Les circonstances ont voulu que l’invitation d’Edwy Plenel à l’IEP d’Aix-en Provence tombe au milieu de la préparation de l’AG de l’ALM. Ce projet de conférence a requis toute notre attention et toute notre mobilisation. Il n’était pas question de laisser perturber cette manifestation par les soubresauts de l’ALM.
Cependant, nous avons lancé le débat bien avant, dès que nous l’avons pu. Edgar Morin rappelle dans plusieurs de ses textes que rien n’oblige l’histoire à ne pas aller vers le pire, il rappelle que les bribes de civilisation dont nous bénéficions n’ont été obtenues que par un combat acharné contre la barbarie, il répète sur tous les tons que, si avancée il y a vers moins d’injustice, vers plus de prise en compte de l’humain dans l’humain, cela ne se fera pas sans nous.
Médiapart nous semble représenter un de ces lieux où s’expérimentent de nouvelles formes de démocratie, de nouvelles formes de journalisme, une nouvelle ambition de faire vivre la liberté d’informer et la pluralité des opinions. Reprenant les mots d’Edgar Morin, nous dirons que ce projet ne se développera pas sans nous lecteurs, sans nous faisant connaître ce projet à travers nos réseaux et les espaces géographiques que nous habitons, sans nous insistant sur la différence entre une presse indépendante et une presse soumise à des pressions d’Etat ou des pressions d’argent même lorsque ces pressions s’exercent sous le masque de la fausse gratuité.
Les individus qui ont répondu au premier appel de Jean Louis Legalery, que nous saluons ici, n’ont jamais formé un groupe. Ce constat a amené neuf des membres du CA (sur seize) à démissionner. Quelques-uns, dont nous-mêmes, d’accord avec eux sur l’essentiel, n’en sont pas moins restés avec l’espoir de relancer l’association sur des bases démocratiques après avoir corrigé quelques maladresses initiales. Certains ont démissionné en silence, d’autres avec virulence, nous avons appris depuis que tous avaient été insultés à la suite de ces démissions. Nous n’avons rien à faire dans un groupe incapable de se remettre en question, de se confronter au débat, et qui se comporte de cette façon vis-à-vis de ses propres coopérateurs.
Nous avons cru que la perspective d’une assemblée générale permettrait aux adhérents de se réapproprier l’ALM, aux lecteurs de comprendre les enjeux et, en nombre, de nous rejoindre. Si nos propositions de refonder l’association sur des bases claires et consensuelles ont recueilli un certain assentiment, si quelques personnes ont exprimé leur accord, elles n’ont pas entraîné un intérêt massif.
Or il n’est pas possible pour nous de continuer ainsi. L’image de l’ALM est dégradée depuis longtemps, et ce qui devait être un débat de bilan et de proposition s’est décliné sous la forme d’attaques mesquines et injurieuses. Ce qui devait être le point de départ d’un redémarrage – la démission collective du CA pour se représenter devant les adhérents lors de l’AG et retrouver une légitimité et une représentativité – n’a pas été accepté. Personne n’a présenté sa candidature pour renouveler celui-ci. L’ALM n’a pas attiré un adhérent depuis bien des mois. Ses seules manifestations, à Reims et à Aix-en-Provence, ont été réalisées à partir de forces locales. Elle est devenue une coquille vide se perdant dans des querelles sans enjeux.
Nous avons fait ce qui nous semblait possible pour que l’association se redresse. A l’évidence, nous n’avons pas abouti. En conséquence, nous retirons nos motions, nos candidatures au CA, et nous démissionnons de l’ALM.
Le premier enseignement de cette courte histoire est qu’une association de lecteurs doit s’appuyer sur des antennes locales, d’une seule personne ou de plusieurs associées, pour développer des actions autour du journal. Cette vitalité sur des projets permettra de s’intéresser au lectorat potentiel de Médiapart et non à son nombril organisationnel.
Nous continuons à penser qu’un réseau de lecteurs actifs est nécessaire pour soutenir collectivement Médiapart et pour utiliser le potentiel participatif du journal. Notre activité dans la région d’Aix-Marseille nous a montré comment quelques lecteurs de tous horizons peuvent soutenir Médiapart, rendre son réseau d’informateurs plus dense, intégrer son soutien dans le combat pour la démocratie. Nous souhaitons que d’autres le fassent , à leur manière, là où ils vivent. Des liens de travail et de solidarité peuvent se tisser, Médiapart offrant ses moyens aux expressions variées et contradictoires de ce monde qui se bat, réfléchit et agit. La perspective serait de constituer une coordination de toutes les initiatives locales, dans leur diversité, autour d’une charte et d’actions communes. Son rôle serait de faciliter l’activité de chaque groupe, de lui donner un cadre juridique et d’impulser des initiatives nationales.Nous créerons prochainement dans le club une édition participative, qui pourrait s’intituler « … » . Elle constituera un espace commun de réflexion pour tous les lecteurs, leur permettant d’échanger sur les différentes formes de soutien à Mediapart.
Très cordialement
Serge Koulberg, Roger Evano, Chantal Evano
P.S..Le texte qui suit a été publié une première fois lundi 19 par Serge et oups! il a disparu avec ses premiers commentaires. Si cet incident technique se reproduisait, comme solution provisoire, vous pourriez aller le lire ainsi que les commentaires sur le blog de Serge Koulberg.