Pourquoi seraient-ils fondés à écrire si ce n’était pas pour nous ramener l’information vraie afin que le citoyen ordinaire puisse s’en emparer ? Florence Aubenas, Fred Nérac, Guy-André Kieffer et tant d’autres seraient-ils des héros ?
Car en France, le lecteur a mal à sa presse. Il écoute régulièrement d’une oreille distraite la revue de presse de telle radio publique, mais il devient méfiant quand le préposé à l’exercice matutinal cite pour la quatrième fois Libé , tout en se croyant obligé de préciser aux auditeurs « soyez tranquilles, je vais citer les autres journaux, je ne suis pas appointé par Laurent Joffrin ». Comme dit Edwy Plenel, pour expliquer la création de Mediapart, « le journalisme qui prétendait avoir le monopole de l’opinion » est « tombé de son piédestal avec […] la révolution de l’internet ». Mais peut-être la revue de presse ne peut plus être nourrie avec la pauvreté des papiers des institutionnels ? J'ose un tuyau pour le monsieur de la radio publique : allez sur l’internet, le paysage des médias en ligne s’étoffe doucement. Et le trublion de la dite-radio de continuer sa revue pour citer une cinquième fois le-titre-pour-lequel-il-n’est-pas-appointé au sujet de la « tournée triomphale de Barak Obama »... La tournée : comme s'il s'agissait d'une rock-star ».Justement, un rappel du traitement de cette « tournée » de M. Obama : les différents titres ont généralement pleuré dans leur nombril quant au traitement dédaigneux que ce même pas encore président leur a accordé. Se sont-ils alors posé les bonnes questions ? Et s’ils avaient analysé les vraies raisons du manque d’intérêt de ce candidat pour notre pays ? Il n’y a en effet pas photo entre l’équipe de campagne du candidat démocrate américain et la fine équipe de conseillers de l’Elysée. L’analyse des Américains n’est certainement pas en faveur d’une France qui ne sait que gesticuler, en aboyant beaucoup mais sans jamais mordre. D’ailleurs dans la conférence de presse qui suivit l’entretien du candidat démocrate avec le Président de la République, ce dernier n’a cessé de le conforter dans ce sens, par l’annonce d’un suivisme sans faille.La presse se défend d’être aux ordres et pourtant quelle autre différence de traitement par la presse irlandaise, lors du voyage du Président et celui rapporté en France. Rapporté partiellement par 20 minutes : « L’éditorialiste de l’Irish Independent ajoute: la plupart de ceux qui ont eu un entretien avec lui en sont ressortis comme émerveillés.» Traduction littérale : « […] les principales formations politiques furent reçues et plusieurs d’entre elles furent impressionnées par cette célébrité ». Mais quid de la suite : « […]Les officiels irlandais ont poussé un soupir de soulagement quand son cortège d'automobiles s'est dirigé vers les portes de sortie en direction de l'aéroport. La visite s’était passée sans incident et M. Sarkozy n'a plus rien dit d’autre qui aurait pu enflammer la situation. Ils n’avaient qu’une crainte, celle que M. Sarkozy “ would stick his foot in his mouth again” (expression imagée pour « dire quelque chose sans tact ou qui met dans l’embarras »). Mais au contraire, il la joua modeste, sans son arrogance habituelle. […] ».Sur autre sujet mais concernant le dernier CD de Carla Bruni : 20minutes.fr l’annonce en tête des 3 CD les plus vendus alors qu’au-même moment le Canard Enchaîné écrit qu’il est en troisième position. Qui croire ?
Retour sur une conférence de presse
Il semblerait que les citoyens qui ont assisté à la conférence et les journalistes français qui l’ont rapportée ensuite, n’aient pas vu les mêmes images (sauf paraît-il RTL qui consacra une brève à l'incident). Peut-être une épidémie foudroyante de sclérose journalistique ! On ne peut qu’être désolé, en comparant l’aisance orale d’un sénateur américain qui maîtrise son sujet et le Président de la République se noyant dans les approximations dès la première prise de parole et surtout en assistant à son dérapage incontrôlé à cause de la question directe d’une journaliste américaine. La réponse fut inaudible tant l’argumentation était brouillonne. L’élève Sarkozy aurait mieux fait de questionner la littérature française. Ainsi le souvenir de la Princesse de Clèves ne réveillerait plus pour lui aucune douleur, comme fut la mienne (citoyenne française) devant mon écran. « […] Tous vos ministres des affaires étrangères n'ont pas des noms américains !!! Mme Albright, Colin Powell, Mme Rice » : amalgame terrifiant entre patronyme, couleur de peau et origine religieuse. Il poursuit avec l’« affirmative action » à la française, qu'il déclare vouloir adapter en France : à quel horizon ? Il s’entête à dire aussi que « depuis mon élection, il n'y a pas eu d'émeutes en France . » : Villiers-le-Bel en novembre 2007 serait-il oublié ?
A n’en pas douter, la presse internationale va faire ses choux gras de cet intermède français ! Une presse libre qui s'autorise à informer ses lecteurs sur les zones d’ombre de Barack Obama : partisan de la peine de mort comme la majorité de ses électeurs (n'est pas Mitterrand qui veut) mais aussi de la liberté totale de la vente des armes à feu.