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Billet de blog 2 septembre 2025

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Minerve & les enveloppes rouge coquelicot

Une aventure poétique se tisse au fil des trains et des enveloppes rouge coquelicot, semées comme des signaux fragiles vers d’éventuelles Minerves. Trois réponses en quelques jours, entre hasard et destin, confortent l’élan d’une quête qui dépasse la rencontre : offrir espoir, rêve et utopie à travers l’art épistolaire

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Dimanche 16 février 2025

Pré-scriptum,
Dimanche 09 février 2025 en fin de journée, j’ai reçu un message sur Instagram d’une inconnue, d’une jeune inconnue. Elle avait trouvé une enveloppe rouge coquelicot dans un wagon de train en direction de la gare de Lyon Perrache.
Sa jeunesse lui accorde un avenir d’une exceptionnelle longueur. Elle est jolie, fougueuse, joueuse, insouciante de sa jeunesse, elle a follement raison…
Sera-t-elle la Minerve d’un jeune homme de son âge, je ne peux que le lui souhaiter. Lui proposer de la rencontrer serait indécent, aussi, je me suis tu.
Nous avons échangé quelques mots et lui ai indiqué l’adresse d’ATYPIKAL LIFE afin qu’elle puisse découvrir l’intégralité des autres Lettres à une Inconnue en version numérique. Trouvera-t-elle d’autres enveloppes rouge coquelicot lors de ses prochains voyages ? En recherchera-t-elle désormais dans des wagons de trains ? Comment savoir…
Aura-t-elle la curiosité de se rendre à l’un des rendez-vous d’un vendredi chez LEONIDAS, sinon un dimanche chez STARBUCKS ? Wait and see…
Cet évènement n’est pas sans conséquence, car il ne peut que me conforter dans l’idée de poursuivre mon entreprise de dispersion des enveloppes rouge coquelicot. Encore, toujours, sans interruption jusqu’à ce que je croise le regard d’une Minerve… Ensuite, il conviendra de poursuivre cette tâche pour disséminer de l’espoir, du rêve, des idées, faire croître la foi chez d’autres personnes, donner naissance à de futures Minerves.

Mardi 11 février 2025, alors dans le train du retour, que je lisais la dernière page de mon livre Colomba de Mérimée, mon attention fut attirée par un nouveau message reçu sur Instagram.
Non pas de la même jeune fille que dimanche soir, mais d’une autre personne qui ayant trouvé une nouvelle lettre a cheminé sur Internet pour tenter d’en trouver l’auteur.
La question fut sans ambages.
Bonjour j’ai trouvé votre lettre dans le train. Pouvez-vous m’éclairer sur votre but à travers ces écrits ?
J’avais, de prime abord, envisagé la composition d’un nouvel article numérique qui serait une réponse à cette question, car l’évidence qui m’est de mise ne l’est pas uniformément pour chacune des personnes trouvant une enveloppe rouge coquelicot, essaient d’en deviner l’auteur, la signification et dont l’idée première peut parfois leur échapper, puis m’est revenu à l’esprit que la lettre datée du 27 octobre offrait déjà une réponse à cette interrogation.
C’est donc vers cette missive que je lui ai proposé d’en suivre la trace afin de satisfaire à sa curiosité.
N’ayant eu réponse, j’en ai naturellement conclu qu’il n’y avait rien à en conclure et j’ai poursuivi mon voyage sur l’océan de la vie…

Jeudi 13 février, alors que je me trouvais dans le métro lyonnais, un nouveau message est arrivé, encore une fois sur Instagram.
Une nouvelle inconnue avait trouvé une autre lettre rouge coquelicot.
Voilà plusieurs semaines que j’ai débuté la diffusion de ces lettres dans les trains, sans qu’aucune réponse ne survînt, puis voilà que la curiosité, la chance, le hasard, mena trois personnes en quelques jours sur mes traces, sur mes pas, sur mon profil Instagram.
La première, une jeune fille, une seconde, un prénom féminin, mais non identifiable par l’absence de photographie permettant d’en savoir davantage et la troisième, une autre jeune fille.
Après avoir échangé quelques mots, je fus touché au cœur… Peut-être sera-t-elle inspirée pour mener un projet similaire, différent, s’en inspirer…
Aura-t-elle la curiosité de se rendre à l’un des rendez-vous d’un vendredi chez LEONIDAS, sinon un dimanche chez STARBUCKS ? Wait and see…
Fin du pré-scriptum.

Intermède
En ce mardi, peu après mon arrivée en gare de Villefranche-sur-Saône, j’ai effectué une halte dans une boulangerie de la rue Nationale, à quelques pas de la maison pour me rasséréner d’une longue journée comptable avec un pain aux noix, par ailleurs fameux. Après quelques amabilités de convenances échangées avec le boulanger, un homme charmant au demeurant, nous avons bavardé sur une particularité Française.
Le Français est râleur. Qu’il fasse chaud, froid, qu’il pleuve ou qu’il vente, le Français râle. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il lui arrive, le Français râle. Et il le fait savoir.
C’est ce que je nomme pour ma part « le chic Français ».
Un Français à l’étranger est toujours un râleur. Ainsi, il emporte avec toujours lui dans ses bagages, un petit bout de France.
Nous avons ainsi devisé, lui avec un souvenir de vacances et moi avec ma coutumière répartie… Et nous avons ri et partagé quelques minutes de bonheur futile avant que je ne m’éclipse pour laisser place au client suivant qui entrait dans la boutique…
Cet intermède, c’est cet art Français de la conversation.
Reprenons maintenant le déroulé de cette lettre telle que de coutume après un pré-scriptum, d’une exceptionnelle longueur et cet intermède dont je me devais de te le conter, en ce qu’il représente un petit supplément que tu aurais sans nul doute apprécié, voire aimé, si tu avais été présente.

Comme évoqué dans une lettre précédente, ces lettres dominicales sont désormais abordées de plus en plus tôt, et c’est donc ainsi que j’ai initié celle-ci et que je destine à une Inconnue, idéalement toi, afin d’être déposée dans un wagon de train en direction de Lyon ou d’ailleurs.
Nous en étions restés la semaine précédente sur la possibilité d’une éventuelle et improbable incarnation de Minerve qui pouvait avoir les cheveux courts et dont le regard me trouble toujours, tout en laissant une pensée persistante dans mon cerveau, mais également qu’il me faut compter sur le hasard pour la croiser de nouveau et l’aborder afin de donner naissance à d’autres possibilités, échecs ou affligeances.

En partant de l’hypothétique improbable éventualité où cette femme serait l’achèvement de l’utopie pour parvenir à la troisième voie sans que la certitude, à ce jour, soit complète, cela signifierait-il que la dispersion des enveloppes rouges coquelicots ait été inutile, sinon un risque majeur de ne pouvoir accéder à cette troisième voie en ce qu’une utopie ne se réalise que rarement et que ne pas tenir compte de signaux émis signifierait que cette quête n’est ni réelle ni sincère ? (La réponse se trouve dans le post-scriptum de cette lettre).

Une nouvelle interrogation dont le développement de la réponse va de nouveau ouvrir à de multiples questionnements à venir et dont je vais, dans cette Lettre à un Inconnue, tenter de répondre en commençant par celle-ci.

Dimanche 02 février, je notais ceci : Un navigateur accompagné d’une araignée du destin qui voyage sur l’océan de la vie, ne décide pas de sa destination, car cette dernière est aussi unique que multiple. Une halte dans un port, un îlot, une crique, à proximité d’un bras de mer n’est qu’une halte provisoire, une exploration minutieuse d’un signal quelconque. Uniquement un détour passager. C’est une île qui est la destination. Une terre particulière.

Me faut-il donc considérer ce regard troublant, comme un détour passager ? Il me semble que ce serait là pure folie, car il ne s’agit pas de répondre à une simple interrogation avant de poursuivre mon chemin, mais de résoudre une énigme en ce que Minerve en est la représentation, également ses reflets et ses imitations.
La dispersion des enveloppes rouges participe pleinement à cette quête, mais comporte également un signal afin que d’autres puissent envisager d’être dans une similarité afin de nourrir un espoir d’utopie, sinon débuter une aventure humaine, réveiller un fol espoir conservé en sommeil.

Ce regard troublant, lorsque je l’ai croisé pour la première fois, fut déstabilisant. Comment aurait-il pu en être autrement ? Puis, j’ai poursuivi mon voyage, me convaincant quelle était simplement jolie, magnifique, belle à couper le souffle sans davantage d’atouts et que je l’oublierai dès sa sortie de mon champ de vision, car ce genre-là, il y en a pléthore. Ce ne fut pas le cas ni lors du premier croisement, ni lors des suivants et c’est ainsi que je me suis résolu à faire demi-tour.
L’obnubilation est toujours la conséquence d’un retard qui aurait pu être aisément évité, mais ne dit-on pas que l’erreur est humaine.

Comme je le précisais dans une lettre précédente,
Le 09 janvier 2025, une véritable aventure humaine s’est mise en mouvement, que rien ne pourrait stopper. Jamais. Sauf peut-être la mort elle-même, mais ayant avec elle, conclu un accord, elle ne fera pas acte de présence inopinément.
Ce jour-là, je déposai pour la première fois, les deux premières enveloppes rouge coquelicot et je prévoyais quatre à six mois pour disperser les 115 premières lettres, sachant que chaque nouvelle semaine voyait cinq nouvelles enveloppes se rajouter.
Nous sommes le 16 février et voilà que je m’aperçois que je suis en train de prendre une avance considérable sur la deadline prévue originellement.
Le résultat de cette dissémination n’est, ni décevant ni à la hauteur de mes attentes, de mes espoirs, de mes rêves, car ce projet devient plus important qu’imaginé initialement avec la rencontre d’une Minerve.
Seulement trois messages après avoir déposé 90 enveloppes rouge coquelicot, cela pourrait être considéré comme un échec, mais il faut prendre en compte que ce n’est qu’un début d’une aventure humaine qui va s’étaler sur plusieurs années. Bien après avoir rencontré une Minerve au regard troublant, qui me fera trébucher maladroitement, me fera me perdre dans l’ordre de mes paroles, de mes mots…
Les voyages en train deviendront pour nombre de voyageurs, hommes et femmes de tous âges, une nouvelle surprise, peut-être un nouvel espoir que de trouver ici ou là, une enveloppe rouge coquelicot.
Il en est qui feront montre de curiosité en cherchant ATYPIKAL LIFE sur Internet et d’autres qui se contenteront de chercher les lettres pour les parcourir, peut-être les collectionner, d’en inspirer pour écrire à une personne chère à leur cœur, tandis que certaines enveloppes seront ignorées comme une feuille d’automne sur l’herbe.
Et peut-être qu’un vendredi, qu’un dimanche, je serai surpris par une femme tenant entre ses doigts, une enveloppe rouge coquelicot. Sinon me reconnaîtra-t-elle dans le train, sur un quai de gare.
Pour me surprendre en train de déposer, une enveloppe coquelicot dans un wagon, c’est impossible, car je veille toujours à la plus intime discrétion…

Concernant les lettres datées de la nouvelle année calendaire, elles commenceront à être disséminées à partir du mardi 25 février
Et bientôt viendra le moment où elles le seront la semaine suivante de leur scripturalisation en 25 exemplaires. Et ainsi de suite chaque semaine….

Post-scriptum,
Après avoir croisé hier, cette inconnue au regard troublant et convenu ensemble de prendre quelques minutes avant son départ afin d’échanger, voilà que sans crier gare, elle disparut. Nul regret, nulle déception à cet évanouissement. Le voyage sur l’océan de la vie peut reprendre son cours et cette femme au sourire et au regard troublant ne sera maintenant plus qu’une fausse Minerve, toujours magnifique et toujours aussi troublante pour d’autres, mais désormais sans davantage d’intérêt que celles que je croise régulièrement au gré de mes pas.
– Ce demi-tour en valait-il la peine, Capitaine ?
– Il le fallait, car je me devais d’en avoir le cœur net, quartier maître. Maintenant préparez l’équipage pour la reprise du voyage, ordonnez de hisser les voiles et battez pavillon !
– Capitaine, puis-je me permettre une dernière question ?
– Soit.
– Que se passera t’il lorsque, de nouveau, vos regards se croiseront ? Car elle semble vous avoir profondément troublé.
– Quartier maître, rassurez l’équipage et vous-même. Ce n’était qu’une halte provisoire, une exploration minutieuse d’un signal quelconque. Uniquement un bref demi-tour. Un trouble n’est jamais que passager et ce dernier n’est plus sur ce navire.

« De manière humoristique, mais tout à fait réelle cela signifie qu’elle m’a posé un lapin et que je me suis pris un râteau ».
Comme le disait, feu ma tante Jeanne : « Ben voui, ma pauve Lucette, si c’est pas désolant de lire un truc pareil ! »

Une lettre à une Inconnue ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.

Colomba
Prosper MERIMEE
Garnier-Flammarion
N⁰ d’édition 8140 – 4e trimestre 1964
Page 167
– Ainsi, vous partez bientôt, miss Lydia ? Je n’avais jamais pensé que vous dussiez prolonger votre séjour dans ce malheureux pays…, et pourtant…, depuis que vous êtes venu ici, je souffre cent fois plus en songeant qu’il faut vous dire adieu…. Je ne suis un pauvre lieutenant… sans avenir…, proscrit maintenant… Quel moment, miss Lydia, pour vous dire que je vous aime… mais c’est sans doute la seule fois que je pourrai vous le dire, et il me semble que je suis moins malheureux, maintenant que j’ai soulagé mon cœur.
Miss Lydia détourna la tête, comme si l’obscurité ne suffisait pas à cacher sa rougeur :
– Monsieur della Rebbia, dit-elle d’une voix tremblante, serais-je venue en ce lieu si… Et, tout en parlant, elle mettait dans la main d’Orso le talisman Égyptien.

Rendez-vous à Samarra
John O’HARA
Première parution : 1934 chez Harcourt Brace & Company sous le titre Appointement in Samarra
Edition de l’Olivier, 2019, pour la présente édition.
Fin de la page 158, début de la page 159
« Tu en as une façon marrante de passer Noël », lui dit-elle.
Et puis elle enchaîna : pourquoi il ne se rangeait pas ? Quel genre de vie est-ce qu’il menait ? N’était-il rien d’autre qu’un sbire ? Etait-il unique ? Est-ce qu’il savait ce qu’était un unisexué ? Eh bien! Elle le lui apprenait, c’est un « Mophrodite »… Et Al fut obligé d’avaler ça pendant deux heures. Sans qu’elle le laissât respirer, sauf quand elle se levait pour un tour de chant. Mais, vers dix ou onze heures, elle commença à devenir moins bravache. Elle en eut un peu assez de le démolir et changea d’attitude.
Elle portait une robe coupée de telle sorte qu’il pouvait voir son nombril, mais l’étoffe, de satin ou autre, moulait si bien le corps d’Helen, que , quand celle-ci se tenait droite , elle ne laissait voir qu’environ un tiers de chaque sein. Mais quand elle était assise de l’autre côté de la table, qu’elle se penchait en avant, les coudes sur la table et le menton dans les mains, sa robe se relâchait au point de laisser apercevoir le bout de ses seins à chaque mouvement. Elle remarqua son regard, il ne pouvait s’empêcher de regarder, elle sourit.

Dans l’hypothèse où tu serais également une lectrice assidue et une Minerve, il sera toujours envisageable de se rencontrer par hasard à une table de lecture.
Table de lecture : Leonidas Chocolates Cafés, 693 rue Nationale, Villefranche-sur-Saône
Vendredi 21 février 2025 : 16H30

Si tu as récupéré une enveloppe coquelicot, nous pourrons nous retrouver là où je t’attendrais désormais chaque Dominical Day avec un Caramel Macchiato Chantilly.
Table d’un Inconnu : Starbucks, 2 rue Victor Hugo, Lyon
Dimanche 23 février 2025 : 10H30 – 14H30

Nombre de lettres coquelicot déposées dans les trains depuis le 09 janvier 2025 : 90

Minerve & les enveloppes rouge coquelicot

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