Semble dire Elisabeth Lévy à propos d’une intervention d’Edwy Plenel dans l’émission Ripostes de Serge Moatti.
Comme si elle voulait, dans son dernier édito de Causeur.fr, ternir le projet Mediapart en raison d'écrits antérieurs de son président : « […] et le grand journalisme enfin incarné comme il le mérite. Une fois encore, Edwy Plenel allait porter le fer dans la plaie. L’homme qui, avec le Rainbow Warrior, avait fait trembler la République mitterrandienne sur ses bases, allait, avec Clearstream, porter un coup décisif à l’infâme Etat sarkozyste […]. Les propos « plénéliens » de la vidéo proposée semblent pourtant prémoniteurs.

La lecture de cette argumentation éditoriale ad hominem nous renvoie sur les plateaux d’Arrêt sur Images, avec une Elisabeth Lévy volcanique et, sans remettre en doute son travail d'analyste de la vie politique ou médiatique, volontiers provocatrice ; certains qualifiant même d'une manière impertinente le rituel de mise en bouche de son stylo.
Elle poursuit dans le genre j’empoisonne le puits… ou plus exactement le journal Mediapart (ne lui en déplaise) : « […] passons itou sur l’étrange coquetterie qui consiste à qualifier de journal un site Internet – il paraît même que c’est la consigne donnée aux journalistes qui ont rejoint le bateau plénélien […] »
Faut-il lui rappeler qu’un site Internet n’est ni plus ni moins qu’une carte de visite élaborée reflétant une activité. A mille lieues donc d’un journal auquel s’adosse un club de blogs et d’éditions particulières. Seul point commun : les hyperliens qui, dans le cas du journal Mediapart, peuvent servir de fil rouge à différents articles sur un même sujet.
Quant à dénoncer le démarrage difficile : « […] ce refus obstiné de prendre en compte […] la spécificité d’un média électronique, n’est peut-être pas pour rien dans les difficultés de l’entreprise. L’ancien patron du Monde peine en effet à engranger des abonnements – l’internaute ayant été habitué à tout avoir sans rien payer, ce qui est, cher lecteur, bien fâcheux », c’est, pour utiliser la métaphore sportive, tacler par derrière d’abord puis botter en touche ensuite : « […] mais je m’en voudrais de vous gâcher l’humeur avec un pensum sur l’avenir de la presse en ligne ».
Après être rentrée ainsi en transes, la pythie devrait tomber dans une léthargie qui durera, souhaitons-le, le temps de constater, et pour la paraphraser, que nous tous, participants à Mediapart et sous différentes formes, apprécions de pouvoir exprimer nos idées, « y compris les plus réacs des réacs ». Nous verrons bien qui, des journaux traditionnels se bousculant sous la corne d’abondance des annonceurs ou des « plumes» de Mediapart, ressuscitera la liberté perdue de la presse.
Et il ne s’agit pas de quelques journaliste isolés, mais du peuple des lecteurs jusqu’aux téléspectateurs en passant par les auditeurs qui ne reconnaissent plus leurs media.