Paris 19e, métro Jaurès. Sous un pont, là où le canal Saint-Martin laisse place au canal de l'Ourq, les tentes, aux yeux de tous, attirent les regards. Des bateaux de touristes, impassibles, frôlent cet environnement insalubre. Las, les immigrés afghans semblent s'être habitués aux passages quotidiens des canauxrama. Une attitude qui contraste avec le calvaire enduré depuis leur arrivée … Huit mois pour certains.
par Delphine BouchardIls seraient près de 200 à subsister sur les bords du canal. Des Afghans, Pachtounes et Hazaras. Leur parcours, c'est celui de nombreux autres avant eux. Première étape en Grèce : un mois en centre de rétention, puis, par peur d'expulsion, la fuite jusqu'en France. « La plupart des réfugiés souhaitent rester en France pour trouver un travail et un logement », explique Fwoji, la trentaine. Seule une petite minorité tentera sa chance vers le Royaume-Uni. Arthur A, étudiant, un militant de l'association L'auberge des migrants, apporte son soutien sur le site de Calais. De passage à Paris, il s'informe du contexte dans la capitale. Les immigrants se trouvent dans une situation figée. Leurs empreintes ont été relevées en Grèce, puis inscrites au fichier Eurodac. Ce système permet une comparaison des empreintes digitales des demandeurs d'asile, afin de déterminer l'Etat responsable de leur prise en charge. Le règlement européen Dublin 2 expose différents cas de figure, qui se contredisent parfois. Certains peuvent aboutir à ce qu'une demande d'asile ne soit pas examinée du tout. Les Afghans du métro Jaurès sont en train d'en payer le prix.