La repentance est un exercice difficile et qui mérite d'être analysé, pensé et illustré par des gestes forts, pas forcément limité au symbole , qui ne change rien et ne coûte rien! François Hollande nous en a apporté une fois de plus la preuve, l'habileté et le discours révèlent l'impensé.
L'abandon des harkis en Algérie, leur accueil honteux pour ceux qui furent sauvés par des officiers, des citoyens , des élus courageux et intègres. Le sort qui leur est réservé depuis 54 ans, cette forme de racisme cynique, qui ne dit pas son nom, dont ces militaires de l'armée française et leurs familles ont été et sont encore victimes, mérite autre chose qu'une repentance tardive et une compassion symboliquement réduite aux mots.
La parole d'un président candidat à la candidature, tombe mal, la période électorale, dévalorise le propos fut il sincère! Son prédécesseur avait fait de même, il y a 5 ans. La multiplication des déclarations allègent chaque fois un peu plus le poids des mots. La compassion, les symboles, ne suffisent plus. Nous demandons des actes.
Ce beau discours de F. Hollande ce sont toujours des mots qui n'engagent à rien:, "Les Harkis et leurs descendants n'ont jamais voulu autre chose que la République, que l'égalité", non François Hollande ils voulaient et ils veulent l'égalité mais aussi et surtout la fraternité. Les reconnaître comme nos frères, c'est cela que veulent les harkis et leurs familles. "
La République rappelons le une fois encore, c'est liberté, égalité et fraternité. Comment se fait il que dans ces temps d'équilibres budgétaires, d'équilibre des comptes, cette époque où ne compte que ce qui est comptable, la fraternité soit oubliée, poussée sous le tapis, sans doute est elle archaïque pour les Rastignac du XXI° siècle, qui se bousculent au portillon de la course à l'élection présidentielle.
Les harkis, algériens comme leurs compatriotes devenus maghrébins, ghettoïsés dans le s banlieues, dénommées aussi quartier avec tout ce que cela signifie de cynisme, de rejet, de racisme qui ne s'assume pas. Pire un premier ministre qui se veut républicain et défenseur d'une laïcité active, les désigne simplement comme musulman, en ces temps d'islamisme fondamentalisme dénoncé sans cesse, pour faire oublier l'origine du renouveau des fondamentalismes? Ceci n'a bien entendu rien à voir avec l'autoprophétie délivrée dans le bréviaire de ces dirigeants "mondialisés et heureux" , le choc des Civilisations de Samuel Huntington (1996)!
Voilà bientôt 33 ans que les jeunes beurs se mettaient en marche. Comme le dit l'un d'eux Magyd Cherfi, notre compatriote Toulousain et occitan, dans les colonnes de La Dépêche du midi (le 28 août dernier,) "La marche des beurs se met en place deux ans plus tard(83), on va réclamer l'égalité des droits… Et on obtient une carte de résident. Quand t'es arabe, t'es pas l'égal d'un blanc ! Une carte de résident, c'est l'autorisation de rester un peu plus longtemps …"
Trente trois ans plus tard, rien n'a changé et le discours de François Hollande ne change rien, un harki reconnu sera toujours un arabe, il se heurtera au même racisme silencieux dont sont victimes ses compatriotes dénommés magrébins, forcément musulmans, ghettoïsés dans les "quartiers". Leur jungle quotidienne.
Magyd Cherfi, chanteur de Zebda, auteur, cet écrivain au talent méconnu, a la plume vive et belle, tragique et pleine d'humour, cherche depuis longtemps cette fraternité, qui ferait de lui, de tous les beurs et immigrés, des français comme les autres, il poursuit:
" Inventer des symboles, des signaux dans lesquels ils peuvent se refléter. Tout le temps La Marseillaise, le drapeau bleu blanc rouge, la France de Vercingétorix à Louis XVIII…Où est-ce qu'on existe dans la nation Française ? Il n'y a pas de symbole où se refléter. Veut-on une société qui reste blanche ou est-ce qu'on assume l'aspect cosmopolite ? Ne pas avoir donné le droit de vote des immigrés a été une erreur fondamentale, pour l'idée de dire «vous appartenez à la nation». Même en étant Algérien, tu vas pouvoir voter parce qu'en réalité, et c'est objectivement vrai, tu es Français. Au bout de soixante ans, nos parents ont vécu moins de 18 ans en Algérie… Donner le droit de vote, c'est exiger qu'ils soient Français, et là, tu crées un ciment."( La dépêche 28.08.16)*
Voilà ce que nous français attendons d'un président de la République, le courage de faire des immigrés de longue date des français, en leur donnant le droit de vote, comme cela leur fut promis en 1981, 1988, et 2012!
Inscrire dans le récit national, l'histoire de tous ces millions de personnes, ces héros anonymes qui ont donné leur vie pour notre pays, que ce soit sur les champs de bataille, ou sur les chantiers de reconstruction, de modernisation de notre pays, qui sans eux ne serait pas le même. Notre pays qui est aussi le leur.
La diversité humaine et culturelle est une chance, une richesse, Saint Exupéry l'a magnifiquement écrit: "Toi qui est différent de moi, loin de m'appauvrir tu m'enrichis". C'est aussi cela la République fraternelle, patriote et porteuse de valeurs universelles.
Faisons des jeunes des quartiers, de leurs parents nos frères, tendons leur fraternellement la main, la fraternité est la réponse à la demande de nos voisins invisibles relégués dans les quartiers. Continuons ensemble à enrichir notre histoire.