Dimanche 30 mars 2025
Pré-scriptum,
Une nouvelle fois, je me dois d’user de cette particularité scripturale, d’un pré-scriptum en ce qu’hier, je me suis abandonné à une nouvelle acquisition d’une antiquité à la beauté sans nom… Une pièce absolument magnifique qui désormais trône, dans ma chambre, sur ma cheminée en face de mon lit.
Un buste en albâtre de Giuseppe Gambogi (1862-1938)
Une nouvelle sculpture dont je suis le dépositaire transitoire pour quelques dizaines d’années d’existence encore…
Notre rencontre à mesure qu’elle tarde sera toujours plus proche de l’opposition de ce que devient mon appartement de collectionneur d’art. Une idéale évidence de simplicité qui nous sera de mise lors d’un premier regard en contradiction absolue avec la pléthore de mon lieu de vie transformé en musée, galerie d’art, tabernacle regorgeant d’œuvres d’art toujours plus nombreuses et rares.
Fin du pré-scriptum.
Une Minerve pouvant également être de nature autistique, il me semblait naturel de lui adresser un message particulier en ce qu’elle aurait naturellement pu concevoir qu’une telle incarnation ne pouvait porter en elle une telle différence invisible au regard du monde.
Cette lettre, comme toutes les précédentes, s’adresse ainsi à une Inconnue, mais également à une autiste portant en elle les caractéristiques d’une Minerve et si ma plume numérique semble parfois d’une trop grande exigence et porte quelque excès de misanthropie, c’est par pure forme de centripétisme, duquel, d’ailleurs, je veille à ne pas m’écarter dangereusement, afin d’éviter un égarement trop grand qui fragiliserait mon élément primaire, ma particule élémentaire.
Cet entraînement, comme les précédents, se trouve être le dernier et, de nouveau, un indispensable exercice avant l’épreuve littéraire olympique scriptique à venir la semaine prochaine. Pas des plus simples à appréhender pour le commun des mortels, mais qu’importe, car ce n’est pas aux communs et à peine aux mortels qu’il est destiné, seulement à quelques mortelles ayant l’âge du monde, dont une Minerve, une autiste se trouve parmi ces quelques-unes.
Cette ultime préparation augure subrepticement ce qui adviendra lors du prochain Dominical Day en l’avènement d’une missive dont aucune Inconnue n’a jamais pu se prévaloir et dont il n’est d’auteur ayant pu imaginer scripter une approche aussi complexe de son intrinsèque condition, bien qu’incomplète.
Une œuvre de séduction, c’est également le plaisir de l’esprit, une cérébralité sans bornes, des frontières à jamais bannies pour se perdre aux confins de la psyché. Que ne serais-je, un fieffé coquin, si j’œuvrais uniquement par de plaisants mots afin de soutirer quelques admirations à de fausses Minerves ?
La scripturalisation d’une missive lors d’un Dominical Day, destinée à une Inconnue, implique de ne pas être dans la fausseté, seulement aussi proche que possible de son intrinsèque nature.
Ainsi, l’entraînement composé de trois séances se poursuit avec la dernière… Maintenant !
Si tu étais à l’est d’Éden, parfois à l’ouest de quelque part et souvent au sud de la raison, c’est au nord de la folie qu’il convient de te diriger désormais, car c’est précisément là qu’il convient d’être pour être à la bonne place quelque part dans l’univers bien que cette direction n’existe pas, tout comme la notion de temps qui lui est intrinsèquement dissociée et ne peut en être autrement, tandis que dans la conscience humaine, la folie est toujours associée, à minima, à l’extravagance, la paradoxalité, l’étrangeté, la bizarrerie et plus fréquemment à l’irréflexion, la déraison, l’iraisonnabilité, l’égarement de l’esprit, alors que pour les possesseurs de particule élémentaire, d’un élément primaire, comme le soulignait ma tante Jeanne, « La folie est le sublime de l’intelligence tandis que la raisonnabilité est le sublime de la normalité » et qu’il serait mortel pour chacun de nous de se laisser porter par le courant de l’humanité en ce qu’elle ignore sa destination et les conditions de son voyage préférant somnoler avec l’intégralité des psychotropes alimentaires à sa disposition en rejoignant les hordes de petits moutons prompts à croire le plus ignorant des professionnels de la politique spectacle, adeptes des coups d’éclats médiatiques pour exister auprès des troupeaux de baiseurs de pieds, sinon des influenceurs d’inculture dont l’unique souhait est de se brillantiner chaque matin le jouet avec plus de ferveur que la veille en observant le nombre de nouveaux likes et de suiveurs alors que des ouvrages des plus grands penseurs de l’humanité pourrissent dans les greniers, les caves et les décharges en raison qu’il est toujours plus agréable d’avaler, de se faire perfuser et de se faire infuser de la science et des connaissances sans le moindre effort masticatoire cerveaulesque afin de gloser troupalement avec d’autres terrassiens sur ce qu’il est de bon ton de débiter en copeaux en raison que la réflexion de l’esprit en sciure est plus facilement assimilable lorsqu’elle est transformée en farine de tapioca pour être délayée dans un liquide cérébral quelconque et tandis que toi et moi nous accorderons sur un profond désaccord, que tu te conforteras avec cette croyance qui se répand sans fin comme un réseau neuronal sans cesse alimenté et ne cesse sa progression qu’avec la disparition de son détenteur, alors que celle du monstre a toujours été défaillante et qu’il n’a jamais eu de cesse et pas davantage au XXIe siècle de s’en prendre aux asociaux, aux libres penseurs qui refusent l’inclusivité bienveillante proposée avec les quolibets, la menace d’ostracisation, et le bannissement dont chacun de nous n’en a cure en raison que nous sommes voués à voler trop près d’un soleil pour nous consumer avec un inextinguible bonheur et recommencer tous les jours comme au premier jour en observant l’inhumanité humaine dans sa normalité la plus absolue et être glacé d’effroi, terrifié à l’idée que l’on aurait pu naître dans cette communauté sans la conscience nécessaire pour se rendre compte qu’elle est le monstre cauchemardesque de nos terreurs infantiles les plus angoissantes que l’on puisse imaginer alors que notre imaginaire est toujours en développement perpétuel tout comme l’expansion de l’univers qui semble sans fin et que l’effondrement n’aura pas le temps de nous surprendre car instantané en raison qu’il sera commun des instants au sein de l’existence de chaque individu qui s’agrègent et s’entremêlent afin de former une excroissance temporelle dont la finalité est de parvenir à s’évader de la linéarité intrinsèque liée à l’existence humaine et que l’on nomme « Tous les matins du monde », le plus souvent vécu durant quelques millièmes de secondes dont rien ne peut laisser présager l’arrivée et dont il n’est possible ni de les retenir, ni de les revivre sous quelques formes que ce soit et pas davantage de s’en extraire pour observer ce soubresaut dans la courbure parfaite de la ligne du temps qui s’étire dans toutes les directions depuis la renaissance de notre univers et dont il est prévu qu’il implose de nouveau au terme de son expiration afin de revenir à son état initial avant d’exploser en un nouveau Big Bang et qui n’est rien que la conséquence d’une respiration cosmologique incomplètement préhensible cérébralement à l’échelle de l’humanité et pas davantage destiné à pouvoir être appréhendé sauf à vouloir observer à l’œil nu ce que les scientifiques ont appelé « La particule de Dieu » et qui n’est autre qu’une particule élémentaire directement issue de l’intervalle entre les mouvements de la respiration cosmique alors que pour l’élément primaire, c’est par la seule attentivité à ce dernier qu’il est possible de le percevoir cérébralement au-delà de la conscience lors d’un fugace instant originel de quelques millièmes de seconde avec la possibilité de l’étirer durant quelques secondes dès lors que l’on accepte de s’accorder avec lui, car il se précède lui-même d’une modification structurelle afin que de son imprévisibilité, puisse apparaître une atonie de la conscience pour laisser place à la naissance de tous les matins du monde et dont nous devrions sans cesse nous en saisir avec déférence tant il n’apparaît qu’en fréquence qu’exceptionnelle et dont la plus infime perturbation est toujours susceptible de le briser comme un fil de cristal semblable à un fil de vie ou de celui de l’aranéide qui veille avec une remarquable acuité afin de me prémunir des dangers de toutes interactions humaines non désirées afin que si la nécessité s’impose, je puisse mettre le cap à contre-courant tel les plis d’un oru kami fréquemment à contre sens de ce qu’ils paraissent au premier regard en raison que similairement semblable à nombre de misanthrope humaniste, j’ai une aversion naturelle pour « les gens » tandis que le genre humain que j’apprécie est une exception et c’est pour m’éviter une forme de heurtisme que je reste vigilant en opposition aux humains en relation couplatoire qui se contentent d’être assis l’un à côté de l’autre ou en face à face en restant chacun également vigilant, attentif et concentré, eux, sur leur écran de smartphone, en prenant soin de ne jamais s’adresser la parole, ni même d’échanger un regard, car trop occupés à se rendre compte que la solitude du couple est en cours d’installation durable et définitive et qu’un matin sera celui ou l’un deux se réveillera avec la sensation d’avoir gâché une partie de sa vie et que le temps de l’amertume et des reproches sera venu après avoir omis durant trop longtemps que la folie amoureuse, ce n’est pas fromage ET dessert au restaurant, mais des p’tits riens et des pas grands choses qui font la différence et que l’on associe toujours à une façon de s’aimer tous les jours comme au premier jour sans considérer que l’autre n’est qu’un acquis, une pièce de mobilier, un prisonnier volontaire alors que l’inattention est toujours une forme de claudication dans une relation couplatoire menant systématiquement au bord du gouffre, de l’abîme de la séparation et dans mon cas à une légère collision cérébrale qui provoquerait une inspiration autistique et en particulier vers la confirmation que la solitude naturellement heureuse agréablement vécue et toujours privilégiée n’est jamais autre chose que la conséquence du kaléidoscope de ce qu’est l’humanité dans sa diversité la moins reluisante, la plus vile, la plus ennuyeuse alors que l’intelligence, dont il en est qui se prévalent, ne se découvre pas comme une pièce de vingt centimes au fond d’une poche de manteau que l’on sort du placard au début de la saison froide en sirotant une vidéo youtubesque comme un mojito ou un amas de feuilles boisées livresque de développement personnel que l’on trouve par hasard au détour d’une étagère dans une librairie spécialisée dans le rétrécissement cérébral promu à grand renfort de publicités par des gourous qui en rêvent toujours des retours sur investissement en raison que pour berner un lambdasien, il suffit simplement de le brosser dans le sens du poil en lui décernant des titres honorifiques d’intelligences supérieures multiples dont leurs validités scientifiques est d’un niveau intégralement inverse à l’opposé du zéro mathématique et dans le meilleur des cas une arnaque naturellement pure dont les détracteurs seront voués au bûcher aux gémonies, mortifiés et placés au pilori en place publique en raison de leur incroyance, de leur impiété face aux nouveaux dogmes des sociétés communautaires qui imposent sans contradictions imaginables, des certitudes à chacun sans qu’il ne soit jamais nécessaire de se cultiver, d’apprendre, de s’instruire en bannissant tout esprit critique qui ne sera toujours ressenti que comme une injure publique et dont la vitupération sera toujours de bon aloi et qui pour ma part sera toujours interprété comme une forme d’ignorance tandis que, toujours, je poursuivrais mon développement cérébral en sélectionnant avec soin mes ouvrages en opposition au panurgisme parce qu’il n’est de bravoure et d’honneur à accepter de s’accorder une prétendue nouvelle conscience de soi de parce qu’elle serait une évolution vers des potentialités multiples avec des constructions phraséologiques bancales dont la matière principale est insoluble dans le liquide céphalo-rachidien des individus cérébralement constitué d’un organe permettant « théoriquement » le développement d’une pensée complexe qui en oublient systématiquement qu’une préparation d’un voyage sur l’océan de la vie, ça ne s’improvise pas comme le choix inconséquent d’une boîte de pâté et d’un paquet de chips accompagnés d’une bouteille de vinasse vinaigrée rosée, alors que my dream n’est que celui de rencontrer du cerveau autistique, du gros, du dodu, du galbé, du généreux, de l’époustouflant, le genre de cérébralité qui incite la personne qui le possède à te tancer en ce que tu as le regard concentré sur ses circonvolutions cérébrales généreuses plutôt que sur son regard et que tu passes pour un pervers cérébral exhibant un cerveau pleins de TSA tandis que chacun se concentre prioritairement sur ce qui l’intéresse le plus et que la norme du plus grand nombre aura imaginé une paire de boobs et que cette dernière sera toujours enfermée dans sa prison mentale, occupée à vider son cerveau plus rapidement qu’elle ne le remplit de manière encyclopédique avec n’importe quelle matière et prioritairement celle qui est insoluble alors qu’elle n’a pour moi, pas davantage d’intérêt que le manque de réflexion, d’analyse personnelle et d’esprit critique tout comme la diarrhée verbale ainsi que le verbiage scolaire servant à impressionner la plèbe qui me saoule grave alors que pour me saouler sans alcool, faut être fortiche, mais parce que je viens de t’emmener un peu trop loin vers un ailleurs dont tu n’avais prévu qu’il pouvait être aussi éloigné, je te propose de nous en retourner, non au sud, ni au nord, mais plus simplement là, où nous nous sommes croisés en tout premier lieu et parce que tout le temps que nous avons emprunté à Chronos pour parvenir à nous éviter en prenant chacun des décisions qui ne nous ont pas menés pas à nous croiser ont sensiblement augmentées les probabilités de rencontrer une autre personne qui nous fera prochainement oublier que l’on s’attendait mutuellement depuis tant d’années et que notre improbable rencontre devait se produire quelque part de par le monde et que cette même rencontre dont nous nous étions individuellement et mutuellement persuadé sans être convaincu en raison que nous ne serons jamais, ni l’un, ni vaincus sauf pour quelqu’un, bien que tant pis pour lui comme le proclamait Jean Dion et que nous finirons par oublier que l’un de nous sera peut-être toujours à la recherche de l’autre, tandis que nous serons désormais avec la personne qui avait également cette indéfectible croyance qu’une rencontre extraordinaire se produirait un jour et que nous étions destinés à nous rencontrer enfin avec cet idéalisme fou, dont seuls quelque rares autistes le possèdent, le cultivent générationnellement depuis l’aube de l’humanité en raison qu’il est contenu dans notre élément primaire, notre particule élémentaire et que l’on arrache qu’au prix d’un bannissement définitif au-delà du gouffre d’Hadès, par-delà la passerelle qui surplombe les abysses insondables de l’inconscience au sein de la société inhumainement humaine, bien que si tu ne saches pas ce qu’est cet élément primaire qui nous définit, cette particule élémentaire qui nous relie, c’est que l’un de nous se trouve, en cet instant et depuis toujours, à la mauvaise place quelque part dans l’univers et parce que ce n’est pas de moi dont il s’agit, il te revient d’occuper la place qui est la tienne avec cette idée fréquemment persistante que j’écris régulièrement de la dermite semblable à celle de Piero Manzoni en 1961 et parce qu’il est dans ma nature d’être joueur et de provoquer les évènements et en particulier celui qui a trait à la grande faucheuse en prenant les devants car j’ai prévu et acté son arrivée depuis fort longtemps déjà de par un tatouage officiel que je porte sur le cou et juste avant que nous prenions le temps de partir ensemble, je l’inviterai à nous accorder mutuellement celui nécessaire à une longue conversation sur le sens de la vie, les conséquences qui l’ont mené à devoir être la messagère intransigeante entre nos deux mondes, sur ce que j’aurais dû exprimer aux personnes que j’ai aimé, que j’ai honnis, que je ne devais pas croiser de par mon intransigeance démesurée, qui ont traversé mon existence, sur ses remords et ses regrets si tant est qu’elle en porte sur ses frêles épaules osseuses et à l’instant des dernières secondes de mon existence et de voyager ensemble, je prétexterai avant de rejoindre ma dernière demeure, un mot d’adieu à écrire tout en la questionnant sur le sens de la mort afin de détourner son attention, afin que lorsqu’elle s’apprêtera à me répondre je me saisirai de cette ultime fraction de seconde pour mourir sans qu’elle ne s’en aperçoive, non par bravade, mais plus simplement par un désir de liberté assumé jusqu’au terme de mon existence humaine et parce que la mort ne s’en retourne jamais seule, je prendrai le temps de l’attendre sur le chemin du retour qu’elle emprunte pour chaque voyage et je lui tendrai la main afin que je ne puisse me perdre et que sa tâche puisse s’accomplir sereinement bien qu’il reste à chacun de nous trois, nombre de voyages à accomplir dont certains sur l’océan de la vie pour moi, pour toi, je te le souhaite et si tel devait être le cas, nous rencontrer peut-être, sinon l’envisager seulement avant de renoncer, puis de changer d’avis pour de multiples raisons, mais sans que jamais l’hésitation n’en fasse partie en ce qu’elle est fatale et que cela ne ferait que rajouter du temps à l’éternité qui est bien longue.
Pré-post-scriptum,
Un pré-scriptum est toujours placé avant la première phrase, mais nous sommes ici dans un cas particulier et devant être lu après celle-ci, il se devait de prendre place à sa suite, mais avant le post-scriptum. Ainsi, est-il composé d’une lettre de ma tante Jeanne daté du 12 janvier 1978.
Avertissement : ma tante étant un personnage naturellement irrévérencieux, elle faisait fi des conventions et s’adressait à chacun (moi compris) avec une liberté de ton à même de défriser les porteurs de calvitie chauvinale.
Mon Nicolas,
Si la plupart des humains se contente de vivre des histoires plus ou moins amoureuses avec des personnes qu’ils rencontrent çà et là sans vraiment faire d’efforts et sans attente particulière afin de ne pas être trop exigeant pour ne pas rester seuls, pour ma part, je suis exigeante dans mes rencontres et mes histoires d’amour ont toujours été passionnantes à vivre et loin de moi l’idée d’envisager de changer de mode de vie.
Pourquoi diable, me lancerai-je dans une relation si je ne suis pas transporté dans un autre univers à chaque regard !
Je suis une absolutiste et c’est ainsi !
Je suis de celles et ceux qui entretiennent leur folie cérébrale et qui la développent perpétuellement. Parfois sur pellicule, sur du papier avec un crayon ou sur les murs de la ville ou de n’importe quelle façon juste pour rassurer toutes celles et ceux qui ont choisi la normalité quotidienne, qu’être raisonnable, c’est quand même bien rassurant même si c’est très chiant à vivre. Ces mêmes gens raisonnables qui, jamais ne supportent la solitude et toujours prêts, pour la rompre à tout prix, à s’acoquiner avec n’importe quel autre humain, fût-ce pour une relation ennuyeuse à tous égards, superficielle ou toxique. Peu importe la grisaille d’un quotidien dépourvu de toute couleur, de p’tits bonheurs composant un idéal.
Et pour bon nombre d’entre eux, ils ne se réveilleront, non pas au bord de la falaise, mais au cours de l’inévitable chute en direction des p’tits galets tout doux et tout mignons qui servent habituellement à faire des ricochets sur l’eau. Ainsi, ils ne verront pas le gouffre insondable de leur participation au devenir de l’humanité, mais seulement la possibilité de ricocher une dernière fois sur ces p’tits cailloux tout doux et tout mignons.
Moi, raisonnable ? Jamais ! Que Dieu m’en garde, s’il existe ! Plutôt crever immédiatement de mort lente et précipitée dans un abysse sans fond, tapissé de la plus abominable normalité humaine !
La raisonnabilité, c’est la nourriture des gens malheureux de naissance qui passent leur vie à la chercher et qui veulent vivre le plus longtemps possible avec des couches pour adultes pleines de nourriture liquide digérée dans des maisons de retraite.
Toi aussi, Cher Neveu, tu feras un jour partie des séniors et alors, tu auras à effectuer un choix entre ta liberté et chier dans des couches.
Post-scriptum,
Dans le monde de la normalité du plus grand nombre, ma vie ressemble à un jeu d’échecs. Je connais les règles, mais je suis incapable de jouer une partie et le résultat est que je passe fréquemment pour un niaiseux et un ignare incapable de discourir.
Dans mon monde et pour le dire avec une certaine causticité, « les gens » ont la fâcheuse habitude de chier leur cerveau dans leur culotte dès que je leur propose la lecture d’une phrase comportant plus de mots qu’ils n’en utilisent pour expliquer ce qu’est leur haut potentiel intellectuel.
Ai-je hérité de la misanthropie, de la folie de ma tante Jeanne, voire davantage ? Va savoir…
De son goût pour l’art, ce n’est pas une certitude, seulement la réalité au sein de laquelle je vis quotidiennement à l’exception du chien en porcelaine qui trônait sur son téléviseur, mais ça, c’est une autre histoire tout comme celle qui consiste à me faire passer pour un teubétologue dans tous les domaines pour avoir la paix à défaut de l’avoir dans le monde.
Parce qu’une précision n’est jamais superflue, si tu es, comme précédemment, dans l’obligation de faire appel à ChatGPT pour transformer la première phrase en farine de tapioca afin de la délayer dans ton liquide céphalo-rachidien pour en saisir toutes les subtilités alors que je l’ai écourté de manière très importante, il est à envisager que tu es nécessairement à la mauvaise place dans la salle de cinéma qu’est l’univers et que ce que tu perçois est certainement la conséquence de connexions neuronales trop nombreuses en un endroit alors qu’elles devraient être semblables à un réseau mycorhizien parfaitement étendu.
Fin de la troisième et dernière séance d’entrainement en attendant l’épreuve littéraire olympique, la semaine prochaine.
Rien de nouvellement excessivement exigeant pour une Minerve.
Pour toutes les autres, il existe encore et toujours des magazines people dont le niveau de compréhension est, paraît-il, encore et toujours aisément accessible.
Une lettre à une Inconnue ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.
La mort à Venise suivi de Tristan suivi de Le chemin du cimetière
Thomas MANN
Le livre de poche
Imprimé en France par BRODARD et TAUPIN
ISBN : 2 – 253 – 00645 – 9
Lu et déposé dans un wagon de train le 24 mars 2025
La mort à Venise
Page 130
Quelques minutes s’écoulèrent avant que l’on accourût au secours du poète dont le corps s’était affaissé sur le bord de la chaise. On le monta dans sa chambre.
Et le jour même la nouvelle de sa mort se répandit pat le monde où elle fut accueillie avec une religieuse émotion.
Tristan
Page 171
Je ne vous dirais pas que je voue méprise. Je ne le puis pas, et je suis sincère. Vous êtes le plus fort. Dans ce combat, je ne puis vous opposer que les nobles armes et les instruments de la vengeance des faibles : l’esprit et la parole.
« Aujourd’hui, je m’en suis servi, car cette lettre – ici je suis sincère encore, monsieur, – n’est pas un acte de vengeance. Ce ne sont que des mots tranchants, étincelants et suffisamment bons pour vous atteindre, pour vous faire sentir une force étrangère, pour ébranler un instant votre robuste tranquillité : je triompherai.
Le chemin du cimetière
Page 183
Un jeune homme était en selle, un touriste insouciant. Mon Dieu ! Il n’avait nullement la prétention d’être mis au rang des grands et des puissants de la terre. Il montait une machine de qualité médiocre, peu importe la marque, une machine de deux cents marks, fabriquée à la diable; et il était parti là-dessus pour faire un tour à la campagne, droit au sortir de la ville, et il faisait jouer ses pédales étincelantes à travers la libre nature de Dieu, hourra !
La jeune fille à la perle
Tracy CHEVALIER
Folio
Dépôt légal 2002
Page 200
« Pourquoi, demanda-t-elle, n’avez-vous jamais fait mon portrait ? »
Tandis qu’ils se dévisageaient, je remarquai qu’elle était plus grande que lui et, d’une certaine façon, plus robuste.
« Les enfants et vous n’appartenez pas à ce monde, dit-il. Vous n’êtes pas censés y appartenir.
– Et elle, elle y appartient ? » cria Catharina d’un ton perçant, en agitant la tête dans ma direction.
Il ne répondit pas. J’aurais souhaité que Maria Thins, Cornelia et moi fussions dans la salle de la Crucifixion ou au marché. Il s’agissait là d’une de ses affaires entre un homme et son épouse, et ne regardant qu’eux seuls.
« Et avec mes boucles d’oreilles ? »
Lu et déposé dans un wagon de train le 25 mars 2025
Johannes Vermeer, c’est le peintre. Un peintre Hollandais du XVIIe siècle.
La jeune fille à la perle, c’est Griet, une servante. Uniquement dans l’œuvre de fiction de Tracy CHEVALIER.
Le tableau est exposé au Musée Mauritshuis à La Haye, aux Pays-Bas.
L’époux impatient
Grazia LIVI
Actes Sud
Dépôt légal : juin 2010
Page 146
J’ai reçu une lettre de Strachov… Il y a des gens qui ont une seule porte : on entre tout de suite et directement dans la chambre privée. Il y en a d’autres qui ont une quantité de portes : grandes, petites, grandes ouvertes, fermées, et puis des vestibules, des escaliers souterrains et des couloirs compliqués. Strachov est de ceux-là. En lui, il y a une multitude de couloirs : c’est peut-être pour ça qu’il parle toujours de choses en général et qu’il essaie d’être objectif. Je lui ai dit que c’est une duperie, la duperie de la décence. L’objectivité est la décence nécessaire aux gens, une espèce de vêtement. Mais est-ce une bonne attitude ? Toutes ces classifications, ces raisonnements… non, non mon aimée. Rien ne peut être comparé à la recherche ardente et passionnée du vrais sens : le sens de sa propre vie. Qui sait si je réussirai.
Lu et déposé dans un wagon de train le 27 mars 2025
Le diable est dans les détails
Marc DURIN-VALOIS
Le livre de poche
ISBN : 2-253-10863-4
Page 163 et 164
– Dites-moi mon père, on joue les messes ici, n’est-ce pas ? reprit-elle dans sa direction.
– On les dit plutôt. Dans une petite chapelle à l’intérieur de l’hôpital.
Alexandra observa que ce serait pratique. Quelle lui commandait une messe… Disons pour la fin de la semaine.
– Pour qui ?
– Pour moi.
En homme qui ne s’étonne plus de grand-chose, il acquiesça. Puis reprit le chemin de la porte.
– Restez là encore deux secondes. On ne m’avait pas prévenue que vous étiez si vieux. Quels sacrements sont prévus dans ma situation ?
– Tout dépend de votre foi, de votre volonté.
– Quelle dérision. Vos églises sont désertes. On dirait les moignons du passé, plantés sur les collines et au milieu des villages. Fermées, cadenassées. Et vous seriez encore les grands ordonnateurs des départs ?
– Il y en vous une vraie colère, lui dit le père Alban, le regard brusquement intéressé, comme avait dû être le mien lors de ma première rencontre avec Alexandra.
– Je vous dois d’avoir vécu sans croyance, toute ma vie comme amputée de quelque chose. Il n’y a pas pire religion que celle qui reste muette. Des petits rites poussiéreux, des espaces glacés, des prières comme des musiques vides, sans notes : c’est tout ce que l’on m’aura proposé. J’ai une colère contre votre église monsieur, vous n’avez pas idée. D’ailleurs la profession est sinistrée. Aujourd’hui, c’est la banqueroute, la faillite, la clientèle prend la fuite. Venir me proposer vos services, c’est une douce rigolade.
Lu et déposé dans un wagon de train le 28 mars 2025
La promesse de l’aube
Romain GARY
Folio
Impression Bussière à Saint Saint-Amand (Cher) le 28 janvier 1986.
Page 132
Il est temps, d’ailleurs, de dire la vérité sur l’affaire Faust. Tout le monde a menti effrontément là-dessus, Goethe plus que les autres, avec le plus de génie, pour camoufler l’affaire et cacher la dure réalité. Là encore, je ne devrais sans doute pas le dire, car s’il y a une chose que je n’aime pas faire, c’est bien enlever leur espoir aux hommes. Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n’est pas qu’il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y a pas de diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur. Personne ne viendra vous aider à saisir la dernière balle, quel que soit le prix que vous y mettiez.
Une lettre à une Inconnue ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.
Le point commun entre les épicuriens, les hédonistes, les carpe diemistes et les épicuriens hédonistement carpe diemistes est qu’aucun d’eux ne connaît la philosophie d’Epicure, d’Aristippe de Cyrène, ni le poème d’Horace.
Si tu as récupéré une enveloppe coquelicot, nous pourrons nous retrouver là où je t’attendrais désormais chaque Dominical Day avec un Caramel Macchiato Chantilly.
Table d’un Inconnu : Starbucks, 2 rue Victor Hugo, Lyon
Dimanche 06 avril 2025 : 10H30 – 14H30
Également disponible sur un banc de lecture : Place des Arts, Villefranche-sur-Saône entre 16H30 et 18H30. (Sauf en cas d’averse ou de températures inférieure à 15°)
Lundi 07 avril 2025 – Mercredi 09 avril 2025 – Vendredi 11 avril 2025
Les lettres à une Inconnue évoluent également vers une rencontre mensuelle autour d’un Drunch végétarien sur le principe de l’auberge espagnole en une galerie d’art privée au sein de mon lieu de vie, au cœur du centre-ville de Villefranche-sur-Saône (Coordonnées disponibles sur simple demande)
Dès lors que nous nous serons rencontrés une première fois en l’un des lieux ci-dessus et aurons pris le temps d’une conversation, une place te sera réservée chaque mois.
Samedi 03 mai 2025 – 18H30
Nombre de lettres coquelicot disséminées depuis le 09 janvier 2025 : 250