Delphine Ravisé-Giard est transgenre. Elle refuse de subir une opération pour assumer sa trans identité MtF (Male to Female). Un bémol pour l'Etat qui refuse de reconnaître sa féminité.
par Ingrid GazaImages : Laurence Bamba. Montage : Mélanie KleinSeptembre 2009. La nouvelle arrive comme un coup de tonnerre pour Delphine. Le ministère de la Défense refuse de la reconnaître en tant que sous-officier féminin. Elle est mise en congé longue durée. Elle dépose un recours administratif contre l'armée. Depuis, rien. Le procureur devait donné son point de vue le 1er avril. Il a été reporté au 17 juin. Entre-temps, Delphine Ravisé-Giard milite pour l'association Trans Aide. Elle est l'une des dirigeantes. Cependant, elle estime que l'Etat avance trop lentenment.
Roger Madec sénateur socialiste de Paris et maire du 19ème arrondissement a envoyé une lettre à Michèle Alliot-Marie (publiée le 17 septembre 2009 dans le JO Sénat). Objectif: faciliter le changement d'état civil. Réponse de la Ministre de la Justice : « L'opération de réassignation sexuelle ne doit pas être systématiquement exigée dès lors que le demandeur apporte la preuve qu'il a suivi des traietments médico-chirurgicaux ( hormonothérapie, chirurgie plastique...) ayant pour effet de rendre irréversible le changement de sexe et de lui conférer une apparence physique et un comportement social corespondant au sexe qu'il revendique" ( publiée dans le JO du 25/03/10).
Une réunion est prévue le 27 avril au Ministère de la santé avec l'organisation des centres de références pour les transsexuelles. Pour Delphine, cette rencontre est peine perdue : « la réunion a duré à peine une heure et cela pour trente associations. Aucune n'a été écouté. En plus, les questions des transgenres n'ont même pas été abordées ». Autre problème : la parentalité. Souvent, les parents trans-identitaires se voient retirer leurs droits. L'association Trans Aide reçoit beaucoup de e-mails à ce sujet. De même, la stérilisation demandée par l'Etat exclue la question de la parentalité. Une discrimination pour Emilie Garçon, responsable régionale d'Ile-de-France de Trans Aide. A 52 ans, ce transgenre MtF touche le RSA depuis 2008. Il s'élève à 400 euros par mois. Lorsqu'elle a commencé sa transition, elle travaillait dans une entreprise de bâtiment, au service réception de marchandises. Après une année de harcèlement et d'insultes de la part de ses collègues, elle est licenciée. Emilie Garçon l'avoue: « J'ai des diplômes qui pourraient me faire gagner un salaire net de 1400 euros. Je suis titulaire d'un certificat de capacité en droit équivalent à la professsion d'assureur. Mon autre diplôme, le SSIAP 1, pour exercer le métier d'agent de sécurité incendie. Depuis que ma pièce d'identité ne correspond plus à mon apparence, j'ai décidé d'arrêter de chercher un emploi. » Comme beaucoup d'autres, Emilie Garçon ne souhaite pas changer de sexe. Un hic pour l'Etat.