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Billet de blog 11 septembre 2025

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Une folle boussole

La boussole folle qui perd son Nord marque une transition : le voyage ne s’achève pas mais se transforme. Sur le chemin de l’île de l’Arbre de vie, surgit la figure de l’enfant de la guerre, incarnation mythique et implacable de la mémoire des conflits humains. Entre ruines, silence et persistance, il porte seul l’ombre de l’Histoire et la tâche impossible de témoigner sans fin.

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Dimanche 25 mai 2025

La semaine précédente, la lettre dominicale se terminait au milieu de quelque part, avec une folle boussole qui, désormais, n’indiquait plus la direction à suivre en raison que l’incarnation de Minerve était présente. Est-ce à dire que le voyage est arrivé à son terme, qu’une direction ne sera plus qu’une impossibilité à saisir ? Évidement que non, car le voyage va se poursuivre et la boussole, si indispensable fut-elle par le passé, ne sera pas remisé dans une armoire, mais améliorée afin de permettre de découvrir des directions qui, auparavant, étaient dissimulée. Mais c’est là un sujet de développement trop long à effectuer ce jour, aussi, peut-être reviendrai-je dessus plus tard… Ou pas.
En ce jour, je te propose de reprendre le chemin vers l’île de l’Arbre de vie que nous avons entrepris le 13 avril de cette année après avoir terminé l’épreuve littéraire olympique. Un nouveau récit d’un enfant sauvage. Pas le plus plaisant, mais son récit, sa légende sont indispensables pour comprendre le dernier récit à venir plus tard… Cette histoire n’est qu’un futur probable, sinon une anticipation de ce qui est déjà prévu…

L’enfant de la guerre

Dans les sombres méandres éternels de l’Histoire de l’humanité, perdure une légende aussi ancienne que la conscience humaine elle-même. Celle de l’enfant de la guerre. Né des affrontements perpétuels que sa sœur attisait, semblables aux flammes d’un furieux incendie, il arpenterait un jour prochain, les territoires en témoin muet, toujours silencieux, constatant les conséquences des derniers ravages des batailles meurtrières du genre humain que ce dernier ne pouvait empêcher de par sa nature intrinsèquement belliqueuse. Chacun de ses pas résonnerait toujours dans les rues désertées des villes dévastées, aux cieux embrasés et aux fleuves ensanglantés par la colère et les morts comme un écho de désespoir vécu sur les champs de bataille jonchés de débris et de cadavres, chacune de ses respirations serait teintée de la fureur des sanglants combats colorés de la plus infâme brutalité sanguinaire. De sa frêle silhouette et de son jeune âge apparent, de son regard aussi vide que celui d’un combattant ayant survécu à d’innombrables carnages humains, il contemplerait le chaos, la douleur et la destruction avec une implacable lucidité, avec une inébranlable obstination, déterminé à ce que cette spirale de violence, jamais ne cesse jusqu’à son terme. De ses larmes, de ses yeux empreints d’un abandon absolu, brillerait une lueur de persévérance afin d’annihiler les dernières traces de vie humaine, à étouffer cette flamme terrible de la guerre qui consumait toute vie sur son passage. Avançant sans relâche vers son destin, lesté du fardeau de la mémoire du monde reposant sur ses épaules, ces sanglots ne seraient jamais ceux du ressentiment des veuves et des orphelins, victimes de la perte d’êtres chers. Les cris qui proviendraient de son âme ne seraient pas davantage ceux des soldats tombés au combat, malgré l’atroce douleur qui résiderait en elle. En lui seul, demeurerait l’espoir inébranlable d’un avenir délivré des ravages de la guerre, de la violence, de l’humanité elle-même alors qu’il prolongerait toutes ces souffrances de sa seule présence.
Telle une figure mythique surgie des légendes oubliées dans l’esprit des Hommes, l’enfant de la guerre porterait sur ses épaules le poids de multiples siècles de conflits précédents et encore à venir. Dans son sillage, serpenteraient la désolation et la mort, telles des compagnes amoureuses, des ombres implacables recouvrant les paupières et les âmes d’une humanité qui ne saurait que mourir, plutôt que d’avoir souhaité apprendre à vivre. Il ne serait ni héros, ni victime, uniquement l’incarnation même de son ancestral élément primaire, de sa particule élémentaire. Inconnu de quiconque, chacun aurait conscience de sa présence, de sa proximité, tant l’odeur de la mort emplirait l’atmosphère et le cœur des hommes à son approche, à son passage. Inlassablement, il poursuivrait son périple, emmuré vivant dans sa forteresse de solitude, à travers les ravages dont seul l’humanité est capable avec aisance et grâce, s’arrêtant parfois devant les murs délabrés de bâtiments en ruine, où les épigraphes témoigneraient des espoirs déchus et des rêves brisés. Là, il écouterait le murmure des vents, porteurs mutiques des dernières lamentations des victimes expiatoires de leur seule naissance, et laisserait une trace de son passage — unique message silencieux, ultime refus d’une rédemption désormais impossible, car il ne serait plus temps d’accorder à quiconque la possibilité d’une dernière lumière, pas même d’une brève étincelle d’un espoir déraisonnable, fut-ce-t-il éphémère.
À la mesure de son âge, les vestiges du passé s’érigeraient en témoins muets de sa quête. Les étoiles, traversant les nuages lourds de poussière, offriraient un dernier spectacle lumineux dans une obscurité éternellement silencieuse pour lui et pour quiconque. Chaque instant ne serait qu’un affrontement perdu d’avance pour tous, une victoire amère pour lui. Chaque souffle, une bataille contre la résignation, mais perdue avant même de commencer. L’enfant de la guerre persisterait ainsi, inlassablement, portant sur ses épaules la charge d’une humanité déchue qui, trop longtemps, avait survécu à ses propres terreurs, à une survivance inutile. Se souvenant, par fragments épars, des échos d’un monde avant sa chute, des chants, des rires, des couleurs d’un printemps qui n’existerait plus désormais que dans les souvenirs, d’une terre fertile et vibrante où la vie aurait pu s’épanouir sans entrave, cette image, désormais, se dissiperait dans les flammes et la fumée noire, balayée par le souffle cruel des armes et des arsenaux. Des souvenirs, plongés dans l’obscurité la plus noire, d’une ancre maintenue au fond de l’abîme des abysses du gouffre d’Hadès. Chaque visage qu’il croiserait dans ses errances semblerait toujours porter les stigmates de la dévastation, la matérialisation de ses cicatrices, la voix muette de ses milliards de victimes avant de les savoir éteints dans une mort paisible. Il serait l’incarnation même de l’holocauste planétaire, de l’éradication même de cette transgression que la nature avait permise.
Lorsque la nuit se ferait jour en s’embrasant d’étoiles, il écouterait le silence s’étirer, palpable, physiquement présent. Il rêverait parfois d’un monde apaisé, où l’humanité aurait cessé de se déchirer voire même d’exister dans sa plus pure expression, où la terre serait enfin libre de ses entraves afin que la machinerie céleste puisse relancer l’évolution avec une meilleure version de sa précédente création. Aux premières lueurs de l’aube, il reprendrait sa danse macabre, encore, toujours, sans relâche. Il poursuivrait sa tâche. Non par espoir naïf, mais par obligation, par devoir parce qu’il est dans la nature des enfants sauvages d’être fidèle à leur nature. Par une viscérale nécessité de témoigner auprès de l’humanité, de rappeler aux quelques vivants précaires qu’ils ne pourraient oublier, qu’ils ne devraient jamais oublier, que la guerre n’était pas un événement abstrait, mais une plaie béante inscrite dans leur chair depuis leurs origines, qu’il n’aurait pu en être autrement, qu’une issue différente n’était qu’utopie. Son ombre glisserait sur les murs fissurés des cités en ruines, s’étirant à l’infini sous les lumières vacillantes de quelques espoirs et semblerait parfois, hurler, sans que nul timbre de voix ne franchisse ses lèvres muettes, tant il était également le porteur du silence de ceux qui expireraient un dernier souffle, tandis que l’oppressante monotonie de son labeur ramenant avec lui la même douleur sourde et familière le nourrirait de la mémoire collective humaine baignée dans sa déchéance. Gardien silencieux de rêves anéantis dont aucun ne tomberait dans l’oubli, il recueillerait avec une révérence presque sacrée, chacun d’eux comme autant de vestiges, des reliques d’un passé dévoré par ce que l’humanité avait élevé au rang d’art depuis les premières lueurs de l’aube de son apparition et dont il n’était que l’unique représentant.
De son innocente apparence d’enfant, il était la guerre dans son intrinsèque représentation. Pure, mortelle, implacable, impartiale, sans faveurs, sans regrets. Un conflit ne choisit pas ses victimes, il s’en saisit, simplement. L’enfant de la guerre n’était autre que cette représentation théâtrale de la nature humaine incarnée dans un être unique. Incarné par son élément primaire, sa particule élémentaire.

Une lettre à Petruška ne devant plus se refermer sans le passage de mes livres lus au cours de la semaine.

L’Amant de la Chine du Nord
Marguerite DURAS
Édition Folio
Dépôt légal : avril 2014
Page 226
Et puis voici l’air à la mode, cette Valse Désespérée de la rue. Toujours des musiques de départ, nostalgiques et lentes pour bercer la douleur de la séparation.
Alors même ceux qui sont seuls, qui n’accompagnent personne, partagent l’étrange tragédie de « quitter », de « laisser » pour toujours, d’avoir trahi la destinée qu’ils découvrent être la leur au moment de la perdre, et qu’ils ont trahie de même, eux seuls.
Lu et déposé dans un wagon de train le 22 mai 2025

La femme à abattre
James EASTWOOD
Edition Le livre de poche
Dépot légal n°3806, 3e trimestre 1964
Dernier passage de la dernière page 256
« Ça y est Miss Veto, vous pouvez sortir. Nous avons rendez-vous tous les deux, au tribunal. Je veux voir s’effacer le sourire de Mendoza sous le regard des grand yeux bleus! « 

Ce livre, je ne le déposerai pas dans un wagon de train, il rejoindra une sélection de livres que je conserverai précieusement dans le tiroir de mon bureau des année 50, en haut à gauche…
C’est un roman policier américain écrit en 1957. Quelques personnages, une histoire simple, mais percutante commun coup de poing d’un acteur américain dans un film lorsqu’il rosse un bandit.
Simple, mais efficace.

Lieutenant de Marine
Cecil Scott FORESTER
Edition Pocket
Dépôt légal août 1991
En cours de lecture et sans extrait à partager ce jour.

Une lettre à Petruška ne devant plus se refermer sans une citation personnelle qui vaut parfois mille mots.

Je suis parfois con (souvent diront certains), parfois sensuel diront certaines, mais jamais les deux en même temps.

Une folle boussole

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