et inquiétude viennent préoccuper les personnes devenues sans abri depuis le 8 avril.

http://www.kizoa.fr/diaporama/d832560k7990888o1/les-expulsés-de-gennevilliers

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