Billet de blog 26 avril 2010

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Logement : petits arrangements avec la loi

Le 1er février dernier, la fondation Abbé Pierre rend son rapport annuel sur le mal logement. par Marlon de Letto et Delphine Bouchard 

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Le 1er février dernier, la fondation Abbé Pierre rend son rapport annuel sur le mal logement.

par Marlon de Letto et Delphine Bouchard

Constat sans appel : 3,5 millions de mal logés dans le pays. Une région concentre ce phénomène, l’Île-de-France. 300 000 personnes pas ou mal logées à elle toute seule ! Les 277 pages du rapport de la fondation Abbé Pierre rappellent le déterminisme entre le mal logement et l’exclusion sociale. Christophe Robert, délégué adjoint de la Fondation, met l’accent sur l’enfance : 600 000 enfants mal logés dans le pays. Il juge la situation « inacceptable » et « appelle à un sursaut des politiques publiques ».

La situation des gens du voyage est de plus en plus préoccupante. Les conséquences liées aux mauvaises conditions d’habitat pèsent sur le développement des enfants et sur leur scolarité. Le plus souvent refoulés par les communes, les gens du voyage et les Rroms, usent d'une politique de la débrouille. Les dessous d’aires d’autoroutes et proximités de chemins de fers servent de camps d’emplacement. « Souvent sur les terrains, il y a trop de danger. On a eu tellement d’accidents chez nous, tellement d’enfants qui ont été accidentés à cause voies ferrées. Il y a même eu des morts. Des enfants se sont gravement électrocutés sous la ligne de chemin de fer », témoigne Monsieur R, cité dans le rapport. Tout est dit.

Stéphane Levêque, directeur de la FNASAT, une fédération qui regroupe 110 associations de Gens du voyage, dresse lui aussi un bilan peu reluisant de la situation. « Les pouvoirs publics ne font que se refiler la patate chaude ». Le dossier suscite les polémiques et très peu d’élus locaux semblent prêts à appliquer les lois en matière d’accueil des gens du voyage. Lois trop peu contraignantes…

Car les lois, ne manquent pas en matière de logement. Loi Besson, loi sur les aires d’accueil, sur les réquisitions… Certains élus s’accommodent facilement des failles juridiques en matière d’accueil. La loi du 5 juillet 2000 préconise que les communes de plus de 5 000 habitants figurent obligatoirement au schéma départemental. Il précise la destination des aires permanentes d'accueil et leur capacité. Il définit la nature des actions à caractère social destinées aux gens du voyage qui les fréquentent.

Aujourd’hui, environ 40% du total de la surface des aires d’accueil est « habité ». L’exemple de la ville de Jaux dans l’Oise est l’un des plus révélateurs : 14% des places prévues par ce département y ont été créées. Ici, c’est une ancienne décharge qui a été choisi pour caser les gens du voyage. Assurément, il y fait bon vivre.

La plupart du temps, les maires des communes préfèrent s se trouver dans l’illégalité plutôt que d’assumer la présence de gens considérés comme indésirables. En la matière, pouvoirs publics et riverains s’entendent. La solidarité d’accord, mais pas devant ma fenêtre. Au royaume de l’intolérance, l’union est sacrée…

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